Le renouvellement du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) était au centre des discussions du Conseil de sécurité de l’ONU, le 29 mars à New-York. Présente au Mali depuis 2013, la mission est souvent critiquée, face à une situation qui empire de plus en plus, et son utilité fait débat dans le pays. Son éventuel renouvellement sera discuté en juin.
« La présence de la MINUSMA là où je suis, à Douentza, est inutile. On avait eu des menaces ici mais elle n’est jamais intervenue. Ils nous disent que ce n’est pas à eux de prendre des gens ou de lutter contre les bandits », témoigne Hamadoun Dicko, un habitant de Douentza. « Nous voyons juste qu’ils sont là pour percevoir leur salaire et faire des achats, ce qui ne fait pas notre affaire », précise-t-il. Pourtant, le mandat de la mission est d’aider à la stabilisation du Mali tout en protégeant les civils des violences. Le 23 mars, plus de 160 personnes ont été massacrées dans le village d’Ogossagou. C’est dans ce contexte que le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni à New-York, le 29 mars, sur la situation au Mali et les perspectives du renouvellement du mandat de la mission.
Si le rapport du secrétaire général de l’ONU en date du 5 mars notait certains progrès dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, notamment le DDR et la tenue de l’élection présidentielle, des axes majeurs, comme la réforme constitutionnelle ou le redéploiement de l’armée reconstituée accusent du retard. « Nous avons été déçus qu’il ne fournisse pas d’évaluation claire de l’absence de progrès significatifs sur tous les points restants. Cette lacune contraste avec le rapport de l’Observateur indépendant, qui reconnaissait les progrès préliminaires mais tirait la sonnette d’alarme sur le manque de volonté politique pour mettre en œuvre l’Accord », a déclaré M. David Hale, Sous-secrétaire d’État aux affaires politiques des États-Unis, ajoutant attendre de « voir progresser les mesures en suspens avant que le Conseil de sécurité ne négocie la prorogation du mandat de la MINUSMA en juin », avertit-il. Pour l’analyste politique Boubacar Bocoum, « le constat d’échec est là. On avait pensé que la MINUSMA allait réduire les problèmes, mais plus elle dure, plus les attaques et les massacres augmentent », souligne-t-il. Pour le Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maiga, « une réduction des moyens ou des missions de la MINUSMA aura donc des conséquences extrêmement négatives sur la situation économique, qui aboutira au final au renforcement des groupes terroristes et à une nouvelle dégradation de la situation ».