La victime se trouvait dans un état lamentable. Des indiscrétions, il ressort qu’il n’y avait pas de traces de sang sur le corps de la fillette, mais de graves marques de sévices corporels ont été constatés. La découverte du corps a été possible grâce à un voisin du jardin qui, à son tour, a décidé de dénoncer l’acte criminel. L’intéressé a, pour ce faire, porté la nouvelle à la connaissance du commissariat de police de Kolokani. Une équipe d’enquêteurs, d’analyse et de constatations a été alors mise en branle en direction du lieu indiqué par l’informateur. Sur le lieu du crime, le médecin légiste devrait au plus vite procéder à l’identification de la victime, l’heure de son décès, les circonstances de la mort… Il ne fallait pas perdre le temps au risque de voir l’auteur s’éloigner davantage de la localité. Le Procureur du tribunal de grande instance de Kolokani a été informé. Des informations recueillies, le Médecin légiste a fait l’examen du corps et constaté la cause de la mort : « la victime a été terrassée, plaquée violement au sol. Et au regard des blessures au niveau du cou, elle a été asphyxiée. Son cou a été, par la suite, brisé par une forte pression de torsion. La mort remontait à peu près à 5h. La malheureuse avait à peine 6 ans ».
Les policiers ont ensuite procédé à la collecte des preuves sur le lieu du crime. Et un détail sautait aux yeux : les traces de deux paires de chaussures distinctes : celles de la victime et d’un adulte, probablement le tueur. De fil en aiguille, les policiers sont parvenus à trouver la famille de la victime qui identifia la fillette. Elle se nommait Badiallo, âgée de de 6 ans, habitant chez ses parents au quartier Kolokani-Kôkô. Le père, en activité à Diema, à 220 km de Kolokani, fait la navette entre les deux localités. Cet homme possède un grand champ de culture à Kolokani, rapporte une source. Des dires de la même source, le père de Badiallo avait embauché un jeune saisonnier du nom de Bina Diarra, âgé de 25 ans. Par le même père, Bina était payé à 100.000 F cfa pour ses travaux champêtres. Le jeune saisonnier était également logé chez le père de la victime. Partant des précisions, il s’est avéré que des voisins auraient, le jour de l’assassinat, aperçu la fillette BADIALLO en compagnie du nommé Bina dans la rue. Et tous les deux ont ensuite disparu. Bina apparaissait dès lors comme le suspect N°1.
Le jeune dénoncé et interpellé grâce aux réseaux sociaux
L’information a été rendue virale sur les réseaux sociaux et sur les différents groupes WhatsApp. C’est ce message diffusé qui a permis l’interpellation du présumé coupable. Ainsi, c’est l’un de ces groupes qui informa le numéro se trouvant sur l’Avis de Recherche lancé sur les réseaux et le commissariat de Kolokani, le mercredi 15 mai 2024, aux environs de 16h. « Mais des détails troublants ont fait hésiter l’informateur qui prétend avoir vu un jeune qui ressemble beaucoup à celui de la photo publiée sur la toile. A ses dires, ce jeune par lui suspecté, ne porte pas de chevelure Rasta et se trouvait dans la commune de SÉBABOUGOU, dans la région de Kayes, à 102 km de KOLOKANI et non à Bamako, comme prétend l’avis de Recherche. Ces détails taraudaient l’esprit de l’informateur ». Sur instructions du Directeur Régional qui pilotait cette affaire à distance, ordre fut donné immédiatement d’aller chercher le suspect. Alors, une équipe d’intervention rapide a été constituée par les éléments de la Brigade de Recherche (BR). Le suspect a été interpellé dans la ville de la commune de SÉBABOUGOU, région de Kayes et conduit au Commissariat de police de Kolokani.
Les aveux et motivations du présumé coupable
Aux dires du présumé assassin, il a été embauché comme saisonnier dans le champ du père de sa victime depuis plusieurs mois. Il confirme être payé à 100.000 Fcfa. Mais, dit-il, le patron a tardé à lui verser son salaire. Raison pour laquelle, poursuit-il, il a demandé à quitter sans réclamer le paiement effectif de son salaire. Mais au lieu de 100.000, le patron lui aurait versé seulement 10.000 F CFA. Il courait donc derrière le reliquat (90.000 F CFA) qu’il ne parvenait pas à toucher. Il a donc décidé de se venger en tuant la fillette du patron.
« Ce mardi 14 mai 2024, j’ai aperçu BADIALLO, la fille de mon ex-patron en train de s’amuser. Je lui ai appelé et elle est venue à moi. Je lui ai proposé de me suivre en lui offrant des bonbons. Arrivée dans une concession inachevée en construction, je lui ai plaqué au sol. Elle a crié, en vain. Je lui ai piétiné au sol et j’ai tordu son cou qui s’est brisé et finalement, elle est restée inerte. Je lui ai abandonné là-bas et je me suis rendu chez le coiffeur pour enlever ma coiffure Rasta et j’ai fait véhiculer l’information selon laquelle, je vais à Bamako, en vue de brouiller les pistes », tels sont les propos du présumé auteur de l’assassinat qui médite présentement sur son sort.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS