Alain Frachon, éditorialiste au « Monde », analyse dans sa chronique la stratégie internationale très ambitieuse de Pékin et du président Xi Jinping.
Chronique. Pendant leur travail, les fonctionnaires chinois ont dû regarder la télévision. C’était obligatoire. En août et en septembre, des centaines de milliers de grands et petits mandarins, sinon des millions, ont été priés de suivre une émission produite par la télévision d’Etat : « La Chine et sa diplomatie de grande puissance ». Ordre du Parti, la population doit se familiariser avec cette nouvelle réalité : le pays devient un géant de la politique mondiale.
L’anecdote est racontée cette semaine dans l’hebdomadaire The Economist. Elle confirme la volonté de Pékin d’afficher ses ambitions diplomatico-stratégiques. La Chine entend peser dans tous les domaines et partout. Pékin se pense en acteur stratégique global, décidé à façonner un monde propice à la défense de ses intérêts. L’époque est finie depuis longtemps où, d’abord concentrée sur sa renaissance économique, la Chine faisait profil bas en politique étrangère. Aujourd’hui, elle se veut, elle se dit, elle redevient une superpuissance globale.
Xi Jinping ne s’est pas rendu à la session d’automne de l’Assemblée générale des Nations unies. Il a laissé Donald Trump éructer contre le nouvel « axe du Mal » qui obsède le président américain : Iran, Corée du Nord, Venezuela. Menu fretin. Le numéro un chinois est occupé ailleurs. Il change le monde – l’Asie, l’Afrique, l’Europe. Dialectique naturelle, le punch économique de la Chine se décline en force politique et vice versa. Il faut prendre la mesure de l’ambition de Pékin, disait, ce lundi, l’éditorial du New York Times : « Elle est ample et d’ordre culturel, au sens où les Chinois pensent que leur temps est venu, après tous ces siècles où le libéralisme occidental a dominé le monde. »
Une souveraineté imposée à ses voisins
A un mois du 19e congrès quinquennal du Parti communiste chinois (PCC), qui doit mettre en place une direction toute à sa main, le président Xi, pouvoir personnel…Lire la suite sur lemonde