Une série de propositions et de recommandations entend faire du secteur un des piliers de la diversification de l’économie

 Les rideaux sont tombés jeudi sur les travaux de la cinquième édition des Journées minières et pétrolières du Mali (JMP). La cérémonie de clôture, présidée par le ministre de l’Industrie et des mines, Boubou Cissé, s’est déroulée en présence du ministre gambien de l’Energie, Tenemba Jaïteh, et du président de la Chambre des mines du Mali (CMM), Abdoulaye Pona. Trois jours de discussion et de débats ont permis de promouvoir le secteur minier, tant sur le plan économique qu’environnemental ou institutionnel. De l’avis des organisateurs et autres responsables du département de l’Industrie et des Mines, ces journées ont connu un franc succès sur plusieurs plans. D’abord de par la qualité et la quantité des participations, mais aussi et surtout par la pertinence des thèmes discutés qui sont d’actualité aussi bien dans le secteur minier que dans le domaine économique tout court dans nos différents Etats. Plus d’une quarantaine de thèmes, repartis entre onze sessions, ont été développés au cours de ces journées.

Les perspectives de l’industrie minière dans le monde et en particulier en Afrique, l’implication ou la promotion du secteur privé malien dans la recherche et l’exploitation minières, la sécurisation des investissements par les codes minier et pétrolier, l’état des lieux des différents projets miniers dans notre pays, les retombées de l’activité extractive sur l’économie nationale, la bonne gouvernance, le développement communautaire, l’impact des sociétés minières sur les populations riveraines, les questions environnementales, sont autant de préoccupations qui figuraient sur l’agenda de ce forum minier de Bamako.

Le rapporteur général, Assimi Bagna Sidibé, a jugé que ces journées ont été très riches, tant en terme de propositions que de solutions. En ce qui concerne la sécurisation des investissements miniers et pétroliers, la conférence a préconisé la mise en place d’un mécanisme approprié pour faire du secteur minier un levier de développement socioéconomique et un instrument pour booster d’autres sous secteurs. Le forum suggère également d’améliorer et d’assainir les procédures d’attribution des titres miniers, de veiller au respect strict des engagements contractuels contenus dans les conventions minières en particulier les aspects relatifs au développement communautaire. La protection des détenteurs de titres miniers contre l’envahissement illicite des permis, l’organisation de l’exploitation minière artisanale et l’intégration progressive de l’orpaillage dans le tissu productif formel sont pris en compte dans ce chapitre de sécurisation.

Les journées ont encouragé l’implantation d’une nouvelle unité industrielle relative à d’autres substances comme le phosphate. Elles ont proposé un mécanisme visant à faciliter l’implantation rapide de l’unité de chaux de Bafoulabé et d’un mécanisme de facilitation de la transformation sur place de certains produits miniers comme l’or ou le fer. Le forum a souhaité une relance des activités d’exploitation des bassins pétroliers et l’inventaire d’autres substances comme le charbon, le lignite ou les schistes bitumineux. Pour assurer une bonne gouvernance des retombées de l’activité minière, les participants se sont prononcés pour la création d’une agence de gestion des participations de l’Etat dans les entreprises minières et la dotation d’un compte d’affectation spécial sur les ressources de l’or par les ressources propres à l’activité minière, notamment la Taxe ad valorem (TVA) et les dividendes générées par l’exploitation de toutes les substances minérales. La rencontre a préconisé la poursuite des actions en cours pour l’adhésion formelle du Mali au Processus de Kimberley et la promotion de la recherche du calcaire pour le soutien à l’industrie aurifère et l’amendement des sols.

Le Forum a aussi évoqué la mise en place d’un mécanisme efficient pour faciliter l’accès des zones minières à l’énergie et aux infrastructures de base telles que les routes, les chemins de fer et les télécommunications. La création d’une bourse de sous-traitance en vue d’améliorer la qualité des services et des biens dans l’industrie minière, l’accompagnement des PME/PMI, la mise en place d’un mécanisme d’accompagnement et de suivi des opérateurs locaux pour assurer efficacement la fourniture des biens et services et l’adoption d’une approche participative dans le cadre d’un partenariat tripartite Etat-sociétés minières-collectivités figurent aussi parmi les recommandations du Forum.

Le ministre gambien de l’Energie a salué l’initiative de journées qui, de son point de vue, offrent l’occasion d’examiner en profondeur le débat minier qui fait rage dans nos pays. Tenemba Jaïteh a promis de traduire les leçons apprises à Bamako en actes concrets pour faire du secteur un des piliers du développement de son pays.

Boubou Cissé s’est félicité du succès enregistré par les JMP. Les recommandations des travaux permettront de faire du secteur minier un levier du développement économique de nos Etats. Le ministre a décliné deux facteurs qui sous-tendent la politique de changement en matière de promotion du secteur minier. Cette nouvelle orientation politique se traduit par l’engagement de faire du secteur minier un des piliers de la diversification de l’économie. Le secteur minier devra également s’intégrer réellement à l’économie dans une nouvelle vision du concept de développement communautaire, a analysé le ministre Cissé en assurant de l’intérêt du gouvernement pour la feuille de route du Forum.

L. DIARRA