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Kobada et Chakabougou : Toute la vérité sur les événements

Suite aux événements malheureux qui se sont déroulés à Kobada et à Chakabougou entre les orpailleurs et les gendarmes, le 3 juillet dernier, qui se sont soldés par deux morts et de nombreux blessés de part et d’autres, plusieurs versions ont été données. Comme promis nous vous proposons la vraie.

Les zones de Kobada et Chakabougou sont constituées par cinq villages des communes de Kaniogo et de Nouga, dans le cer¬cle de Kangaba, et se trouvent sur le permis d’exploitation de la société minière canadienne AGG (African Golden Group). Si les villages sont séculaires, le permis, lui a 12 ans d’existence et n’a jamais fait l’objet de réduction comme prévu par le code minier du 19 août 1999 dans son article 34.

Les incidents étaient fréquents entre les populations           locales qui exploitent les placers se trouvant sur leur « sol coutumier » et la société minière AGG qui se dit être propriétaire des lieux puisque possédant un permis accordé par les autorités officiellement. Donc, les orpailleurs travaillaient illégalement sur un permis d’autrui et avaient toujours des problèmes avec la société minière. Les gendarmes qui assurent la sécurité de l’usine, dans un esprit de déviation comportementale avérée, auraient mis en place un système qui « légaliserait » l’illégalité de l’orpaillage. Ainsi, pour exploiter les placers, ils feraient payer 10 000F par personne et par jour, 10 000F par détecteur et cracheur, 25 000F par camion benne et 25 000F par personne pour la nuit. Le même tarif de 10 000F serait imposé au conducteur de tricycles qui transportent la matière brut des placers aux sites de lavage. Cela a duré des années.

Mais la cohabitation aidant, pour éviter les fréquents heurts entre les orpailleurs et la société minière, les responsables d’AGG ont accepté que les populations exploitent, mais de façon artisanale, les sites qu’elles occupent. Forts de cette convention, les orpailleurs ont décidé de mettre fin au racket imposé par les gendarmes.

C’est ainsi que lors d’une visite sur le site, le Gouverneur de Koulikoro aurait demandé de ne plus payer quoi que ce soit à quiconque. Pour décanter la situation, le contingent de gendarmes fut remplacé. On a oublié qu’il s’agit d’un système qui existe dans tous les sites miniers, de Kayes à Kadiolo, et il ne concerne pas que les gendarmes mais tous les agents locaux de l’Administration.

Ainsi, les gendarmes, après maintes négociations, auraient           éveille que vaille propulses orpailleurs payent quelque chose, ne se¬rait-ce que 2500F par personne et par jour. Les orpailleurs ne l’entendaient pas ainsi, puisque maintenant ils avaient l’autorisation de la société minière. Les gendarmes qui percevraient bon an mal an, au bas mot, 4 millions de Fcfa par jour, auraient donc décidé de sévir pour « ramener les orpailleurs à la raison ».

C’est ainsi que le jeudi 3 juillet dernier, les gendarmes ont demandé aux orpailleurs le verse- ment des sommes dues. Face à un refus catégorique, les gendarmes ont donc dit vouloir appliquer l’Arrêté interministériel      portant interdiction de l’orpaillage du 15 mai au 15 octobre.

Mais le problème est que cet arrêté, comme le prétend le gouvernement, n’est jamais parvenu aux autorités locales. C’est vrai que nul n’est censé ignorer la loi, mais à condition qu’on ait connaissance de son existence. Les orpailleurs auraient fait remarquer qu’ils attendraient d’avoir les instructions            de leur organisation faitière. Ce qui n’aurait pas été du goût des gendarmes, qui auraient donc tiré dans le tas, sans sommation faisant 5 blessés graves dont un qui va succomber par la suite. Par réaction, la foule a mis en déroute ce groupe de gendarmes et les a poursuivi jusqu’à l’usine de la société AGG où il y a eu beaucoup de dégâts matériels. Les chasseurs qui assuraient la police des placers auraient riposté en légitime défense, après la mort de leur

Le rapport officiel faisait état d’un gendarme mort et de 4 blessés. Dans le lot des victimes, la majorité sont des étrangers, des Guinéens. Ce seraient eux les assaillants, qui après leur forfait ont regagné leur frontière où ils se sont placés sous la protection d’un détachement de l’armée de leur pays (dépêché pour la circonstance sur les lieux). Depuis ce jour jusqu’à notre arrivée le 12 juillet, les gendarmes feraient des razzias quotidiennement matin et soir, dans tous les villages. Ils casseraient tout, emporteraient ce qui est intéressant et maltraiteraient les populations, embarquant les stocks de riz et brûlant des greniers. En tout état de cause, la mission a constaté beaucoup de dégâts.

Cependant, il nous revient que pour l’applicabilité de l’Arrêté interministériel portant interdiction de l’activité de l’orpaillage durant une période donnée, ni les préfets, sous-préfets, conseillers de cercle, ni les maires concernés et encore moins les Chefs de villages n’auraient reçu officiellement l’in- formation au moment des faits. N’ayant donc pas été saisis officiellement, aucun d’eux n’a demandé aux orpailleurs l’arrêt de leurs activités.

Qui a donc donné l’ordre aux gendarmes de sévir ? Il nous revient de par le réseau Joko Ni Maaya que des gendarmes accusent les ministres Sada Samaké et Boubou CISSE, ainsi que Abdoulaye Pona, Président de la Chambre des Mines.

Des chefs de villages nous confient que comme le ministre Boubou Cissé le dit ‘’force doit rester à la loi”, mais, cette loi doit être propre, juste et équitable, qui se traduirait par le respect de l’histoire, de la géographie et de la sociologie de notre pays, le Droit de surface accordé à tous les villages, sur toute l’étendue du territoire. Ce droit de surface est non seulement conforme au Code foncier du Mali mais aussi au Pacte international sur les Droits civils, politiques, sociaux et économiques, que le Mali a ratifié et qui est entré en vigueur depuis 1976. Ce Pacte insiste sur le fait qu’aucune communauté ne peut être privée de ses sources de subsistance. La dépossession abusive des villages de leurs terres agricoles et minières les empêche d’exercer librement leurs activités de subsistance que sont: l’Agriculture, l’Elevage, la pêche, la Chasse, l’Or-paillage

La société AGG que le ministre défend bec et oncle à son corps défendant, qui aurait un permis illégal de 250 km2, a son action aujourd’hui cotée 14 cents à la bourse. Est-ce à dire que les morts, disparus et blessés ne valent que l’équivalent de 70 FCFA?

A suivre.

Arbert Maïga

SOURCE: Le Prétoire
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