Dans une interview exclusive qu’il nous a accordée, le sélectionneur des Aigles du Mali livre ses sentiments sur le tirage au sort de la Coupe d’Afrique des nations 2015 et explique ses critères de sélection. Aussi, Henri Kasperczak fait une analyse du match amical Mali/Sénégal (1-1) et se félicite des bons rapports qui existent entre la Fédération malienne de football et le nouveau ministre des Sports, ente autres.
Le Prétoire : Comment réagissez-vous au tirage au sort de la CAN 2015 ?
Henri Kasperczak: C’est un groupe jouable. Vous savez, nous avons une inspiration énorme de cette équipe malienne. Car notre objectif, c’est aussi par rapport aux deux résultats obtenus lors des deux dernières CAN. Donc, on ne se pose pas de question. Je pense que pour nous, ce qui est le plus important c’est de gagner des matchs pour se qualifier pour la phase finale. C’est notre premier objectif. Par contre, on va retrouver surtout l’équipe d’Algérie qui était dans le même groupe que le Mali lors des éliminatoires de la Coupe du monde «Brésil 2014». Très probablement, nous allons retrouver le Bénin comme quatrième adversaire. En ce qui concerne l’Ethiopie, ce n’est jamais facile. Surtout, on joue contre l’altitude, c’est différent qu’avec les autres pays de ce groupe. En général, il faut partir comme favori, mais notre premier devoir c’est de se qualifier d’abord pour la CAN 2015.
Selon vous, qu’est-ce qui peut être déterminant pour que le Mali puisse sortir du lot ?
Ce qui est déterminant, c’est que déjà notre équipe a une structure importante, qui peut jouer un rôle important dans le football africain. Elle existe déjà depuis un certain temps. Il y a un mélange des anciens et des nouveaux. Je crois que c’est un mariage de génération qui nous a permis de former une équipe compétitive, capable de nous donner satisfaction au niveau des résultats dans le futur et au niveau de la qualité de jeu. Mon rôle, tout le monde le connait dans cette équipe nationale, c’est le suivi constant des joueurs dans leurs clubs, et voir ceux qui se comportent bien, de savoir s’ils sont blessés ou pas et ensuite les préparer pour les matchs.
Quels sont vos critères de sélection?
Nos critères, c’est que les joueurs doivent jouer avec leur club et surtout jouer un rôle important dans leur club. Aussi, les joueurs doivent partager ma philosophie de jeu, par rapport à l’organisation et au système de jeu. On doit choisir le joueur dont on a besoin. Cela est important. Le joueur doit venir par rapport à la position qu’il joue dans son club, par rapport à leur prédisposition défensive ou offensive. Aussi, ils viennent ici par cet état d’esprit de vaincre, autrement dit, l’état d’esprit de gagner les matchs. Parce que maintenant, vous savez que tout le monde va penser battre l’équipe malienne. Dans la hiérarchie du football africain, les Maliens sont dans une position, je dirais haute, c’est-à-dire, ils sont parmi les 5 ou 6 meilleures équipes continentales. Donc, il y a une exigence, une responsabilité par rapport à cela. Je pense qu’il faut aller dans ce sens aussi. Lors de ma conférence de presse, j’ai souligné qu’il faut que les joueurs se surpassent pour obtenir des résultats positifs et rehausser la qualité de jeu. Parce que ce qui nous manque actuellement, c’est que cette équipe malienne n’impose pas son jeu à l’adversaire. Elle est présente, je sais, mais c’est elle qui doit être le chef sur le terrain et imposer quelque chose. C’est ce qu’on attend d’elle.
Vous avez livré un match amical contre le Sénégal, en mars dernier, que retenez-vous de cette rencontre ?
