‘La colère est mauvaise conseillère’, atteste un adage qui nous est venu d’autres horizons. Sous nos latitudes, les us et coutumes incitent tout autant l’individu à se garder de ce trait de caractère. Son importance s’est même reflétée dans l’architecture de certaines de nos zones, en symbole contraignant au sang-froid et à la sagesse ceux qui s’assemblent en ces lieux pour débattre des problèmes de la cité.

Pour les oulémas, la colère émane d’une impulsion satanique, pouvant entrainer des conséquences inattendues, manifestation contre laquelle le croyant est invité à se prémunir. A ce propos, il est remis en mémoire de nombreux épisodes s’y rapportant dans la tradition prophétique. Les oulémas évoquent ainsi le témoignage d’un Compagnon qui se trouvait aux côtés du Messager (PSL) quand deux hommes se mirent à échanger des injures. L’un d’eux en eut le visage cramoisi, l’artère du cou saillante. Le Prophète dit : ‘Je connais une formule qui calmerait cet homme. S’il disait : « je demande la protection divine contre Satan le damné », il serait débarrassé de ce qu’il éprouve’. Il est par ailleurs, ces propos du Messager selon lesquels : ‘si l’un de vous se trouve en colère, qu’il s’assoit s’il était debout, pour chasser la colère. Si celle-ci ne le quitte pas, qu’il se couche’.

Dans le même esprit, il est fait souvent référence au cas d’un homme qui s’en est allé un jour prendre conseil auprès du Messager. Sollicitant un enseignement qui lui servirait ici bas et dans l’au-delà, il s’entendit répondre par trois fois « gardez-vous de la colère ».

La recommandation régulièrement reprise par les oulémas, a vu maintes illustrations relevées dans le quotidien des premières communautés musulmanes. Indiquant que la colère enflamme le cœur du fils d’Adam, ils estiment que ce sentiment est l’un des traits inhérents à la nature humaine. Une différence est néanmoins établie entre les individus selon leur inclination à le dominer. « Il y a parmi vous des hommes qui s’irritent facilement », disent-ils. Mais ils se calment tout aussi facilement. D’autres, par contre, ne se laissent pas gagner aisément par la colère. Cependant, ils sont tout aussi lents à recouvrer leur calme. Le meilleur d’entre vous, est-il salué, sera celui qui ne s’emporterait que très difficilement, et qui retrouverait ses esprits très rapidement ».

Les oulémas indexent par la même occasion, comme extrême méchanceté, l’attitude de l’homme qui s’emporterait pour des peccadilles et mettrait un long temps à s’apaiser. Identifiant les accès de colère dont l’individu peut être la proie au succès de l’œuvre de subversion du démon, les théologiens relatent que l’homme s’égare aisément lorsqu’il se laisse aller à l’avarice, à la colère ou à l’ivresse. Aux yeux de l’avare, le démon réduit la valeur de sa fortune, l’empêche d’en profiter et le pousse à convoiter les biens de son prochain. Et quand il est en proie à la colère, l’homme ressemble à un jouet aux mains du Malin. Et saisi d’ivresse, il n’est plus qu’un bélier que le démon mène par les cornes.

Les oulémas rappellent à ce sujet que « le pardon ineffable est réservé à ceux qui dépensent leurs biens en aumônes et qui savent dominer leurs ressentiments et pardonner à leur prochain,… car Allah aime les bienfaisants. » (3:134).

1. K. CISSE

Source : L’ Essor