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Kaboré: coopération sino-africaine se développe de jour en jour : Interview avec le Président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré

C’est la première fois que vous effectuez une visite en Chine. Quelles sont vos attentes ?

Je dois d’abord rappeler que cela faisait 24 ans que nous avions rompu les relations diplomatiques avec la République populaire de Chine, et que nous les avons rétablies récemment. Donc pour nous, ce voyage est une mission importante, parce que non seulement il va nous permettre de conforter et de consolider les relations de coopération entre nos deux pays sur la base du principe gagnant-gagnant, et sur la base du principe d’égalité et de transparence dans nos relations. Nous pensons également que c’est une occasion non seulement de renforcer la coopération pour le Burkina Faso, mais également pour la sous-région et l’Afrique de façon générale.

La Chine et le Burkina Faso ont renoué les relations diplomatiques le 26 mai dernier. Quelles sont vos remarques sur les relations sino-burkinabées ? Dans quels domaines les deux pays peuvent-ils mener des coopérations étroites ?

Ce sont des relations que nous établissons après 24 ans. Il faut certainement réapprendre à se connaitre et savoir que des deux côtés les choses ont évolué depuis longtemps. C’est pour cela que nos attentes, c’est renforcer la coopération avec la République populaire de Chine dans tous les domaines (économie, amélioration des conditions de vie des populations, sécurité, énergie…). Cela pour dire que c’est un partenariat qui va être aussi large que possible de manière à permettre à ce que, dans le cadre d’une commission que nous aurons entre la Chine populaire et le Burkina Faso, nous puissions régulièrement sélectionner les priorités et voir comment nous pouvons avancer ensemble et fortifier ces relations que nous commençons à remettre en place entre le Burkina Faso et la Chine.

Vous allez bientôt voyager en Chine pour participer au Sommet du Forum sur la Coopération sino-africaine. Dans un contexte mondial où la montée du protectionnisme et de l’isolationnisme accentue l’incertitude et l’instabilité, quelles sont les significations profondes de ce Sommet pour vous ?

Pour nous, déjà, la tenue d’un Sommet entre la République populaire de Chine et l’Afrique montre l’intérêt du multilatéralisme. C’est ce que nous avons toujours défendu ensemble parce que le protectionnisme qui est de poser actuellement des problèmes parce que c’est une véritable menace pour la paix internationale et mondiale. C’est pourquoi la tenue de ce Sommet est un vrai succès pour indiquer à ceux qui mettent en œuvre des politiques protectionnistes que nous nous avons opté pour le multilatéralisme. Nous avons opté pour une coopération fondée sur le principe du gagnant-gagnant, fondée sur l’égalité des chances et fondée sur la nécessité de développer le commerce international. Je pense que l’Afrique et la Chine constituent une véritable poche de résistance pour combattre ce protectionnisme.

Certains pays ne voient pas d’un bon œil la coopération sino-africaine. Quel commentaire faites-vous ?

Toute coopération amène des critiques par ci par là. Mais ce que je dois dire c’est que la coopération sino-africaine est fondée sur des questions de souveraineté. Chaque peuple choisit les pays avec lesquels il veut travailler. L’Afrique a choisi la Chine, et forcément cela ne sera pas vu d’un bon œil par tout le monde, mais c’est notre choix et nous nous en tenons à cela. Nous ne regrettons pas cette coopération sino-africaine qui existe et qui se développe de jour en jour en faveur de nos peuples respectifs.

Que pensez-vous de l’initiative « une Ceinture, une Route » ?

Nous pensons que c’est une bonne initiative puisqu’il s’agit de la mondialisation sans frontière, qui fait en sorte de développer le commerce à travers des infrastructures qui peuvent être aussi bien routières que ferroviaires, qui peuvent être également liées à tous les aspects qui vont nous permettre de développer le commerce entre les différents pays du monde. Je pense que c’est une initiative à soutenir. C’est une initiative qui a été d’ailleurs remise au goût du jour pour le Forum pour lequel nous aurons, en tant que pays africains, à apporter notre soutien à cette initiative développée par le président Xi Jinping.

