Environ cent villages raillés de la carte du Mali, beaucoup d’écoles fermées, des centaines de morts, des milliers de blessés graves. Il y a eu beaucoup de réactions contre cette culture de la haine et de l’ethnocide avec des recommandations et des dénonciations appelant à ne plus collaborer ni héberger des suspects dans la Région de Mopti. Mais, paradoxalement, chez les Députés, ces fameux élus du Peuple, c’est l’indifférence totale, un silence abasourdissant qui amène à supposer qu’il y a implicitement attitude coupable au sein de l’Exécutif. Car, toujours est-il que ce dernier ne semble jamais avoir voulu prendre des mesures qui s’imposent face à cette situation frisant l’élan de génocide. À l’heure prévue pour le démarrage de la session parlementaire en cours, la salle était quasiment vide. Seuls, les membres du Gouvernement et quelques élus étaient sur place. Il fallait attendre plus d’une heure d’horloge pour que la séance puisse être ouverte par le Président de l’AN, l’Honorable Issiaka Sidibé.
À l’ouverture, les élus qui se sont succédé au pupitre n’ont eu qu’à demander au Chef du Gouvernement de chercher «les instigateurs, les associés au processus de paix et les résultats de missions, puis de créer des associations d’informateurs dans chaque village du Centre du pays ». Mais, aucun de ces «élus du peuple» n’a voulu savoir la vraie vision du Gouvernement par rapport à cette crise et qu’est-ce qu’il préconise pour désarmer les soi-disant chasseurs traditionnels (ou Dozo). Ce sont de simples questions qui portaient sur la capacité du Gouvernement de désarmer les milices ou de savoir où nous en sommes avec la lutte contre la prolifération des armes légères. Est-ce que le Mali a les moyens humains et financiers pour ramener la paix? Quelle est la stratégie de communication du Gouvernement? Ou encore, savoir plus sur le retrait de récépissé à certaines associations. Et, pourquoi ne pas démanteler les bases? Quelle est la politique de cohésion sociale et pourquoi l’État n’arrive-t-il pas à imposer la paix ? Les élus se sont indignés de l’information selon laquelle, à partir d’une heure, aucun militaire ne devrait sortir d’un camp, même s’il y a urgence. Des terroristes de nationalité sénégalaise et nigériane ont été signalés par des Organisations Non Gouvernementale à Mopti. Le phénomène est proche de celui produit suite aux évènements dans le Nord du pays avec l’enrôlement de nombreux jeunes locaux et des appuis d’autres nationalités. Le terrorisme auquel s’ajoute le conflit entre Peulhs et Dogons représente une menace pour notre sécurité, pour les valeurs de nos sociétés démocratiques et les droits et libertés dont nous jouissions d’avance. Le Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga, depuis sa nomination a affirmé sa volonté et sa détermination à combattre ce fléau en combinant, au plan stratégique, les trois D (défense, diplomatie et développement) et, au plan opérationnel, les trois C (concertation, cohésion complémentarité). Plusieurs établissements scolaires de la Région de Mopti demeurent fermer. En septembre 2017, l’organisation de défense des droits humains, dans un Rapport publié, accuse le Mali d’abus, alors que le Gouvernement parle: «d’allégations mensongères dont l’objectif n’est autre que de saper le moral des troupes sur le théâtre des opérations ». Human Rights Watch rapporte, par ailleurs, avoir documenté « l’existence de trois fosses communes qui auraient contenu les cadavres d’au moins 14 hommes », probablement « exécutés après avoir été détenus par des militaires maliens ».
Par ailleurs, l’Association malienne pour la promotion de l’identité peulh, « Tabital Pulaaku » avait déjà, par le passé, dénoncé « les exactions, disparitions et autres mauvais traitements perpétrés sur des populations civiles dans la Région de Mopti ».
Mahamadou Yattara
LE COMBAT