« J’aime le Mali, le Gabon m’a tout donné » dixit Habib Sylla
Une semaine après avoir été victime de nombreuses critiques, le Président du Haut Conseil des Malien de l’Extérieur Habib SYLLA est longuement revenu sur le sujet. A travers une interview qu’il a bien voulu nous accorder, le mercredi 24 juillet 2019 au siège du HCME sis à Niamakoro cité UNICEF, le Président SYLLA a abordé des questions relatives entre autres au rôle du Haut Conseil, la propagation de fausses informations sur la situation des maliens de l’extérieur qui a frustré le Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne, la situation réelle des maliens vivant en Algérie, Lybie et Mauritanie, duplicata de nationalité.
Le Patriote : Parlez-nous un peu du rôle et perspective du Haut conseil des maliens de l’extérieur.
Habib Sylla : Vous savez, les maliens de l’extérieur doivent tout faire pour préserver l’unité et faire en sorte que la division de la diaspora ne vienne surtout pas de l’intérieur du pays. Le premier rôle du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur est le rassemblement de tous les maliens où qu’ils soient. J’ai été élu dans plus de 76 pays. Ce qui me confère la légitimité d’être le premier responsable de l’association. Dans les statuts et règlement du haut conseil, pour être président, il faut être élu à la base. On ne s’autoproclame pas Président ! Ce que nous voulons, est que chaque malien de la diaspora puisse adhérer le HCME. Cela permettra non seulement aux autorités des pays d’accueil de mieux connaitre nos compatriotes mais aussi faciliter la tâche au notre. C’est dans cette dynamique que la conférence nationale de 1991 a statué sur la question pour donner plus d’envergure à notre diplomatie car elle n’était présente que dans quelques pays. Ainsi, la constitution malienne a reconnu le HCME comme une organisation faitière d’utilité publique au service de la diaspora par le décret 09-99/P-R M du 3 novembre 2009. C’est pourquoi, l’Etat malien a construit un bâtiment pour l’organisation et a décidé d’allouer une subvention modeste.
Vous êtes à la tête du Haut conseil depuis 2009, avez-vous droit à combien de mandats ?
Avec le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur, le mandat n’est pas limité. Je ne me sers pas mais je sers plutôt les autres. La preuve est que je n’ai pas de salaire. Par ailleurs, à chaque cinq ans il y’a une élection, j’ai été toujours réélu sans aucun problème. A chaque fois que j’ai voulu renoncé, les sages du HCME, m’en dissuade par ce que je fais leur affaire.
Dans une récente rencontre avec les hommes de Media, vous avez souligné que certaines personnes propagent des fausses informations, est ce que vous faisiez allusion au Conseil Supérieur de la Diaspora malienne (CSDM) ?
Nous ne faisons pas de conférence mensuelle ou hebdomadaire, nous les tenons quand c’est nécessaire. Nous avons fait un point de presse parce que des évènements se sont succédé notamment en Libye, en Mauritanie et en Algérie qui sont des pays en crise. Sur les réseaux sociaux des informations erronées sur la situation exacte de ces localités circulaient. Les gens s’inquiétaient, donc il fallait édifier la population. Au cours de ce point de presse, je n’ai mentionné le nom personne. En tant que président de tous les maliens de la Diaspora, je me devais d’apporter la version réelle devant un fait aussi ignoble. Nos démembrements sur les zones en questions qui accomplissent un travail remarquable, nous envoient quotidiennement des informations réelles sans ambigüités, vérifiées et vérifiables. Malgré la crise, nos présidents sont restés au chevet de nos compatriotes en compagnie des représentants de l’Etat. A chaque fois qu’il a un problème nous intervenons pour apporter la solution adéquate au grand bonheur de tous.
Parlez-nous de la situation en Mauritanie, en Libye et en Algérie !
En Mauritanie, après les élections, il a eu des rafles et certains de nos compatriotes qui sont fortement établi dans ce pays ont été accusés de participer à des contestations postélectorales. J’ai été mis au bain de la situation par le conseil de base de la Mauritanie. A mon tour, j’ai informé le gouvernement du Mali. Après une semaine de détention, ils ont été jugés devant le Président de base de la Mauritanie. Néanmoins, on n’a pu rapidement élargir les relations pour empêcher le pire. A leur tour, les autorités mauritaniennes avaient exigé la carte de séjour auxquelles nos compatriotes n’étaient pas habitués. Il ressort que 59 maliens n’avaient pas de titre de séjour donc ils ont été expulsés. Acheminés vers Gogui à 35 kilomètre de Nioro du Sahel, les frais de transport entre cette localité et Bamako ont été pris en charge par le gouvernement du Mali. Leur venue à coïncidé avec celle de 152 compatriotes refoulés de la Libye qui ont bénéficié de l’aide de l’OIM. Ils ont tous été mis en observation pendant trois jours au siège du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur. Après ils ont bénéficié de 58 000 Fcfa chacun pour regagner leur famille. Pour le cas de la Libye, je déplore la mort de deux compatriotes à cause du conflit, M. KONE et M. KANE. Ils travaillaient dans une usine de fabrication de tapis. Il nous revient (information reçu par le Président du Conseil de Base de la Libye) que ces deux compatriotes ont jugé bon de rester après instruction de décamper la zone dangereuse. Le destin à sa fatalité, trois jours plus tard, notre Président Harouna DIARRA très actif sur le terrain a retrouvé leurs corps. Ils étaient ligotés et criblés de balle. L’ambassade et le HCME ont fait le nécessaire. Il se trouve que CSDM réclame un d’entre eux, membre de son association. Mais chez moi, il n’y a pas de particularité, tous les maliens sont les mêmes. Quant à l’Algérie, des vidéos montées de toute pièce ont été colportées sur les réseaux sociaux pour effrayer la population. Dans cette vidéo les personnes bien portant, les mains dans la poche avec un accoutrement digne de ce nom véhiculaient des messages de secours par téléphone à l’endroit de Cherif HAIDARA. Quand j’ai vu l’image, j’ai appelé le Président du conseil de base de l’Algérie M. CAMARA qui m’a certifié qu’effectivement il y’a eu des descentes de la police mais que les maliens n’étaient pas concernés. Immédiatement je lui ai donné raison car je sais bien la manière à laquelle ils étaient habillés et on n’entre pas avec un téléphone dans une prison.
