Deux jours après les violences qui ont endeuillé le Capitole et ébranlé l’Amérique, Donald Trump se trouve ce vendredi totalement isolé. Les démissions pleuvent et il se trouve désormais privé de son canal de communication favori, Twitter, de façon permanente.
S’il a maintenant reconnu qu’une nouvelle administration prendrait le relais le 20 janvier, il a d’ores et déjà déclaré qu’il n’assisterait pas à l’inauguration de Joe Biden. Il prévoit pour l’heure de quitter Washington le 19 janvier.
Douze jours seulement avant la fin de son mandat, le mystère demeure entier sur la façon dont il va quitter la Maison Blanche. Sera-t-il écarté du pouvoir ? Va-t-il démissionner ? Se faire discret ou s’affranchir de toutes les conventions ? Les cinq scénarios possibles.
1) Donald Trump démis de ses fonctions ?
Démocrates, éditorialistes et même quelques voix républicaines veulent démettre immédiatement Donald Trump, un comble pour celui qui, en tant que présentateur de télé-réalité, se plaisait à lancer aux candidats : « Vous êtes viré ! »
Ils pressent le vice-président Mike Pence d’activer le 25e amendement de la Constitution, qui permet de mettre à l’écart un président jugé « inapte » à exercer ses fonctions.
Le loyal Mike Pence n’y est toutefois pas favorable, selon les médias américains.
Pour agir, il lui faudrait en outre avoir le soutien d’une majorité des membres du gouvernement, ce qui paraît impossible, surtout après le départ de deux ministres troublées par les violences de mercredi.
2) Une nouvelle procédure en destitution ?
Trump entamera sa dernière semaine complète en tant que président face à une première historique : il pourrait être le premier président à être destitué deux fois. Une mise en accusation pour « incitation à l’insurrection » pourrait être introduite à la Chambre des représentants dès lundi, selon les médias.
Pour destituer Donald Trump, il faudrait ensuite qu’il soit jugé coupable par les deux tiers du Sénat, ce qui n’a aucune chance de se produire avant la prestation de serment de Joe Biden, le 20 janvier.
Reste qu’un second « impeachment », après l’échec d’un procès en destitution début 2020, laisserait une marque indélébile sur son bilan : aucun président américain n’a subi cette infamie.
Avec cette procédure, les parlementaires démocrates espèrent « rendre Donald Trump inéligible pour qu’il ne soit pas là en 2024 », a expliqué vendredi sur franceinfo Jean-Eric Branaa, spécialiste des États-Unis, maître de conférences à l’université Assas-Paris II.
3) Donald Trump démissionne
Le Wall Street Journal, propriété du magnat Rupert Murdoch qui fut un allié de Donald Trump, l’a appelé à « assumer sa responsabilité personnelle et à démissionner ». « C’est mieux pour tout le monde, y compris lui-même, s’il s’en va tranquillement », ont écrit ses éditorialistes.
« Je veux qu’il démissionne. Je veux le voir partir. Il a causé assez de dégâts », a renchéri la sénatrice républicaine Lisa Murkowski, une modérée, dans un entretien au journal Anchorage Daily News. « C’est la chose à faire, mais je ne suis pas sûre qu’il soit capable de faire une bonne chose », a-t-elle ajouté.
Malgré son changement de ton jeudi, le président n’a pas fait le lien entre ses appels enflammés à ses partisans et leur coup de force sur le siège du Congrès. Peu enclin à l’autocritique, il serait en effet surprenant qu’il suive ces conseils.
4) La fuite vers la Floride ?
Ceux qu’il écoute encore « devraient dire au président Trump de quitter la ville : prenez Air Force One, allez à Mar-a-Lago et restez-y », a estimé sur NPR l’ex ministre à la Sécurité intérieure de Barack Obama, Jeh Johnson.
« Moins le président en fera pendant les douze prochains jours, mieux ce sera », a également estimé le sénateur républicain Ben Sasse sur les ondes de cette radio.
Féru de golf, Donald Trump possède de nombreuses propriétés en Floride, en Virginie, mais aussi en Écosse, où il a déjà passé beaucoup de temps pendant sa présidence. Il pourrait s’y rendre à nouveau. Le président sortant est par ailleurs privé depuis vendredi de sa deuxième occupation préférée : tweeter. La plateforme a annoncé suspendre son compte de façon permanente.
5) Rester jusqu’au bout pour solidifier sa base électorale
Donald Trump qui, avant ces événements, avait évoqué une nouvelle candidature à la présidence en 2024, n’a peut-être pas renoncé. Il pourrait alors être tenté d’utiliser les derniers jours de son mandat pour solidifier sa base électorale.
Malgré ses promesses d’assurer une transition « sans accrocs », il a fait savoir qu’il n’assisterait pas à la cérémonie d’investiture de son successeur, du jamais vu depuis 1869.
Selon les médias, il prépare une visite la semaine prochaine à la frontière sud pour vanter sa fermeté en matière de politique migratoire. Il envisagerait aussi de donner une interview de fin de mandat ce qui, sans script, pourrait faire rejaillir ses habituelles diatribes et théories du complot.
Selon plusieurs médias, il s’est également renseigné ces dernières semaines auprès de ses conseillers sur la possibilité de s’accorder lui-même une grâce présidentielle.