Je crois qu’en regardant ce qu’on a fait contre le Sénégal, on a l’impression qu’on a fait une bonne prestation. Je dirai qu’il y a toujours quelque chose qui a manqué mais en général les joueurs étaient volontaires, déterminés dans le jeu. On a vu un bon travail dans la récupération du ballon. On a créé des occasions, même le but que Yatabaré a marqué en première période était bien valable. Mais je ne sais pas pourquoi l’arbitre l’a signalé hors jeu. Ensuite, ce qui était intéressant, c’est qu’on n’a pas baissé les bras après avoir encaissé le but, pris par erreur d’inattention sur coup de pied arrêté. On va essayer d’être concentré à ce niveau mais la réaction de l’équipe malienne est intéressante. Aussi, quand on a égalisé on a continué de jouer pour chercher à gagner le match à tout prix. Cela prouve que cette équipe malienne est bonne. Physiquement, on était très à l’aise. C’est vrai qu’il y avait des défaillances techniques individuelles. Cela existe toujours parce que l’adversaire nous empêche aussi de développer le jeu. Par contre, ce qui nous a manqué un peu c’est la pénétration dans la surface (devant les buts). Ensuite, les actions offensives, il faut les faire mieux. En première période, on a trouvé l’équilibre sur le côté gauche, avec Sacko qui a bouché un trou important. Par contre, en deuxième période, il n’y avait pas beaucoup de centres pour marquer des buts. Mais on a fait, dans l’ensemble, une prestation prometteuse et acceptable sur le plan tactique et technique. Tout de même, il faudra imposer notre jeu dans le futur, parce que si techniquement chaque joueur donne ses qualités techniques propres, ce sera bien, et on va avoir une meilleure maîtrise collective. On va travailler là-dessus, nous avons des joueurs de qualité. Ce qui est intéressant aussi, c’est qu’on marque des buts. Actuellement, Yatabaré est euphorique, il marque des buts pour son club. C’est une bonne chose.
La défense malienne a été malmenée parfois par l’attaque sénégalaise. Est-ce que vous pensez déjà à bâtir une défense à hauteur de souhait ?
On ne parle pas uniquement de la défense. C’est toute l’équipe qui défend les buts. Dans le football moderne, on défend ensemble, on attaque ensemble, mais il y a deux ou trois joueurs qui ont pour rôle de freiner les actions offensives. Mais en général, la défense même était remaniée. Il y avait Diarra qui a joué arrière gauche, Tamboura était blessé. Il y avait Diawara, qui joue normalement arrière latéral, qui a joué dans l’axe. Il y avait Wagué, mais il a manqué plusieurs joueurs à vocation défensive. Aujourd’hui, on compte toujours sur les anciens qui ont beaucoup de maturité et d’expérience comme Kanté et «Police». On va voir comment épauler cette défense pour les rassemblements suivants, on va voir comment on va remanier la défense. Car il faut la stabiliser, mais parfois il y a des blessés, il y a toujours quelque chose qui peut arriver. N’oublions pas aussi que nous avons joué face à une bonne équipe du Sénégal. A partir de là, on ne s’est pas mal comporté. On va corriger notre système de marquage. Les autres attaquants ont participé au travail défensif. En football, ce qui est formidable, ce sont les buts, construire et trouver la faille. Mais il ne faut pas prendre bêtement des buts, parce qu’après, il faut courir derrière le score, ce qui n’est pas facile.
Vous avez trois matchs amicaux contre la Guinée, le Gabon et la Croatie, pour préparer les éliminatoires de la CAN 2015. Techniquement, est-ce que vous êtes dans des conditions idoines pour atteindre vos objectifs ?
Je crois que cette collaboration entre la Fédération malienne de football et le ministre des Sports est au beau fixe. Je suis content pour cela. Notre nouveau ministre des Sports est bien rentré dans l’esprit du football. De toute façon, le football, il en connait les ficelles et il a travaillé dans ce milieu depuis bien longtemps. Il est là pour nous aider. Avec la Fédération, l’équipe malienne sera dans de bonnes conditions de travail. A partir de là, en retour c’est à nous de donner satisfaction, et nous attendons beaucoup des joueurs de nous donner satisfaction au niveau des résultats et au niveau des objectifs qu’on a fixés.
Propos recueillis par Yacouba TANGARA