Où en êtes-vous avec l’histoire de la nationalité ?
C’est très simple, les maliens qui ont la double nationalité sont nombreux. Mais ce qui a suscité beaucoup de polémique est là où j’ai renoncé à ma nationalité sur le territoire Gabonais. Ce que beaucoup de personnes ignorent, à l’époque, mes activités et mes responsabilités ne me permettaient pas d’avoir certains avantages. Alors j’ai tenté une double nationalité que la loi gabonaise n’autorisait pas à l’époque. C’est ainsi que j’ai été contraint de renoncer à la nationalité malienne malgré mon statut de président des Maliens de l’extérieur au Gabon. Je me suis rendu chez Mamadou TOGO qui était le premier conseiller à l’Ambassade du Mali avec Alfousseni MAIGA conseiller consulaire. Je leur ai exposé le problème et on a fait un papier qui m’a permis de résoudre un certain nombre de problème et d’aider nos compatriotes. Mieux encore à l’époque le Président Alpha Oumar Konaré avait indiqué qu’en conformité avec la constitution de 1992, que chaque malien pour l’intérêt de ses activités peut prendre tous les engagements sans pour autant perdre sa nationalité. Après moi, il y a eu plus de 100 personnes qui ont bénéficié de cet avantage afin de contribuer au développement de notre pays.
Au jour d’aujourd’hui, avez-vous les documents certifiant que vous êtes malien ?
Je suis détenteur d’un passeport diplomatique malien que beaucoup de personnes n’ont pas. Je sers le Mali et les maliens. La plupart de mes réalisations sont faites au Mali non au Gabon alors que j’ai tout eu là-bas. J’aime le Mali et le Gabon m’a tout donné. J’ai l’amour des deux pays et je suis un patriote. Des immeubles, des villas tous construit pour contribuer au développement de mon pays. J’apporte ma contribution à chaque fois que mon pays a besoin de moi. L’armée a des problèmes, je cours et amène 100 millions. Allez-y voir ma réalisation dans mon village natal. Me demander si j’ai une nationalité malienne, c’est de me manquer de respect. Mon père et ma mère sont des maliens !Si on pouvait demander à ce monsieur qui vocifère ce qu’il a fait pour ce pays, ce qu’il a fait dans son village a ‘’Fatouma’’ ? Il est un malien de la Guinée, qu’est-ce qu’il a fait pour les maliens de la Guinée ? Quand il a un peu d’argent pour payer les journalistes, il raconte des choses. Mais est ce qu’il a secouru un malien ? Dans sa déclaration ce qui m’a un peu choqué, il va jusqu’à dire que ‘’lorsqu’un Tchadien meurt le corps est rapatrié alors que pour les Maliens, on les enterre dans une fosse commune… Ce ministre ne doit pas aller aux Etats Unis’’ mais il sort du cadre. Et que ‘’le Haut Conseil est un parti politique du RPM’’.
Justement qu’est ce qui explique la prise de position du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur lors de la dernière élection présidentielle alors qu’il est apolitique ?
Le haut Conseil va toujours faire le tour de pise par ce que, nous somme disciplinés, nous respectons le choix de la majorité. Une fois que le peuple malien désigne un Président nous le soutenons pour le pays. Mais pour une fois, j’ai demandé à l’extérieur de voter IBK par signe de reconnaissance. Il a tenu la promesse qu’il nous avait faite, en nous offrant une maison qui réponde conformément au besoin de la diaspora. J’ai pendant longtemps payé la location du HCME.
Avez-vous un souhait en l’endroit du peuple ?
Je souhaite que la paix qui est un comportement revienne au Mali. Ce pays qui est en crise depuis 2012, a vraiment besoin de l’unité. Et pour cela, ce n’est pas seulement les autorités, mais tout le monde de son côté doit contribuer pour sortir notre pays dans cette rude épreuve. En tout cas, nous les maliens de l’extérieur de tout bord, nous allons tout faire pour notre union puisque nous avons tous le même objectif : travailler pour le bien-être de nos compatriotes de l’extérieur. Je demande aux maliens de toujours respecter leur engagement.
Interview réalisée par :
Abdrahamane BABA KOUYATE et
Lamine BAGAYOGO/Bamada.Net