Ce qui se passe à Ngolobougou, dans la commune rurale de Kalaban-Coro, est symptomatique du désengagement de l’Etat face à la crise foncière qui gangrène les périphéries de Bamako.
Le lotissement dudit village, est aujourd’hui suspendu, alors qu’il était sur le point d’être finalisé. En cause : la dissolution récente du conseil communal par le ministère de l’Administration territoriale, laissant le projet en suspens et les populations dans le flou. Depuis, la population attend la mise en place des délégations spéciales pour relancer le dossier.
A quelques encablures de la prestigieuse cité universitaire de Kabala, le village de Ngolobougou est livré à lui-même. Le projet de lotissement, censé organiser et sécuriser l’espace, est aujourd’hui à l’arrêt. Pourquoi ? Parce que le conseil communal a été dissous, et qu’aucune délégation spéciale n’a encore été nommée. Résultat : plus rien n’avance.
Pourtant, tout était prêt. Sous la houlette de l’ancien maire Diarra, la mairie de Kalaban-Coro, en collaboration avec les services des domaines, avait bouclé toutes les étapes techniques et administratives du lotissement. Ne restait que le bornage sur le terrain. Une formalité, en apparence. Mais une formalité qui n’a jamais eu lieu, stoppée nette par la décision du ministère de l’Administration territoriale depuis la dissolution du Conseil municipal. Depuis, silence radio.
Et pendant ce temps, la population construit à l’aveuglette. Des habitations s’élèvent au mépris de toute règle d’urbanisme, dans une confusion totale. Aucune rue tracée, aucun plan, aucun contrôle. Un désordre urbain se met en place, avec la complicité passive des autorités. Car ne rien faire, c’est aussi choisir : c’est laisser faire.
Depuis, la population attend la mise en place des délégations spéciales pour relancer le dossier. Entre inquiétude et impatience, les habitants de Ngolobougou veulent savoir s’ils seront intégrés dans le plan de lotissement ou contraints de quitter les lieux.
Ils s’interrogent : auront-ils le droit de rester ? Seront-ils expulsés vers le site de recasement prévu à Kabé, dans la commune de Ouéléssébougou ? Personne ne leur dit rien. Et l’anxiété grandit. « On vit dans la peur permanente d’être déguerpis, alors qu’on a investi toutes nos économies ici », témoigne un habitant. « Nous vivons dans l’incertitude. Les constructions poussent dans tous les sens. Il faut que l’Etat agisse rapidement », confie une autre résidente.
Le gouvernement doit prendre ses responsabilités. Ngolobougou ne peut pas rester plus longtemps dans ce vide juridique et institutionnel. Il y va non seulement de l’avenir de ce quartier, mais aussi du respect dû aux citoyens qui y vivent. Car ce qui se joue, ce n’est pas seulement un lotissement : c’est une question de justice sociale, de droit à la vie et de dignité.
Amadou Sidibé