Dans l’océan de la corruption et de la délinquance financière qui gangrène la nation malienne, il y a encore des femmes et des hommes qui tiennent au respect et à leur dignité pour cultiver la valeur de l’intégrité. Ils ne sont pas très visibles car discrets et humbles. Et pourtant, ils méritent d’être connus et célébrés comme des héros et des héroïnes afin que leur parcours et leur probité morale fassent tâche d’huile dans notre société, dans notre pays.
C’est à cela qu’Accountability Lab-Mali (ALAB/Mali) œuvre à travers son programme dit «Integrity Icon Mali» (Icône de l’Intégrité au Mali) dont la 4e édition tire vers sa fin. Ainsi sur 4060 dossiers reçus (60 % de femmes), 30 ont été soumis (après le dépouillement par des partenaires et des organisations de la société civile) à un panel d’experts qui a désigné les cinq finalistes présentés à la presse jeudi dernier (17 octobre 2019). Le successeur de Malick Coulibaly (l’actuel ministre de la Justice et lauréat de la 3e édition) sera connu au cours d’un gala prévu le 23 novembre 2019 à Bamako.
Les cinq finalistes sont Mme Sidibé Mahawa Haïdara (administrateur civil, chargée de mission au ministère de l’Intégration africaine), Mme Coulibaly Mariam Bamba (conseillère pédagogique chargée de la scolarisation des filles au CAP de Dioïla), M. Abdoulaye Coulibaly (agent technique des Eaux et Forêts à Koro/Mopti), M. Issa Traoré (coordinateur de Centre-EDM SA de Diré/Tombouctou) et Mme Coulibaly Aminata Goïta (médecin cheffe du District sanitaire de Sikasso). Ils sont classés par ordre (de 1 à 5) afin de permettre au public de choisir le lauréat en votant par SMS (+223 78 20 28 28) ou sur le site : www.integrityicon.org/mali.
L’utilité et la pertinence de cette initiative ne sont plus à démontrer si l’on sait que la corruption est la racine de l’essentiel des difficultés auxquelles notre pays est aujourd’hui confronté. «Quand une seule personne s’accapare des biens ou des richesses de millions de citoyens, il va de soi que ces derniers soient confrontés à des difficultés par rapport à l’accès à l’éducation, à la santé, à l’énergie et l’eau… à la sécurité», a rappelé M. Moussa Kondo, le directeur-pays d’ALAB, en attirant l’attention sur les conséquences de la corruption, de la mauvaise gouvernance.
D’où la pertinence de cette initiative visant à «encourager ceux qui ont décidé d’eux-mêmes de se soustraire de ce système et rendre honnêtement aux citoyens, dans la courtoisie, les services pour lesquels ils sont payés», a-t-il souligné.
Pour la présidente du Conseil d’administration d’ALAB/Mali, Mme Niama Koné, «Integrity Icon est un outil efficace pour lutter contre la corruption afin de forger un avenir meilleur pour notre pays». Et de préciser que cela est un combat de longue haleine qu’il faut mener avec courage et intégrité. «La corruption n’est pas un moyen de développement. Et pour hisser notre pays au niveau de l’émergence souhaité, tous les Maliens doivent se dresser contre ce fléau», a souhaité Mme Niama Koné.
Et comme l’a dit l’un des finalistes dans la vidéo de présentation, Mme Sidibé Mahawa Haïdara, «quand les hommes trahissent, l’Etat ne peut que faillir». Autrement, dira Mme Coulibaly Mariam Bamba de Dioïla, «sans intégrité, il n’y a pas de développement». Des convictions qui prouvent que le panel d’experts indépendants, présidé par le doyen Daouda Tékété, a fait des choix judicieux. Au public maintenant de les départager en votant massivement.
A noter qu’Integrity Icon-Mali est un mouvement national qui se passe sur le terrain, en ligne et à travers les médias traditionnels. Il vise à identifier et à célébrer les fonctionnaires honnêtes et intègres de l’administration publique. Il s’agit aussi de générer «une conversation constructive sur l’intégrité et la responsabilité» afin de constituer un réseau de fonctionnaires qui peuvent lutter contre la corruption. Selon M. Kondo, «le Projet Integrity Icon met en évidence l’intégrité dans le public pour permettre aux Maliens de s’interroger sur les réalités existantes ; de soutenir le changement de comportements susceptible d’améliorer la vie des populations». Ce programme s’inscrit dans une campagne mondiale qui a débuté en 2014 au Népal.
Moussa Bolly