L’Alliance des Etats du Sahel (AES/Burkina, Mali et Niger) va-t-elle quitter l’Uémoa et bâtir sa propre monnaie ? L’idée fait son petit bonhomme de chemin si l’on se réfère à une déclaration faite dimanche dernier (11 février 2024) à la télévision nigérienne par l’homme fort de Niamey (Niger), le Général de Brigade Abdourahamane Tiani.
Réunis depuis le 16 septembre 2023 au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le Burkina Faso, le Mali et le Niger réfléchissent à bâtir une monnaie commune. C’est ce qu’a laissé entendre le président de Transition du Niger, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, dans une déclaration publique dimanche dernier (11 février 2024) à la télévision nigérienne. «La monnaie est une étape de sortie de cette colonisation», a déclaré l’Homme fort de Niamey en référence au franc CFA. Mais, il a donné peu de précisions par rapport à la réflexion en cours.
Le président nigérien a néanmoins rappelé que les pays de l’AES ont «des experts monétaires». Et d’assurer, «au moment opportun, nous déciderons». Le Général Tiani a surtout rappelé que «la monnaie est un signe de souveraineté» et que «les Etats de l’AES sont engagés dans un processus de recouvrement de leur souveraineté… Il n’est plus question que nos Etats soient la vache à lait de la France».
Une fois mise en circulation, cette monnaie va alors se substituer au franc CFA qui est aujourd’hui commun aux huit pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), dont le Burkina, le Mali et le Niger font encore partie. Autrement, les trois pays envisagent de quitter l’Uémoa et la Zone CFA. C’est la première fois qu’un dirigeant des trois pays se prononce officiellement sur la question.
En tout cas, du côté du Mali, une sortie de l’Uémoa n’a pas été explicitement envisagée. Bien au contraire, certaines réactions (après l’annonce du retrait de la Cédéao le 28 janvier 2024) au sein du gouvernement ont amené des observateurs à croire que cette option n’est pas encore envisagée. Elle n’a pas été non plus écartée officiellement.
Il faut néanmoins rappeler que, en novembre dernier, les experts ainsi que les ministres de l’Economie et des Finances de l’AES avaient notamment recommandé la création d’un fonds de stabilisation et d’une banque d’investissement. Le Général Tiani a tenu ces propos deux semaines après le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) accusée d’être «instrumentalisée par la France» !
Hachi Cissé