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La France, un si bon client de la Banque centrale de Russie

La France est le deuxième pays au monde où sont localisés le plus d’avoirs de la Banque centrale Russe, juste derrière la Chine. Tout simplement parce qu’elle lui a beaucoup emprunté.

 

Étonnant constat, dans le rapport 2022 de la Banque centrale de Russie (BCR) : comme depuis plusieurs années, la France est le deuxième pays au monde où sont localisées le plus de réserves financières de la BCR. Ceci en dehors de la Russie elle-même, où sont essentiellement stockées ses 2 300 tonnes d’or, d’une valeur estimée à 116 milliards d’euros.

Rappelons que la Banque centrale est à la fois le cerveau et les poumons du système bancaire et monétaire russe. C’est elle qui émet le rouble et en assure la stabilité, qui prête aux banques commerciales, qui fixe les taux d’intérêt entre banques et qui lutte contre l’inflation. Et c’est elle qui, depuis le 24 février, tente d’éviter l’effondrement complet de l’économie russe et des finances du Kremlin.

12,2 % des avoirs de la BCR en France
Dirigée par une brillante économiste, ancienne conseillère de Vladimir Poutine, Elvira Nabioullina, la Banque centrale russe aimait beaucoup la France, avant les sanctions de février. Et la France le lui a bien rendu. Pas moins de 12,2 % des avoirs de la BCR sont logés dans l’Hexagone, contre 13,8 % en Chine. Et seulement entre 10 % et 2,8 % pour les sept autres pays significatifs, tous alliés des États-Unis.

Les États-Unis étaient le premier lieu de domiciliation des devises de la BCR avant que Vladimir Poutine et ses amis nationalistes s’agacent du fait que la Russie, faiblement endettée, place ses avoirs en bons du Trésor américains, ce qui revient à financer le déficit budgétaire chronique de Washington. La première place étant détenue depuis peu par la Chine, la France est désormais le premier pays occidental préféré de la BCR, devant le Japon (10 %) ou l’Allemagne (9,5 %).

Les avoirs de la Banque centrale russe sont constitués de devises étrangères, le plus souvent sous forme de bons du Trésor des Etats concernés, et de 2300 tonnes d’or stockées à Moscou. | OUEST-FRANCE

Les États-Unis, pourtant grands maîtres du dollar, monnaie reine des échanges internationales et des réserves de devises, sont désormais moitié moins importants dans le paysage de la banque centrale russe (6,6 %). Suivent ensuite le Royaume-Uni (4,5 %), l’Autriche (3 %), le Canada (2,8 %) puis un groupe indifférencié d’autres États (10,7 %).

Que sont exactement ces avoirs russes en France ? Il est probable que ce soit essentiellement de la dette publique, ce que l’on appelle des obligations, émises par l’État français »,​indique Julien Vercueil, économiste et spécialiste de la Russie (lire par ailleurs son interview intégrale ici) .

Une dette à 2 800 milliards d’euros
Ces obligations, l’État français en place chaque semaine pour financer sa dette, auprès du millier de grands investisseurs internationaux.

Ces investisseurs, ce sont d’autres États, des banques publiques et privées, des fonds d’investissement, des compagnies d’assurance, de grandes entreprises. Bien que déjà très endettée, la France garantit, grâce à sa bonne réputation internationale, un certain taux d’intérêt sur une durée fixée à l’avance, en moyenne de huit ans.

L’an dernier, l’État a émis pour 285 milliards d’obligations, pour satisfaire son appétit toujours croissant d’emprunts. Ceux-ci ont fait passer sa dette à un peu plus de 2 200 milliards d’euros. Avec celle des collectivités locales et de la sécurité sociale, la considérable dette publique française atteint désormais les 2 800 milliards.

Un peu moins de la moitié est détenue par des investisseurs non français. Combien et quoi exactement entre les mains du bras financier de la Russie de Poutine ? L’agence France Trésor, qui émet les obligations et gère la dette de l’État, assure ne pas pouvoir apporter ces précisions​.

22 milliards d’euros d’avoirs immobilisés
Et se justifie ainsi : les obligations, une fois proposées par France Trésor au réseau des grandes banques privées mandatées pour le faire, sont achetées et revendues sur un marché dit secondaire, par dizaines de milliards d’euros chaque semaine. Elle invite à interroger la Banque de France.

Qui n’a, elle, aucune information à communiquer ». ​Quant à la direction générale du Trésor, personnification financière de l’État, elle propose d’interroger… la Banque de France. Mais finit tout de même par apporter quelques précisions laconiques.

L’État français, outre le gel de biens appartenant à des oligarques pour près de 800 millions, a bien immobilisé 22 milliards d’euros d’actifs de la banque centrale russe ». Les intérêts dus à la Russie sont bien décaissés par l’État, mais sont ensuite gelés ​au sein des banques qui hébergent les titres. Ils ne sont donc pas versés à la BCR. ​Le Trésor ajoute que les réserves de change russe s sont bien investies en titres de dette, mais pas uniquement de dette d’État ».

Classé « confidentiel »
En quoi d’autre ? Et d’ailleurs, y aurait-il d’autres actifs russes qui expliqueraient que les 22 milliards saisis ne correspondent pas aux 12,2 % français des réserves de la BCR, elles-mêmes estimées à 578 milliards d’euros ? Mystère. Le détail est confidentiel​, oppose le Trésor.

On ne saura pas non plus combien l’État français a emprunté à la Russie après qu’elle a, en 2014, volé la Crimée à l’Ukraine. Quel que soit ce montant, c’était autorisé : alors, les sanctions internationales, pourtant déjà « sans précédent », ne concernaient pas la banque centrale russe. On n’en était pas encore aux choses sérieuses.

Source: Ouest-france.fr
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