La ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouare Fily Sissoko était l’invitée du journal télévisé du vendredi 26 septembre. Elle a parlé des conditions difficiles des négociations avec le FMI, de la reprise des relations avec cette institution financière, de l’avion présidentiel, des contrats d’armement, et des surfacturations qu’elle a tenu à relativiser.
ORTM: Après cette mission vous pouvez lancer un ouf de soulagement ?
Ministre des finances: Je pense qu’au niveau du ministère des Finances, nous, étions partis déjà rassurés au mois de juin de Washington puisqu’on avait mis sur la table des compléments de mesures sur lesquels on était sûr à 100 % de pouvoir faire ce qu’on a promis de faire. Donc pour nous, la mission était une mission d’évaluation, mais effectivement avec des enjeux parce que tout le monde n’avait pas cette même lecture.
ORTM : On sait avant cette visite du FMI dans notre pays, beaucoup d’eau a coulé sous le pont, sur quel élément, la délégation du FMI a travaillé ?
Ministre des Finances : Je pense que le thème crucial concernait les deux contrats, c’est-à-dire l’audit qui avait été commandité par le Premier ministre, suite à notre mission à Washington. Ces deux audits devraient être déposés pendant la mission. Au-delà de ça, il s’est agi de faire un tour d’horizon. Quand ils avaient quitté juste avant la crise (mars 2014), il y a avait déjà des traits de mesures qui devraient être mis en chantier. Et c’est chemin faisant que ces deux problèmes sont apparus. Quand ils sont revenus, c’est pour prendre connaissance des rapports, mais aussi faire le point des mesures structurelles et des repères et ensembles décidés il y a de cela quelques mois.
ORTM : Mme la ministre, on parle de surfacturation estimée à 29 milliards de FCFA. Comment, c’est arrivé ? On a parlé aussi qu’au niveau de l’armée, des paires de chaussettes qui coûtent 10 000 FCFA. Comment cela est arrivé?
Ministre des Finances : Je vais commencer d’abord par dire qu’il ne faut pas voir cela comme si l’on voulait jeter de l’opprobre sur nos forces armées. Je pense qu’elles ont été suffisamment éprouvées pour qu’on en rajoute. Mais il se trouve simplement que le ministère avait passé un contrat pour essayer de les habiller, de leur trouver des tenues de protection. Mais ce contrat s’est trouvé dans le collimateur de l’audit. Et finalement, il est apparu les 25 milliards de FCFA qui représentent l’écart entre les bordereaux fournisseurs qui sont présentés pour paiement au niveau de la banque et ce qui a été facturé au ministère de la Défense pour paiement. Mais, ce qui est sûr, les 29 milliards incluent la marge de l’intermédiaire, ensuite les intérêts financiers et autres frais, les agios bancaires, etc. que la banque devrait percevoir aussi. Avec le dépôt du rapport final du Vérificateur, on aura une idée exacte de l’ampleur de la surfacturation.
ORTM : Qu’en est-il de l’avion de commandement du Président de la République ?
Ministre des Finances : L’avion a fait couler beaucoup d’encre jusque-là. Mais, il faut retenir que ce n’est pas le principe de l’opportunité de l’acquisition de l’avion qui a été remis en cause. Nos partenaires ont été clairs là-dessus. Les audits aussi ont prouvé que le prix de l’avion est dans la fourchette normale. Parce que dans le rapport du Vérificateur comme chacun aura l’avantage de le voir quand il sera posté, il apparaît clairement que sur le marché suisse, et d’autres marchés européens, ils ont vu que la fourchette était entre 30 à 40 millions de dollars. Et nous ce qu’on a globalement mis dans l’avion, 20 milliards de FCFA sur lesquels, à la date d’aujourd’hui 18, 5 milliards FCFA exactement, ont été effectivement transférés. À ce stade, l’écart qui reste avait été prévu pour des questions d’audits techniques et autres. Pour lequel audit aussi, à chaque fois qu’il y a une visite technique, des gens disent que l’avion a été saisi. J’avoue, il est temps de sortir de ça. Il y a des enjeux très importants qui attendent notre pays.
ORTM : Mme la ministre, lors de cette visite, le FMI s’engage à examiner les revues programmes du Mali dès début décembre. Quelle est l’importance de cette décision?
Ministre des Finances : Je pense que cette décision est critique. Parce que j’ai eu l’occasion de le dire, ici par le passé, les évaluations du Fonds monétaire constituent en fait un baromètre pour les autres bailleurs de fonds. Une fois, qu’il donne l’alerte, tout le monde attend, surtout dans ce contexte où on a devoir de compte-rendu, chacun en ce qui lui concerne aussi bien les pays pauvres que les pays riches. Vous comprendrez donc que quand il y a des inquiétudes qui ont été soulevées par rapport à la gouvernance, les autres mettent en444 cause les pieds (excusez-moi de l’expression), sur lesdites questions, notamment ceux qui font les appuis budgétaires.
L’enjeu, c’est qu’avec ce feu vert qui vient d’être donné, ce sont les appuis budgétaires qui vont reprendre à être préparés pour présentations aux différentes autorités de décision dans les pays donnés.
ORTM : Quelles sont les conclusions fortes qu’on peut retenir de cette mission du FMI au Mali?
Ministre des Finances : Nous pensons que les incidents de parcours ont été une bonne chose, en tout cas pour nous, en terme de gouvernance. On pense que cela a révélé des faiblesses que la mission nous a donné l’occasion de corriger. D’ailleurs, on avait commencé la correction, parce que certains trains de mesures avaient été pris.
L’autre grande conclusion, comme vous l’avez dit, nous allons présenter le dossier au conseil, et on s’est engagé nous aussi à poster sur le site web de la Primature, le rapport en intégralité, ce qui a été déjà fait. Ensuite de faire un rapport régulier sur l’état d’exécution des conclusions, recommandations et des prescriptions de ces différentes réformes.
ORTM : Mme la ministre parlons des perspectives avec cette institution financière ?
Ministre des Finances : Après avoir déblayé ces problèmes-là, le feu est au vert, comme je l’ai dit. Nous allons essayer d’avancer leur facilité élargie de crédits, comme initialement, engagée quand on est arrivé. Avec ce qu’on a mis en place comme dispositif, nous-mêmes, on est très confiant que l’on pourra aller de l’avant.