Le gouverneur de la région de Mopti, en visite dans le cercle de Koro a pu constater un retour progressif à la quiétude qui s’est traduit par le retour des déplacés.
Depuis un certain temps, on constate un retour progressif de la quiétude dans le cercle de Koro, entraînant le retour de certaines populations déplacées dans certains villages où les deux communautés réapprennent à vivre ensemble, comme par le passé.
Le gouverneur de la région de Mopti, le général de division Sidi Alassane Touré, qui s’est rendu, samedi, dans la Commune de Dioungani pour rencontrer les communautés dogon et peulh des villages de Gourthy et de Dioungani, a pu constater la disposition à la paix des populations. Celles-ci ont exprimé leurs regrets pour ce qui s’est passé et ont déclaré qu’elles sont prêtes à vivre désormais dans la paix et à privilégier le dialogue pour résoudre leurs différends.
Lors de cette visite, dans le cadre de la recherche de la paix et du renforcement de la cohésion sociale entre les communautés dogon et peulh, dans le cercle de Koro, le chef de l’exécutif régional était accompagné du président du Conseil régional de Mopti, du commandant de la région militaire, de ses conseillers et des autorités administratives et politiques locales. Il faut noter que la Commune de Dioungani a été l’épicentre du conflit intercommunautaire qui a secoué le cercle pendant plus de deux ans. Voir les communautés dans cette Commune, revenir pour vivre ensemble dans la paix est une initiative heureuse. C’est dans ce contexte que le gouverneur et sa délégation sont venus féliciter et encourager les communautés à continuer à poser des actes pour le retour de la paix et de la cohésion sociale.
À Gourthy comme à Dioungani, les communautés qui ont rencontré la délégation ensemble, ont tenu, par la voix des chefs de villages, à exprimer leur reconnaissance à l’endroit des autorités pour s’être déplacées pour s’enquérir des réalités sur le terrain, malgré les conditions d’accès souvent difficiles. Les populations dans les deux villages manquent de tout et vivent dans la précarité. Cela fait deux saisons de pluies qu’ils n’ont pas pu cultiver, les troupeaux ont été décimés, les écoles sont fermées, les foires sont de moins en moins fréquentées. Elles ont souhaité la réouverture des écoles dans les villages, là où cela est possible (Dioungani et Douna-Pen), l’appui alimentaire à toutes les communautés et dans un meilleur délai, la réparation des anciens points d’eau et la réalisation de nouveaux.
lueur d’espoir … – Michailou Amadou, chef de village de Gourthy peulh a dit regretter ce qui s’est passé entre les deux communautés. Pour lui, personne n’a gagné et tout le monde est perdant. Lui et plusieurs familles avaient quitté le village suite aux tensions intercommunautaires. Ils sont de retour et vivent avec la communauté dogon. « Nous avons été accueillis par nos frères dogons et nous échangeons régulièrement sans intermédiaire », a-t-il déclaré. Boureima Yoro Guindo, chef de village de Gourty dogon, a rassuré les autorités qu’il n’existe pas de tensions, à ce jour entre les deux communautés. « Nous avons tous perdu dans ce conflit et nous devrons nous impliquer pour que ce qui s’est passé ne se répète plus jamais entre les deux communautés non seulement ici, mais, aussi dans tout le cercle », a-t-il dit. À Dioungani, la délégation a rencontré, en plus des deux chefs de villages dogon et peulh, 20 autres chefs de villages dogon et peulh. Ici, c’est le même constat, tous regrettent ce qui s’est passé et aspirent aujourd’hui à la paix. Les besoins des populations sont énormes et urgentes. Dans les échanges directs, on pouvait lire sur les visages le bonheur de se retrouver. Pendant toute la rencontre on pouvait voir un Peulh et un Dogon se saluer et se retirer de côté pour prendre les nouvelles des membres de leurs familles respectives, une scène très émouvante qui ne pouvait laisser indifférent un visiteur.
Le gouverneur de la région, après avoir recueilli les doléances des communautés, a, au nom des autorités du pays, félicité les communautés pour toutes les actions posées en faveur de la paix. Il les a invitées à mettre en place, dans chaque village, une commission mixte qui sera chargée de régler tout différend entre les deux communautés. Il leur a assuré que l’accompagnement de l’administration et des collectivités ne fera pas défaut pour renforcer le vivre ensemble et la cohésion sociale. S’agissant de la réouverture des écoles dans les villages là, où cela est possible, il a assuré les populations que l’État et ses partenaires seront à leurs côtés pour les accompagner et les soutenir. Il a annoncé que plusieurs partenaires au développement sont disposés à intervenir auprès des populations dès que la situation sur le terrain le permettra. Il a terminé en invitant les communautés à recourir au dialogue comme moyen de résolution de tout différend.
Il est important de signaler le rôle primordial joué par les forces armées et de sécurité dans la pacification dans le secteur de Dioungani. En plus des patrouilles régulières qu’elles organisent dans la zone à travers les postes de sécurité de Dioungani, Dinangourou et la Compagnie d’intervention rapide (CIR) de Koro, les forces armées ont été des acteurs clés dans le rapprochement et l’instauration du dialogue entre les deux communautés qui vivaient dans la méfiance. L’administration, qui est présente sur le terrain, travaille au quotidien avec les différents chefs de villages pour l’instauration du dialogue et de la confiance entre les deux communautés. Ce retour progressif de la quiétude dans la Commune de Dioungani, qui s’est traduit par le retour des déplacés, et cette visite du gouverneur sont une lueur d’espoir pour le retour de la paix dans le cercle de Koro.
Moussa NIANGALY AMAP-Koro
L’Essor