Les rebelles du MNLA ont rejeté mercredi les appels lancés par la France pour qu’ils déposent les armes d’ici les élections prévues, en principe, avant la fin juillet, affirmant qu’ils se battraient jusqu’au dernier dans l’hypothèse où l’armée pénètre dans des secteurs placés sous leur contrôle. Cette prise de position cache mal l’égarement des rebelles en manque de soutiens internationaux, traduit le début de leur isolement.
Mahamadou Djéri Maïga, vice-président du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touarègue), a déclaré que la France, l’ancienne puissance coloniale, se devait moralement d’obliger le gouvernement de Bamako à venir à la table de négociation pour forger un accord garantissant un cadre pour l’autonomie du Nord assorti de garanties internationales.
« A-t-on jamais vu un groupe désarmer avant la tenue de négociations ? », s’est interrogé le principal négociateur touareg devant l’agence Reuters.
Malgré des pressions françaises, rien n’indique à Bamako que des pourparlers soient sur le point de s’engager entre le gouvernement central et les séparatistes du MNLA, composé principalement de Touaregs. Et le Mali affirme pour sa part vouloir restaurer son autorité sur la région du Nord, désertique et le lieu de tous les trafics.
« Organiser des élections au moment même où l’armée malienne menace d’entrer à Kidal n’est pas réaliste », met en garde Maïga. « C’est une guerre qui est imminente, pas des élections. Si la France permet à l’armée malienne de nous attaquer à Kidal, nous nous défendrons alors jusqu’à la mort ».
Les hommes du MNLA s’étaient emparés du contrôle du Nord-Mali, baptisé « Azawad » (ou « terre de pâturage », en tamashek, la langue touarègue), lors du soulèvement d’avril 2012. Ils ont été rapidement évincés par des insurgés islamistes mieux armés, dont des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), faisant craindre que cette région ne devienne une base arrière pour des attaques contre l’Occident.
La France veut que le MNLA se transforme en parti
Le président français François Hollande insiste pour des élections – présidentielle et législatives – se tiennent au Mali selon le calendrier initial et pour des sources diplomatiques françaises, le MNLA doit aujourd’hui désarmer et se transformer en un mouvement politique.
« La France connaît notre position. Nous n’accepterons pas de désarmer sans un consensus entre nous et le gouvernement malien », explique Maïga, venu à Paris pour y rencontrer des parlementaires français. « Il faut nous montrer ce que nous obtiendrons demain et avec quelles garanties ».
Soulignant ces tensions, un haut responsable du ministère de la Défense a fait part de son peu de confiance à l’égard du MNLA. « S’il ne désarme pas d’ici les élections, il nous faudra y aller et régler le problème ».
En tout cas, la France ne veut plus suivre le MNLA dont l’hégémonie sur le terrain a été surfaite.
Youssouf Coulibaly