L’un des plus beaux monuments du Mali, âgé de 85 ans, est un symbole de mémoire et d’union.
C’est une plongée dans l’histoire du Mali. Ce monument, témoin historique de l’évolution de la ville de Bamako, dont rien a « presque » changé depuis 1936. Sur les quatre pendules situées tout autour du sommet de l’édifice, les stigmates laissés par le temps sont encore visibles. Il mesure 48 mètres de long et 12 mètres de large. Au cœur de la capitale malienne, à côté du grand marché sur l’avenue Modibo Keita, se plante la cathédrale sacré cœur. Toujours aussi majestueuse qu’à sa construction. Elle fut jusqu’en 1957 le seul lieu de culte officiel des chrétiens de Bamako. C’est un bâtiment de presque centenaire, dont la première pierre a été posée en présence du maréchal Pétain. Construite en pierre, l’église est de style romain et se caractérise par des voûtes généralement en plein cintre. Sur ses murs en face de la rue, les portraits de ses différents archevêques qui se sont succédé au fil du temps. En escaladant les marches jusqu’à l’entrée, se dresse un tableau, sur lequel est affiché les messes demandées pendant la semaine. « Demande d’une bonne année scolaire 2020-2021 pour Lassana et Madina » ou « demande de la libération de sœur gloria Cécilia », peut-on lire, entre autres, sur ces affiches. Près du tableau se trouve une grande porte, en l’ouvrant se dresse une salle monumentale : c’est la salle de prière. Tout au fond de la pièce, une statue de jésus christ trône sur le mur, près d’une grande croix adossée sur la chaise du prêtre. Pas n’importe quelle chaise ! C’est la cathèdre appelée aussi trône de l’évêque.
Pierre bénite
Ne croyez pas que toutes les églises sont des cathédrales, ça irrite Casimir, pourtant jovial et accueillant. Casimir Mendy, est le secrétaire de la cathédrale. Son bureau se situe dans la maison en face de l’église. Un grand bâtiment qui héberge une école, groupe les divers services de l’archidiocèse, ainsi que ceux d’une paroisse, la Paroisse du Sacré-Cœur, qui centralise toutes les activités religieuses catholiques de la capitale. « Beaucoup de personnes pensent que toutes les églises sont des cathédrales, alors que non. Les cathédrales sont, celles dans lesquelles, on trouve la cathèdre », dit-il, derrière son bureau, habitué à converser sur ce lieu historique où il travaille depuis plus de 30 ans. Son nom est même souvent cité sur des sites de guides de voyageurs. Sur ces sites, la cathédrale est toujours entre les cinq lieux, au Mali, qu’on conseille de « visiter absolument ». « La cathédrale de Bamako vaut le détour. Certes ne vous attendez pas à voir Chartres ou Saint-Denis [en référence aux cathédrales de ces villes françaises], mais comme cathédrale africaine, elle vaut le déplacement » ; « Le dimanche de 10h à midi, la messe est extraordinaire. Chantée, émouvante et pleine de vie. Allez-y. Plus jamais vous n’oublierez ces moments de partage et de communion. », Conseille-t-on, entre autres, aux touristes, sur le site touristique français : tripadvisor.fr
Patrimoine culturel
La construction de la cathédrale regorge toute une histoire. En 1924, les Peres signalent la difficulté de réunir les chrétiens, étant donné la grande variété de leurs origines. Ainsi la décision a été prise d’édifier une cathédrale. Grace à des collectes des fonds à Bamako et en Europe, le 21 février 1925, la première pierre, bénite par Monseigneur Sauvant en présence du maréchal Pétain, qui était en visite à Bamako, est posée. Elle est achevée en 1936. En 1954, elle reçoit son crépissage extérieur et son premier badigeon. Mgr Leclerc devient son premier archevêque en 1956. Il a été succédé par Mgr Luc Sangaré, en 1962, qui fut le premier archevêque de nationalité malienne et dont la tombe se trouve dans la cathédrale. De 1998 à nos jours, c’est Mgr Jean Zerbo, qui est l’archevêque. Il a été élevé au rang de cardinal en 2017, par le pape François.
En octobre 2012, La cathédrale Sacré cœur a été inscrite sur la liste du patrimoine culturel national du Mali par un décret pris en conseil de ministres. De ce fait, sa protection et sa sauvegarde sont assurées par l’Etat comme le stipule l’article 1 de la loi relative à la protection du patrimoine culturel national. Selon cette loi, « un bien classé ne peut, ni être détruit, ni faire l’objet de travaux de restauration ou de modification sans le consentement de l’autorité compétente qui assure le contrôle de l’exécution des dits travaux ». Ainsi, pour mieux conserver « les documents précieux archivés dans la cathédrale de Bamako dont les plus anciens remontent à 1888 », le projet à impact rapide de l’archivage physique et numérique des faits d’état civil de l’Archidiocèse de Bamako a vu le jour en 2018. Une initiative de la MINUSMA (mission multidimensionnelle intégrée des nations unis pour la stabilisation du Mali) avec l’appui technique de la Direction Nationale des Archives du Mali et le Bureau d’études, de Conseils, de Traitement en Archives et en Documentation (DNAM). Elle a permis « d’archiver 33 228 faits d’état civil de 11 paroisses de l’archidiocèse de Bamako », peut-on lire sur le site internet de la MINUSMA. « La MINUSMA voudrait préserver une partie de l’histoire du Mali par le biais de ces archives qui ont été soigneusement conservées par l’Eglise mais qui ne résisteront pas à l’épreuve du temps, si elles ne sont pas numérisées, » s’est justifié, à l’époque, le représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies, M. Koen Davidse.
2,5% de la population du Mali sont des chrétiens (catholique et protestant) selon des données de l’église catholique. Le pays compte de nos jours, sept cathédrales : à Bamako, Kayes, Ségou, Kita, San, Sikasso, et à Mopti. Malgré l’âge, la cathédrale sacré cœur de Bamako, reste l’une des plus belles.
Aly Asmane Ascofaré
Source : Canard Déchaine