Au lendemain de l’annonce de l’expulsion de l’Ambassadeur de France au Mali, s’est tenu l’Assemblée nationale française un débat sur la «Feuille de route de l’influence de la diplomatie française». Sur cette tribune, le député français, Jean-Paul LECOQ, membre du Parti communiste français (PCF), a invité à Jean Yves Le DRIAN, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères à rebattre les cartes de la présence française au Sahel. Il ressort de son propos que les coups d’État militaires au Guinée, Mali, Burkina Faso sont aujourd’hui moins contestés que la présence française. Dans réponse, M. Le DRIAN, a qualifié son compatriote de ‘’Porte-parole de junte’’. Lisez, ci-contre, les deux interventions.
«Monsieur le ministre, Guinée, Mali, Burkina Faso, les changements de régime dans le sahel vous oblige à modifier radicalement votre politique dans la zone.
Au mali et au Burkina Faso les coups d’État militaires semblent moins contestés que la présence française. Certains pensent même que la prise de pouvoir par les militaires est un gage de retour à la souveraineté, entendez-le.
Les sanctions de la CEDEAO contre le Mali ont été vécues comme ayant été pilotée par la France. Or, elles vont appauvrir les Maliens et les peuples aux alentours.
Ça aussi vous devez l’entendre. Le résultat de votre obstination, c’est que notre ambassadeur a été expulsé du Mali.
Les peuples du sahel veulent se libérer d’un lien de subordination avec la France. Est-il monétaire, est-il économique ou militaire ?
Les communistes pensent que ce sont les trois à la fois. Il faut rebattre les cartes de la présence française au Sahel. Les sociétés privées de sécurité comme Wagner ne sont là que parce que la politique française sahélienne a failli.
Malgré le courage de nos soldats au Sahel, l’armée française a échoué.
En conséquence, annoncer un plan de retrait de nos troupes avec un agenda concerté, plutôt que les Accords d’Alger qui vont déchirer le Mali.
Soutenez le désarmement de tous les groupes armés comme proposé dans la feuille de route de Lusaka. Rendez une deuxième fois à leur indépendance à ces États. Mettez fin au franc CFA et au pillage des ressources par les multinationales françaises. Faites respecter la démocratie et écouter les peuples et pas seulement leurs dirigeants. Les communistes et toutes les organisations de progrès sur place vous le demandent.
Nous l’avons constaté avec la plus grande gravité lors du Colloque Amath DANSOKHO, à Dakar, la semaine dernière.
Si vous aviez fait tout cela, ces coups d’État se seraient heurtés à une résistance populaire forte.
Monsieur le ministre n’est-il pas temps d’écouté enfin les forces de progrès africaines ? »
En réponse, la parole Jean Yves Le DRIAN ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a répond en qualifiant Le Coq de Porte-Parole de la junte.
«Je suis surpris d’entendre Monsieur le Député, Le COQ, à qui j’ai par ailleurs une grande estime reprendre le verbatim du Colonel GOITA.
En dirait, on dirait, le porte-parole de la junte.
Et je voudrais rappeler à Monsieur Le COQ, plusieurs choses.
D’abord que la présence française et la présence des alliés de la France y compris le G5 au Mali, mais aussi au Sahel pour combattre contre le terrorisme elle est, tous les ans, réprouvé rendossé par le conseil de sécurité des nations unies à l’unanimité.
Je pense que vous devriez regarder tout ça de près. C’est la communauté internationale qui valide tous les ans.
La dernière fois, c’était le 29 juin dernier la résolution à 23,94, je vous conseille de la lire, premièrement.
Deuxièmement j’ai dit tout à l’heure que c’était le Mali qui se mettait au banc de l’Afrique.
Parce que je constate avec vous, je l’espère, que les 14 pays de la Communauté des états d’Afrique de l’Ouest sont d’accord avec l’appréciation que nous faisons de la situation, et ont condamné fermement l’évolution du Mali, en faisant un blocus pour obliger le mali à revenir à démocratie.
Vous êtes d’accord vous, Monsieur Le COQ, avec 7 ans de junte, sans consultation démocratique ? C’est ce qu’ils demandent.
Et enfin, j’observe aussi que l’Union africaine, dans son ensemble, a validé les choix des pays de la communauté des états d’Afrique de l’Ouest.
Bref, le Mali c’est une question propre au Mali ; et je dirais que l’isolement du Mali est-elle aujourd’hui qu’il n’a que seul partenaire, les mercenaires de Wagner.
C’est tout ce qu’ils trouvent. Le seul partenaire aujourd’hui du Mali, c’est Wagner. Tous les autres veulent que le Mali retrouve la démocratie et le combat contre le terrorisme ».
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info-Matin