KOUMARÉ Mariam SIMAGA, ENTREPRENEURE
« L’entreprenariat féminin évolue »
Un parcours atypique. Mme Koumaré Mariam Simaga, récompensée par le Prix Africain pour le Développement (Padev) en 2021, est une femme qui évolue dans le secteur du transport. Elle est la directrice générale adjointe du groupe SIMAGA, et elle dirige aussi la société SOMADINE-SARL. Découverte.
Les Echos : Quel est votre parcours ?
KMS : Après l’école primaire à Bamako, je suis partie en France pour y poursuivre mes études, notamment aux niveaux secondaires et supérieurs. J’ai fait des études de Gestion. J’ai commencé à travailler avec mon père en 1992, à Ségou. J’ai beaucoup appris avec lui. Mon père était très strict, et je faisais tout pour lui montrer que je pouvais faire plus. Mon père m’a forgée. J’ai ensuite été apprenti chauffeur, mécanicienne, convoyeur et contrôleur. Parfois, il m’arrivait de réveiller les chauffeurs à 4h pour le départ.
Les Echos : Qu’est-ce qui vous a motivée à créer votre société ?
KMS : J’avais juste envie de me lancer dans l’entreprenariat.
Les Echos : Parlez-nous un peu de votre société ?
KMS : La Somandine Sarl est une société commerciale et de prestations. Je fais des groupes électrogènes de petite capacité, de grande capacité, de 5 KVA jusqu’à 3000 KVA. On fait aussi des matériels de bureau, des pièces de rechange pour les groupes électrogènes.
Les Echos : Comment arrivez-vous à gérer le rôle de femme, mère, et chef d’entreprise ?
KMS : Il suffit seulement de faire la part des choses. Se concentrer sur ce qu’on à faire, et on le fait bien. C’est une question d’organisation. A la maison, on ne peut pas laisser de côté le rôle de femme, on oublie un peu le service et on s’occupe de son mari, de ses enfants et de son foyer.
Les Echos : Que pensez-vous de l’entreprenariat féminin au Mali ?
KMS : L’entreprenariat féminin évolue. J’ai l’impression que mes sœurs se battent. Je vois que dans le secteur, aujourd’hui, tout ce que les hommes font, nos sœurs et nos mamans font la même chose. Elles osent, et j’en suis heureuse.
Les Echos : Le personnel de votre société compte-t-il des femmes ?
KMS : Nous comptons sur l’équité genre, mais mon secteur en manque énormément. Mon secteur, c’est le transport ; c’est rare, ici au Mali, de voir une femme conduire un car ou un camion-remorque. Au niveau du guichet, il y a des femmes.
Les Echos : Vous avez reçu le prix PADEV il y a quelques mois. Qu’est-ce que ce prix signifie pour vous ?
KMS : Ce prix signifie beaucoup pour moi. C’est le fruit d’un travail bien fait. Ça signifie aussi pour moi qu’il faut que je redouble encore plus d’efforts, que j’aille en avance pour mériter encore d’autres prix. Avoir ce prix, c’est pour me dire « Mariam tu n’as plus le droit de faire des erreurs, Mariam tu dois aller encore de l’avant, tu dois être plus compétitive. » Au-delà de la reconnaissance, c’est un réel élan pour continuer. C’est un encouragement car, avec mon parcours atypique, je suis la preuve que chacune peut réaliser ses rêves. Il n’y a pas besoin d’être diplômée pour réussir. C’est un encouragement pour toutes ces femmes qui n’oseraient pas car elles ne sortent pas d’un cursus dit traditionnel de management. Ce prix démontre que ce sont les faits et les actes qui comptent. On ne naît pas entrepreneur mais on le devient. Toutes les femmes méritent de se réaliser et d’être respectées, qu’elles soient cheffes d’entreprise ou mères de famille.
Les Echos : A votre avis, quelles sont les qualités d’une bonne entrepreneure ?
KMS : La persévérance, le courage, des nerfs solides, la capacité d’accepter les échecs, et surtout de savoir se relever. Car le chemin n’est pas facile. C’est de l’humilité et beaucoup de travail.
Les Echos : Quel conseil donneriez-vous à une femme qui rêve de suivre votre exemple et de se lancer ?
KMS : Le premier conseil, c’est de ne jamais perdre confiance en elle. Elle doit croire en elle. Le deuxième grand conseil que je donnerais, serait d’aller à la rencontre d’autres femmes à travers des clubs ou des réseaux afin de pouvoir partager son projet, ses peurs ou ses doutes et ainsi réaliser qu’elles ne sont pas seules, que d’autres sont passées par là. Ce n’est pas facile, mais il faut oser le dire : lorsque ça ne va pas et accepter de se planter. Il y a toujours quelqu’un de bienveillant pour pouvoir vous aider à avancer et concrétiser vos rêves. Ne jamais penser à gagner de l’argent pour soi mais garder à l’esprit que c’est l’entreprise qui doit en gagner ! La rigueur, la sincérité et l’audace sont toujours payants.
Les Echos : Vous avez un dernier mot ?
KMS : Il faut oser, ne jamais se sous-estimer parce qu’actuellement tout ce qu’un homme fait, une femme peut le faire et plus qu’un homme. Avec la persévérance, on peut aboutir à quelque chose.
Réponses recueillies par
Maffenin Diarra
Source: journal les échos Mali