L’insuffisance rénale est une maladie qui évolue sans symptômes spécifiques. Les manifestations sont multiples et peuvent s’apparenter à plusieurs maladies. Le chef de service de la néphrologie du Centre Hospitalier Universitaire du Point G, Pr Saharé Fongoro, explique qu’une insuffisance rénale est un déficit de fonctionnement des deux reins. C’est une dysfonction d’un appareil situé de part et d’autre de la colonne lombaire. Ces appareils (reins) sont chargés de trois fonctions; à savoir : d’excrétion, d’élimination et de sécrétion. Pour le spécialiste, une fois qu’il y a un déficit, le rein ne joue plus ces différents rôles. N’étant plus capable d’éliminer les déchets toxiques, ceux-ci vont s’accumuler dans l’organisme et présenter des symptômes. Sur ce point, Pr Saharé Fongoro précise que l’insuffisance rénale est une maladie, dont les symptômes ne sont pas spécifiques. Ce qui veut dire qu’il n’y a pas un seul signe qui peut désigner la maladie. «C’est ce qui rend complexe le diagnostic», spécifie-t-il.
Selon le professeur, il y a des maladies pourvoyeuses de l’insuffisance rénale comme le diabète, l’hypertension artérielle, les infections parasitaires, la drépanocytose, les médicaments néphro-toxiques, etc. C’est ce qui amène le spécialiste à soutenir que pour lever toute équivoque, il faut un diagnostic approfondi pour déterminer si ce n’est pas une complication de l’insuffisance rénale. Il ajoutera que le seul moyen pour détecter la maladie est la recherche d’albumine dans les urines et le dosage de la créatinine plasmatique.
Comme signes clés de la maladie, le néphrologue du CHU du Point G dit que ce sont les signes de l’urémie qui se caractérisent par des taux anormalement élevés de déchets dans le sang. Les déchets, explique-t-il, vont s’accumuler dans l’organisme et se traduire par la fatigue, le manque d’appétit, les nausées, l’amaigrissement. Et Pr Saharé Fongoro de préciser que ces signes ne sont visibles que lorsque la maladie est avancée. Concernant la fréquence, il confie que la maladie est en nette augmentation. C’est une fréquence qui est passée de 1,90% en 1990 à 30% aujourd’hui. II explique cette augmentation par le fait qu’avant, on avait un bon régime alimentaire contrairement à nos jours. Pour le spécialiste, la plupart des personnes souffrant d’insuffisance rénale sont des sujets jeunes. La tranche d’âge tourne autour de 30 à 40 ans. En ce qui concerne la prévention, le médecin déclare qu’il faut créer un programme de prévention qui permet d’évaluer les causes de la maladie. Pour le faire, il préconise une enquête pour déterminer l’étiologie, établir les causes par priorités et lutter contre ces différentes causes.
Selon Pr Saharé Fongoro, le traitement de cette pathologie est de deux sortes : il y a le traitement médicamenteux et le traitement conservateur. Le premier type permet de traiter les causes et les complications de la maladie à un stade donné. Mais si l’insuffisance rénale atteint un niveau très avancé, le néphrologue révèle que les médicaments ne permettent pas de soulager le malade. Dans ce cas, il faut aller au traitement conservateur qui est la dialyse. Celle-ci comprend trois méthodes de traitements; à savoir : l’hémodialyse, la dialyse péritonéale et la transplantation rénale. Parmi ces méthodes, seule l’hémodialyse est pratiquée dans notre pays. C’est un procédé mécanique extracorporel qui permet de nettoyer le sang.
Dans les années 1998, la séance coûtait 125.000 Fcfa. Mais, de nos jours avec la subvention de l’Etat, la séance coûte 2.500 Fcfa. Avec au départ 2 générateurs, le service dispose maintenant de 32 générateurs. Pour chaque malade, il faut deux séances par semaine. Et la séance dure de 3 heures à 3 heures et demi. D’après le chef de service de néphrologie du CHU du Point G, une séance doit normalement durer au maximum 5 heures de temps. Pour respecter ce temps, le service doit disposer d’appareils supplémentaires et renforcer son équipe en personnel soignant.
Fatoumata NAPHO
Source: Journal l’Essor-Mali