Pour sceller définitivement l’entente entre eux, les Kané de Kénenkoun ont décidé d’enterrer à jamais la « hache de guerre » en restaurant, avec leurs frères installés dans les autres contrées du Mali, le « Kanéla Bulonba », grand vestibule des Kané. Ainsi le vendredi 14 décembre 2018, devant un parterre d’invités, le maire de Kénenkoun, Oumar Haïdara, a coupé le ruban symbolique du site flambant neuf. Ce fut l’occasion pour les uns et les autres de prendre la parole. Récit d’une journée très riche en couleurs.
La cérémonie culturelle et festive de l’inauguration du « Kanéla Bulonba » a eu lieu en présence de nombreux ressortissants de la Commune rurale du Dinandougou (Dinan Marka, Dinan Bamanan, Kamini, Kakoulé, Dianguinébougou). Et d’invités de marque, dont le sous-préfet, l’honorable Adama Kané, député élu à Baraouéli, qui est venu expressément soutenir ses frères de Kènenkoun. Dr Soumana Kané, président de l’Association pour l’Unité et le Développement de Kènenkoun (AUDK qui a présidé la commission d’organisation des festivités avait à ses côtés, le doyen Souleymane Doucouré, président de l’Association des Ressortissants de Kénenkoun à Bamako. De fortes délégations des Kané installés à Sériwala, Garalo, Bassila, Khoro et de la diaspora ont pris part à l’évènement.
Depuis l’après-midi jusqu’au crépuscule, les Somonos ont produit des prestations artistiques et culturelles avec la danse du « Don » et la sortie des marionnettes qui ont émerveillé le public. Au menu figurait également l’inévitable « Bara » bien connu dans la contrée. Des hommages ont été rendus à feu Labass Kané, ressortissant de Kénenkoun et député élu à Koulikoro, mort accidentellement, il y a quelques mois.
Il faut rappeler que les fils de la Commune rurale du Dinandougou (29 villages avec Kénenkoun comme Chef-lieu), pour des raisons surtout politiques, ne s’entendaient pas depuis près d’un demi-siècle. Fort heureusement, le 18 mars dernier sur l’esplanade de l’Ecole Fondamentale de Kénenkoun, la raison a pris le dessus sur la passion pour donner naissance à un acte de réconciliation autour de la lecture du Coran par l’ensemble des Imams de la Commune. Avec la restauration de « Kanéla Bulonba », on espère sceller pour de bon l’entente et l’unité entre les Kané et réconcilier davantage tous les fils du Dinadougou.
Devant le site flambant neuf, l’Imam de Kénenkoun, Moussa Kané, a eu l’honneur d’introduire la cérémonie d’inauguration du « Kanéla Bulonba » par la récitation de la Fathia. Il a été suivi par le Chef de village qui a souhaité la bienvenue aux délégations issues des quatre coins du Mali. Ensuite, le maire a procédé à la coupure symbolique du ruban. Ce qui a permis aux imams venus nombreux de procéder à la lecture du Coran à l’intérieur du « Kanéla Blon » pour le bénir. Avant d’aller s’acquitter de la prière hebdomadaire du vendredi, le public a eu droit à un premier festin car sept bœufs avaient été égorgés pour la circonstance.
Très heureux, Dr Soumana Kané a insisté sur la portée historique, philosophique et religieuse du «Kanéla Bulonba ». Dont la restauration est le témoignage éloquent de l’entente et l’unité retrouvées entre les Kané qui ont tous contribué financièrement. Dr Kané n’a pas manqué de remercier ceux-là qui n’ont ménagé aucun effort pour ces retrouvailles entre les frères.
En sa qualité de représentant de l’exécutif, le Sous-préfet de Kénenkoun s’est dit heureux d’être le témoin de l’entente et de l’unité scellées entre les Kané.
Gaoussou Madani Traoré, envoyé spécial à Kènenkou
Souleymane Doucouré, à propos du « Kanéla Bulonba » :« Sur le chemin des ancêtres, il n’y a que cohésion et entente »
D’après le doyen Doucouré, le Grand vestibule des Kané est un site qui remonte à plusieurs générations. C’était pour les anciens le symbole du rassemblement et de l’unité, c’était le vestibule du chef de canton. Entre temps, l’arrondissement a remplacé le canton et la commune est venue après. La restauration du Grand vestibule devenait nécessaire. C’est pourquoi, une mobilisation générale, pas seulement des Kané, peut être constatée.
Dans la localité, il y a des liens de mariage entre tout le monde. Vous ne pouvez pas trouver deux personnes dans notre localité qui n’ont pas deux ou trois liens de parenté entre elles. Ces liens symbolisent le rassemblement. C’est pourquoi tout le monde est heureux comme nous autres de participer aujourd’hui à l’inauguration du « Kanéla Bulonba ». Même certains de nos papas n’ont pas vu la construction de l’ancien vestibule. Ceux qui l’ont vu ne sont plus de ce monde. C’est dire qu’il n’est pas donné à tout le monde de voir deux fois une telle inauguration, c’est vraiment un symbole. Kénenkoun, c’est le brassage entre plusieurs patronymes, c’est déjà un fort symbole. Quand on suit le chemin des ancêtres, il n’y a pas de problème, il n’y aura que la cohésion et l’entente.
Source: Le Challenger