Irak acte III. À chaque démarrage d’un nouveau conflit, l’armée des va-t-en guerre se félicite qu’en deux ou trois raids et quelques bombes bien placées, l’Occident rétablisse l’ordre et la justice dans des régions où pullulent les dictateurs. Libye, Irak, Mali, Afghanistan, Somalie, Centrafrique, quel que soit le bourbier, l’enthousiasme du début cède inévitablement la place au principe de réalité, donc à la déception. Les guerres humanitaires sont un fantasme occidental. Les guerres-éclair aussi. Et les batailles gagnées en un endroit font naître d’autres conflits tout autour comme autant de surgeons du mal.
Voilà pourquoi, bien qu’il ait les meilleures raisons du monde de s’engager à nouveau en Irak, Barack Obama traîne des pieds. Éliminer l’État Islamique et ses hordes de barbares, quoi de plus noble ? Sauf qu’ils contrôlent désormais 25 % de la Syrie et 40 % de l’Irak. Qu’ils comptent 30.000 combattants ultra-motivés, dont des centaines d’Européens, armés jusqu’aux dents et entraînés par les officiers déchus de Saddam Hussein. Qu’ils sont riches et bien vus d’une bonne partie des sunnites irakiens, impatients de reprendre le pouvoir aux Chiites.
Bien sûr, la coalition d’une dizaine d’états autour des États-Unis est une bonne chose. Sauf que l’Iran veut que Bachar al-Assad y participe. Impensable. Sauf que l’Arabie Saoudite est totalement schizophrène, puisque c’est elle, avec le Qatar, qui a créé et financé l’État Islamique. Sauf que la Turquie a trop peur des effets collatéraux dans son Kurdistan à elle. Sauf qu’il n’y a aucune logique à intervenir en Irak et pas à Gaza lorsqu’Israël bombarde des enfants. Sauf que la Russie et de la Chine n’en veulent pas.
Alors certes, il y a la France. Mais elle n’a plus un sous et son président n’en a même pas encore parlé, ni à ses concitoyens, ni aux parlementaires. L’acte III de la guerre d’Irak est paré des plus louables intentions. Mais il laisse perplexe.
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