Qu’est-ce que l’initiative « une Ceinture, une Route » peut apporter aux pays africains y compris le Burkina Faso ?

Vous savez, la nécessité de développer le commerce entre nos différents pays nécessite des infrastructures et cela est important. S’il n’y a pas d’infrastructures de commerce entre les différents pays, il est évident qu’il sera difficile de pouvoir développer le commerce entre ces différents pays. Nous avons des productions qui intéressent la Chine, la Chine aussi a des productions qui intéressent le reste du monde, donc il faut que nous créons cette mondialisation sans frontières qui nous permette de vendre des produits, échanger librement et pouvoir parvenir à la prospérité dans nos différents pays. Je crois que c’est l’objet d’une telle initiative qui a été prise par le Président de la République populaire de Chine que nous soutenons et nos encourageons. C’est un projet qui va prendre du temps probablement, mais c’est un projet qui est nécessaire si nous voulons développer le commerce international.

Des perspectives historique, politique et économique, comment comprenez-vous la phrase du Président chinois M. Xi Jinping que « la Chine et l’Afrique sont depuis toujours liées par une communauté de destin » ?

La Chine vient de très loin. Comme l’Afrique il n’y a pas très longtemps de cela, la Chine était dans les mêmes conditions très difficiles dans lesquelles se trouve l’Afrique aujourd’hui. Et aujourd’hui nous constatons que la Chine grâce au travail, grâce à une orientation, et une bonne vision de son développement, est devenue aujourd’hui une puissance mondiale. C’est un constat. Donc la communauté d’intérêt c’est le fait qu’ils (chinois) savent déjà ce que nous (africains) avons traversé, ils savent les étapes qu’ils ont eu à mettre en place pour avancer et donc ils sont à même de mieux nous encadrer et de nous conseiller dans le sens de notre développement et je pense que c’est cet accompagnement que nous attendons de la République populaire de la Chine. Pour nous, il n’y a pas de doute qu’historiquement la lutte du peuple chinois a toujours été une base d’intérêt pour les peuples africains qui déjà à l’époque se battaient pour la libération de l’Afrique. Et aujourd’hui cela reste toujours une source d’inspiration de voir un pays qui a plus d’un milliard d’habitants et peut les nourrir, les loger, les habiller, s’occuper de leur santé, c’est même un facteur important et qui suscite l’admiration. C’est pour cela je pense que cette communauté nous permet de d’avoir une bonne coopération.

Comment le Sommet du Forum va promouvoir la construction d’une communauté de destin encore plus solide ?

L’objectif du Forum Sino-africain, c’est d’être un cadre d’orientation. Entre les services de la République populaire de Chine et l’Union africaine, il y a eu une grande préparation faite ensemble pour tenir compte non seulement des programmes de l’Union africaine, des programmes qui concernent également les différents pays, (le Burkina Faso dispose de son propre plan national de développement économique et social – PNDES) et également des programmes sous régionaux. C’est pour dire que c’est un grand cadre et que, au cours des discussions que nous allons avoir, il s’agit de voir quelles sont les priorités dans lesquelles notre coopération va se consolider entre la Chine et l’Afrique à travers les différents pays, à travers la coordination au niveau de l’Union africaine et à travers les organisations sous régionales. C’est un grand exercice de coordination de développement entre les différents pays et cela, c’est un aspect qui est important et, comme vous le savez, c’est un cadre qui est général, il est clair que lors de cette visite d’Etat nous aurons à discuter des questions qui concernent le Burkina Faso, en tant que telles entre le Président Xi Jinping et moi-même, mais dans le cadre du Forum, nous aurons en plus à discuter des questions qui concernent la coordination de l’action de la Chine vis-à-vis de l’Afrique et des organisations sous régionales. Donc c’est un autre cadre qui va nous permettre de définir cette orientation

Quotidien du Peuple

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