«On ne peut pas vivre avec la mémoire d’autrui». Ce dicton de Pr Joseph Ki Zerbo a été bien intégré par les membres du mouvement N’Ko. Ces soldats de la promotion de la langue N’Ko, qui ambitionnent d’en faire la deuxième langue officielle de travail dans notre pays mais aussi un outil de développement, ont célébré la Journée internationale de la langue maternelle que consacre le 21 février. Le clou de l’événement a été une rencontre initiée sur le N’Ko, dimanche dernier, par le Centre N’Ko en collaboration avec le ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, dans un premier temps au niveau du Monument du N’Ko ou «monument Obélisque» ou encore «Bougiba». Ce monument qui symbolise l’écriture N’Ko se présente sous la forme quadrangulaire avec des idéogrammes N’Ko gravés sur les différents côtés.
Ces symboles rappellent des formules célèbres de l’éternité du Mandé, relayée de père en fils par des générations de griots :«Le Mandé peut tanguer comme l’eau de la grande jarre, le Mandé ne coule jamais», «L’ancêtre est la lumière de la maison comme la personne est le feu de la création» ou «Par le mariage, la femme et l’homme sont la lumière du monde et la marque de Dieu», entre autres.Les participants ont ensuite rejoint la Bibliothèque nationale pour évoquer les avantages du N’Ko. Ces échanges étaient présidés par une représentante du ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Mme Sidibé Mariétou Coulibaly, en présence du président du Centre N’Ko, Mamadi Keïta, du parrain de l’évènement, Pr Amadou Dolo, également membre du mouvement N’Ko et d’autres invités.
Mamadi Keïta a rendu un vibrant hommage à l’ancien président de la République, Alpha Oumar Konaré, pour avoir eu l’idée de construire le monument Obélisque. Il a aussi témoigné de sa reconnaissance à la ministre en charge du Tourisme pour le soutien apporté à l’Association.
Le Pr Amadou Dolo a souligné que depuis l’humain existe sur la terre, il y a une langue maternelle dans chacune des sociétés. C’est cette langue qui établit le commerce avec les autres et permet à la personnalité de l’enfant de s’exprimer pleinement, de se construire une dignité et de comprendre la culture et le monde, a-t-il précisé. Pour lui, nous devons nous rappeler que la science et la connaissance sont véhiculées par les langues et leur maîtrise est facilitée quand on connaît le sens de ce qui se dit. Dans la langue d’autrui, les choses deviennent plus difficiles, a succinctement expliqué le parrain, avant de souligner la nécessité de prendre en compte les langues maternelles. «Sans langue, sans culture, il n’y a pas de développement et le véhicule de la culture c’est la langue», a-t-il insisté.
Mariétou Coulibaly a rappelé que nos langues maternelles sont très importantes pour l’épanouissement et le développement du pays. Elle a fait sien cet adage : «Connais-toi, toi-même». Et d’ajouter que la promotion des langues maternelles participe du développement économique et social de nos pays.
Dr Ibrahim Keïta, spécialiste en médecine traditionnelle, expliquera que ça fait plus de 5 ans que le mouvement N’Ko fête cette Journée. Mais cette année, la célébration a pris une autre dimension du fait de l’implication du ministère en charge de la Culture. Pour lui, la Journée internationale des langues maternelles vise à sensibiliser la population malienne, voire africaine sur son importance dans le développement d’un État.
Siné S. TRAORÉ
Source : L’ESSOR