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La présence de mercenaires russes au Mali risque de mettre fin à l’engagement des forces spéciales européennes

Réunis à Brest le 13 janvier 2022, les ministres européens de la Défense et des Affaires étrangères ont cherché la réponse à l’arrivée de mercenaires du groupe Wagner au Mali.

 

Alors que la présence de 300 à 400 mercenaires russes du groupe Wagner au Mali a été confirmée par plusieurs diplomates, les Européens présents dans la région, notamment à travers la force Tabuka, ont exprimé leur inquiétude lors d’un sommet informel des ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l’Union européenne à Brest, le 13 janvier 2022.

Sanctions financières contre la junte

D’autant que la junte militaire malienne issue du coup d’Etat de mai 2021 ne prévoit plus d’élections en 2022 comme elle s’y était engagée, mais projette une transition qui pourrait durer cinq ans. Inacceptable pour ses voisins de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui ont décidé d’isoler financièrement  le Mali.

Inacceptable également pour les Européens qui reprochent au président autoproclamé d’avoir franchi une ligne rouge en faisant appel aux services des mercenaires du groupe russe Wagner. Réunis à Brest le 13 janvier 2022, les ministres européens de la Défense ont cherché une riposte à ce qui apparaît de plus en plus comme un changement d’alliance du Mali en faveur de la Russie.

Dans un communiqué montrant l’embarras des Européens, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a déclaré que “l’UE souhaite poursuivre ses missions militaires de formation au Mali mais pas à n’importe quel prix”. Et d’ajouter : “Pour l’instant, nos missions de formation et de conseil aux forces armées et de sécurité intérieures maliennes vont continuer” par le biais de la Mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM), “mais on a déjà suspendu l’aide budgétaire aux autorités maliennes à partir du moment où on a su que les élections n’allaient pas avoir lieu”.

Quitter le Mali

Plusieurs pays européens présents militairement au Mali se disent “très préoccupés” par la présence de militaire russes dans le pays. L’Estonie, la Lituanie ou la Suède, proches de “l’ours soviétique” qu’ils redoutent, ne veulent surtout pas d’incidents avec des soldats russes sur le terrain africain.

Les Suédois ont actuellement quelque 220 soldats stationnés au Mali dans le cadre de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et 150 autres au sein de l’opération militaire française Takuba, qui vise à réunir des forces spéciales de différents pays pour accompagner les forces locales au combat. La Suède compte également un contingent dans le cadre de l’EUTM. Plusieurs partis au Parlement suédois demandent un départ rapide des troupes suédoises du Mali, mais la ministre des Affaires étrangères Ann Linde estime qu’un retrait doit être coordonné avec les autres pays européens sur le terrain.

“La Suède est très préoccupée par l’évolution de la situation au Mali, tant en ce qui concerne la présence du groupe (russe) Wagner que le report des élections, destinées à ramener les civils au pouvoir.”

Ann Linde, ministre suédoise des Affaires étrangères 

à l’AFP

 

Le scénario centrafricain

 

“Une situation nouvelle qui pose la question de la présence française et européenne au Mali, car il sera de plus en plus difficile de justifier que des soldats français meurent pour un pays qui ne souhaite plus leur présence”, affirme l’expert des questions européennes et de défense Nicolas Gros-Verheyde. Selon lui, comme en Centrafrique, les Russes veulent prendre la place de la France dans la région. Sauf que le Mali est beaucoup plus stratégique que la Centrafrique pour la sécurité de l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.

Source : Franceinfo
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