A la roulette russe, les débats, mercredi 3 avril 2019, à l’Assemblée nationale, ont tenu toutes leurs promesses et le peuple malien, dans son entièreté n’en a été que soulagé, noyant ainsi la chandelle des férus de choux gras. Et oui ! La question sécuritaire, vu le contexte, et en raison de la forte dose d’émotion inhibante consécutive à l’horreur d’Ogossagou, cette question sécuritaire a cristallisé tous les sentiments.
Mais face aux honorables députés, le Général de division Salif Traoré a, une fois de plus, fait montre d’un calme olympien, qui tire son essence dans le naturel de l’homme connu pour sa franchise et surtout sa saine appréciation des réalités. Lorsqu’il affirme que le temps joue en notre défaveur ou que ce n’est pas en cinq ans que nous pouvons avoir une armée de nos souhaits, cela reste une lapalissade. De même, lorsqu’il avise de ne point sous-estimer l’adversaire, en référence aux terroristes, qui, du reste, demeurent invisibles tout en bénéficiant de complicités internes insoupçonnées, cela reste également à méditer. Sans que l’enjeu de l’interpellation ne prenne le pas sur le débat, le Ministre Salif Traoré a souvent partagé avec les honorables députés certains points de vue qui en disent long sur l’esprit sain qui a prévalu lors des débats. Comme lorsqu’un député disait que cette interpellation est un cadre d’échanges et un autre de renchérir que le Gouvernement seul ne pourra aboutir à des résultats sans la conjugaison des efforts de tous. Au fil du débat, et eu égard à la gravité de la situation, le ministre Salif Traoré, avec pédagogie, tapa dans le mille.
« Le cœur seul ne peut pas, car nous avons en face de nous des individus sans foi ni loi et qui ont décidé de détruire notre cohésion sociale. Ne leur rendons pas la tâche facile. Le Gouvernement combattra résolument toute forme et toute idée d’amalgame ou de discrimination comme nous l’avons toujours fait. Nous ne pouvons pas tolérer ce comportement, car dans nos rangs, nous avons toutes les ethnies, toutes les couleurs » A la suite de ces mots, bien de rancœurs se sont tasser. Religieusement, les honorables députés ont écouté le Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, dans les détails des 15 000 hommes déployés sur le théâtre des opérations, sur la dissolution plutôt que la culpabilisation de l’Association Dan Amassagou et l’apport de la Minusma, et Barkhane, qui pour nous aider à maintenir la paix, qui pour nous appuyer afin de gagner du terrain.
C’est donc sur une note d’espoir que le ministre Salif Traoré clôturera ses propos, allusion faite à la grande opération en cours dans le centre avec la coopération des pays frontaliers et le renforcement sans équivoque du Plan de Sécurisation Intégrée des Régions du Centre (PSIRC) qui nous a permis d’organiser les élections de 2018 :
« Prenons conscience que les accusations portées ici et là ne profiteront qu’aux ennemis. C’est le jeu des terroristes. C’est seulement ensemble que ne pourront vaincre ceux-ci et avoir la paix au Mali ».
Ces mots, d’une haute portée émotionnelle, ont laissé l’ensemble des députés coi et n’eut été les contingences du moment, et le parfum de deuil qui flottait dans la salle, le général ministre aurait cassé l’applaudimètre tant il a impressionné par son brio.
Aly Keita
30minutes