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Kayes : UNE NOUVELLE VIE POUR LES ENFANTS DES REFUGIES MAURITANIENS

Nos autorités, en collaboration avec l’UNHCR, viennent de leur délivrer des actes de naissance afin de leur faciliter l’exercice de leurs droits

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Ramata Bah, Mamoudou Barry, Djiba Diallo, Mariata Gangue sont tous des enfants mauritaniens nés au Mali. Agés de 4 à 15 ans, ils viennent pour la première fois de recevoir un acte de naissance leur permettant d’avoir le droit d’exister, administrativement parlant. Nés en exil des parents mauritaniens qui avaient en 1989 fui leur pays pour trouver refuge dans le nôtre, ces 7 807 enfants n’ont pas été enregistrés à la naissance. Ainsi se posait avec acuité le problème de leur scolarisation. Cette injustice vient d’être corrigée par les autorités maliennes en partenariat avec le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (UNHCR). Avec ce précieux document commence donc une nouvelle vie pour ces enfants. En effet l’acte de naissance facilitera l’exercice de droits comme aller à l’école déjà. Ils sont aussi protégés du risque d’apatridie.
L’apatridie, il faut le rappeler, est la situation dans laquelle se retrouve une personne sans nationalité car sans papier administratif. Cette personne où qu’elle se trouve n’a pas de nationalité. Elle est traitée partout comme un étranger. Le phénomène existe partout et notre pays n’est pas épargné. L’apatridie est un fléau souvent invisible qui peut affecter l’enfant que l’on croise dans la rue, le marchand ambulant, un voisin. Les conséquences de ce fléau sur la jouissance des droits de l’homme sont en revanche mesurables. En effet, les apatrides ne peuvent exercer les droits attachés à la nationalité et n’ont pas d’existence juridique.
24 heures avant la remise officielle des actes de naissance aux bénéficiaires (voir article de S. Doumbia), nous sommes allés à leur rencontre au centenaire de Kayes. Ces mioches accompagnés de leurs parents sont venus de Symkolo dans la commune rurale de Gori Gopela, cercle de Kayes, de Bakaya dans la commune de Djelegoucoudé Haourou et Gorel Hakourou, commune de Konsiga, cercle de Yélimané. Les parents porte-parole des enfants ont salué une initiative qui permet à leur progéniture d’avoir au moins le droit d’exister et d’échapper ainsi aux drames de l’apatridie.
Alpha Datt est le président de l’AREMMA (Association des réfugiés mauritaniens au Mali). Cet ancien militaire en exil dans notre pays est revenu sur les circonstances tragiques qui ont forcé des dizaines de milliers de personnes, principalement des négro-mauritaniens, à fuir leur pays. Selon lui ce geste des autorités maliennes en faveur de leurs enfants leur permettra de jouir des droits attachés à cet important document : droit à une identité, accès à l’éducation.
Notre interlocuteur parlant du quotidien de ses mandants révèle que la cohabitation avec la population hôte se passe à merveille à tel point qu’il est difficile de faire la différence entre eux et les autochtones. Repartis sur 51 sites dans le cercle de Kayes et Yélimané, les réfugiés mauritaniens, aujourd’hui au nombre de 12 898, vivent d’élevage et d’agriculture. Cette bonne ambiance entre réfugiés mauritaniens et leurs hôtes maliens est attestée par l’octroi par ces derniers de terres cultivables. Le plus gros problème qui se pose aux réfugiés, actuellement, est la scolarisation de leurs enfants.
En 1994, des écoles ont été crée par le HCR, explique Alpha Datt. Les élèves de cette école intégrée au système éducatif de leur pays d’origine, à savoir le franco-arabe, sont arrivés jusqu’au niveau de la 6è année. Mais ils ne pouvaient plus continuer leurs études faute de document pour passer à l’époque le CEP (Certificat d’étude primaire). « Nos enfants ont ainsi du abandonner le chemin de l’école. Dieu merci avec cette faveur faite à nos enfants par les autorités maliennes, nous n’allons plus vivre cette expérience. Nos enfants peuvent aller à l’école et devenir des cadres », a lancé le président de l’AREMMA.
Alpha Datt explique qu’ils sont nombreux encore ses compagnons qui n’ont pas de carte de refugiés. « C’est juste de la négligence. Une négligence qui coûte cher aux victimes, car ne pouvant pas circuler convenablement donc difficile pour eux de joindre les deux bouts pour prendre leurs familles en charge », a t-il déploré.
Il y a aussi le problème de la distribution des produits entre les différents ménages. Il estime que 80% des refugiés mauritaniens veulent l’intégration. Ce qui normalement est un problème résolu. En effet, en juillet dernier, notre pays a officiellement accepté l’intégration locale des réfugiés mauritaniens qui le désirent, allant même jusqu’à envisager l’octroi de la nationalité à ceux qui désiraient s’établir définitivement dans notre pays.
Dans les zones d’accueil de réfugiés, l’UNHCR, en coopération avec ses partenaires met en œuvre des projets communautaires visant à favoriser l’autosuffisance des individus vivant sur ces sites. Ce qui de l’avis d’Alassane M’Bo, un autre responsable de l’AREMMA, donne de l’espoir à des milliers de mauritaniens vivant dans notre pays. Le projet dont il est question vise à réduire la pauvreté en milieu rural. Il est mis en œuvre par la FAO et prévoit une formation technique et un appui à l’autosuffisance pour 100 jeunes de 15 à 35 ans dont 50 réfugiés mauritaniens et 50 jeunes maliens vivant sur ces sites. Ce qui a déjà été fait (L’Essor du mercredi 18 février 2015).
M. A. TRAORE

source : L Essor

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