La bonne gouvernance, la gestion transparente n’est qu’utopie tant que les services publics et les institutions ne sont pas animés par des hommes et des femmes dévoués et intègres, donc honnêtes. C’est fort de ce constat que l’Association Accountabilitylab Mali a initié «Integrity Idol Mali» dont le lauréat de la seconde édition est connu depuis samedi dernier (9 décembre 2017). Son nom a été révélé lors d’un gala à l’Hôtel de l’Amitié de Bamako. Et c’est Baba Mahamane Mahamane du lycée Mahamane Alassane Haïdara de Tombouctou qui a remporté le trophée de l’honnêteté et de l’intégrité dans les services publics maliens.
Ils étaient, après le travail remarquable du jury, cinq héros de l’ombre qui méritent d’être quotidiennement célébrés. A l’arrivée, un seul vainqueur : Baba Mahamane Mahamane de Tombouctou. Ce professeur d’enseignement secondaire au lycée Mahamane Alassane Haïdara de la Cité des 333 Saints a largement remporté les votes par SMS et appels téléphoniques avec 17 998 points.
Il remporte donc le trophée de la seconde édition d’Integrity Idol Mali devant Mme Nassou Kéita (directrice du jardin d’enfants du Camp des Gardes, Bamako), N’Tji dit Jaques Dembélé (professeur-Chercheur à l’Université, Bamako), Mme Maïmouna Camara (Infirmière au service de Santé des Armées, Ségou) et Abdramane Boulhaf Kané (maitre du second cycle et directeur de l’école de Manta, Koulikoro).
Il faut rappeler que, dans un premier temps, c’est un groupe restreint de 30 candidats qui ont été choisis par Accountabilitylab Mali et ses partenaires dans un lot de 3 011 nominés. Ensuite un jury de cinq membres (Daouda Tékété, Niama Koné, Maïmouna Hélène Diarra, Maïga Fatoumata Maïga et Moussa Bolly) a épluché les dossiers pour désigner 5 finalistes et trois suppléants au bout de près de 6 heures de débats et de réflexion.
Et pour la dernière phase, ce sont les votes par SMS et par appels téléphoniques qui ont permis de choisir le successeur d’Issa Dia (un soldat des FAMa muté à Tombouctou peu de temps après son sacre) sacré lors de la première édition.
Une initiative atypique pour vaincre la corruption
Le choix du 9 décembre pour révéler le nom du vainqueur n’est pas fortuit d’autant plus que c’est à cette date qu’est célébrée la Journée internationale contre la corruption. Un fléau contre lequel l’intégrité et l’honnêteté sont deux valeurs essentielles à promouvoir.
Le responsable pays d’Accountabilitylab Mali, Moussa Kondo, a d’ailleurs profité de l’occasion pour rappeler que dans notre pays il existe une panoplie de textes et de services chargés de prévenir ou de réprimer la corruption, la délinquance financière…
Mais hélas, a-t-il déploré, «leur impact sur la lutte contre ce fléau est à désirer. D’où la nécessite de changer d’angle pour faire bouger les lignes en mettant en relief les fonctionnaires honnêtes et intègres». En effet comme contre tout fléau social et économique, le changement de mentalité et de comportement est une condition sine qua non de l’efficacité d’une stratégie contre la corruption et le détournement des deniers publics.
L’ambassadeur du Royaume des Pays Bas, M. Jolke Oppewal, a salué cette initiative qui vise à sortir de l’ombre ceux qui font «un travail remarquable au quotidien». Le diplomate a rappelé que «la corruption entraîne la destruction du tissu social, de la solidarité comme valeur. Elle rompt le Contrat social entre gouvernants et gouvernés, entre les institutions et les couches qu’elles représentent».
L’ambassadeur Jolke Oppewal a aussi rappelé que «la transparence
repose sur des personnes intègres et de haute moralité». Et de conclure en soulignant que «l’intégrité n’est pas une valeur facile à assumer cause de la pression sociale (famille) et la méfiance des autres pour qui un collègue honnête est une menace pour leurs intérêts».
Dans son intervention, M. Hamidou Doumbia de Global Shapers community a également salué la pertinence d’une initiative visant à célébrer «des hommes et des femmes d’honneur». Il a attiré l’attention sur les conséquences de la corruption qui ne cesse de croitre de façon vertigineuse dans notre pays. La preuve est qu’il ressort du Rapport 2015 du Vérificateur Général présenté en octobre 2017, une irrégularité financière de 70, 13 milliards de F Cfa, dont 32,78 milliards en fraude et 37,35 milliards en mauvaise gestion.
Et cela dans seulement 23 structures, comprenant une Institution de la République, des services de l’Administration centrale y compris des Directions des finances et du matériel, des Autorités administratives indépendantes, des organismes personnalisés et des sociétés à participation étatique.
«Cette inquiétante croissance de fléau montre que stigmatiser les autres ne marchent pas. Il faut récompenser les meilleurs pour qu’ils soient des modèles, des références… D’où la pertinence de l’initiative d’Accountabilitylab Mali», a indiqué M. Doumbia.
Pour le lauréat de cette seconde édition, Baba Mahamane Mahamane du lycée Mahamane Alassane Haïdara de Tombouctou «l’intégrité est la base du développement». Quant à Abdramane Boulhaf Kané, maitre du second cycle et directeur de l’école de Manta, Koulikoro, il a martelé que «l’intégrité est cette essence qu’il nous faut dans la gestion des affaires publiques».
Ce que nous pouvons retenir de cette magnifique soirée animée par le «Guerrier du Bwatu» Ben Zabo (de son vrai nom Arouna Moussa Coulibaly, le précurseur de l’afrobeat malien) et son groupe, c’est que nous devons être tous une sentinelle de droiture, d’honnêteté et d’intégrité contre la corruption, la délinquance financière… !
Moussa Bolly
Espérance