C’est en principe le vendredi dernier que la mise en place des autorités intérimaires devait débuter dans les 5 régions administratives du Nord-Mali. Cependant, la mise en place de ces autorités, prévues en application de l’accord pour la paix issu du processus d’Alger, a connu un léger décalage pour diverses raisons. Explication…
C’est un secret de polichinelle. La mise en place de ces autorités intérimaires, qui retient aujourd’hui l’attention tant du côté de l’Opposition, que de la Majorité ou encore des Groupes armés et de la communauté internationale, était prévue dans l’accord d’Alger, signé par l’ensemble des acteurs et des parties prenantes pour une sortie de la crise dans notre pays. Mais elle n’avait pas vu le jour en raison surtout des multiples et diverses divergences dans l’interprétation du contenu de cet accord.
Il a fallu attendre le 31 mars dernier pour voir l’Assemblée nationale du Mali adopter la loi y relative, sur fond de batailles rangées entre les députés de la mouvance présidentielle et ceux de l’opposition qui ne voulaient pas en entendre parler. Et surtout l’entente conclue plus tard entre le Gouvernement et les groupes armé aux termes de laquelle les collectivités territoriales du Nord seront remplacées par des autorités intérimaires.
Selon un calendrier arrêté, il était prévu à partir du 1er juillet l’installation, dans les régions, du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) chargé de conduire des patrouilles mixtes composées d’éléments des trois parties, alors que le redéploiement des services de l’État dans le Nord et la mise en place des autorités intérimaires étaient programmés, du 15 juillet au 15 août prochain.
Les membres de ces autorités intérimaires seront « désignés de façon consensuelle » par les trois parties « parmi les agents déconcentrés des services de l’État, la société civile et les conseillers sortants » des collectivités qu’elles remplacent.
L’Autorité intérimaire de Région désigne en son sein un président et deux vice-présidents.
Au niveau de la collectivité territoriale de Cercle, l’Autorité intérimaire comprend autant de membres que le conseil de cercle qu’elle remplace.
Les membres de l’autorité intérimaire de Cercle sont désignés de façon consensuelle par le Gouvernement, la Plateforme et la Coordination parmi les agents des services déconcentrés de l’Etat, la société civile et les conseillers sortants.
Aussi, l’Autorité intérimaire de Cercle désigne en son sein un président et deux vice-présidents.
Au niveau de la Collectivité territoriale de Commune, l’Autorité intérimaire comprend aussi autant de membres que le conseil communal qu’elle remplace.
Dans le souci d’uniformisation du statut et des compétences des collectivités territoriales concernées, les autorités intérimaires seront installées dans toutes les communes des régions de Tombouctou, Gao, Kidal, Taoudénit et Ménaka.
L’organe délibérant fonctionnel de la Commune est automatiquement érigé, en autorité intérimaire dans l’intégralité de sa composition initiale.
En cas de constat de non fonctionnalité d’un conseil communal fait par les parties, le Gouvernement, la Plateforme et la Coordination désignent de façon consensuelle les membres de l’autorité intérimaire au niveau de la commune concernée.
L’Autorité intérimaire désigne en son sein un président et deux vice-présidents.
Cependant, le processus de désignation des autorités intérimaires qui devait commencer à partir du vendredi 15 juillet dernier, et ce en application de l’accord de paix, a connu finalement un léger décalage.
Selon des sources concordantes, la mise en place de ces organes de transition va prendre un « léger retard » pour diverses raisons.
L’une des raisons, évoquées par ce haut responsable au sein du ministère de l’administration territoriale ayant gardé l’anonymat, est relative à des problèmes logistiques et organisationnels qui demeurent encore à résoudre.
En somme, toutes les conditions pratiques n’étaient pas réunies pour passer à l’opérationnalisation de la mise en place de ces autorités qui devrait commencer par la ville rebelle de Kidal.
Une autre raison qui justifie ce report, nous rapportent la même source, est relative à l’absence des principaux protagonistes, notamment les responsables de la CMA et la Plateforme qui contrôlent la ville, lesquels se trouvent actuellement à Niamey, dans la capitale nigérienne pour des discussions. La tension étant montée ces derniers jours entre les groupes armés contrôlant la localité, notamment le HCUA et le GATIA à cause du parage du « gâteau ». Et pour preuve : si la signature de l’accord d’Anéfis, spécifiant que « les deux communautés s’accordent sur la gestion concertée et inclusive des problèmes politiques sur la base du partage équitable des pouvoirs », il semble être les éléments déclencheurs qui ont mis dos à dos ces « deux frères d’hier». En effet, il existe entre les groupes armés plusieurs points de discordes : le partage équitable du pouvoir entre les commissions qui gèrent la vie socioéconomique de la ville de Kidal, la mainmise de la CMA sur les check-points stratégiques qui génèrent des ressources financières en terme de taxes, la nomination d’un gouverneur à Kidal, réputé être très proche du HCUA et enfin, le poste de président du Conseil régional, dans le viseur des deux mouvements. Voilà des situations qui préoccupent au plus haut point les populations, À Kidal, qui craignent l’imminence d’un affrontement, et surtout les hautes autorités qui espèrent que la réunion de Niamey pourra régler la tension.
Sans compter également que la perspective de l’installation de ces organes de transition intervient dans un contexte de forte mobilisation et de contestation ayant provoqué la mort de trois manifestants et de plusieurs blessés à Gao.
Par ce décalage, il s’agit enfin de prendre en compte les recommandations du Président de la république, qui dans son dernier message à la Nation, sur les incidents survenus à Gao, qui auraient pu être évités, recommande d’œuvrer encore davantage pour sa meilleure compréhension et son appropriation par l’ensemble des couches de notre peuple.
« Les inquiétudes suscitées par certaines dispositions de l’accord (de paix) découlent, de manière évidente, d’interprétations erronées », a affirmé le Président IBK, qui se dit convaincu qu’elles se dissiperont progressivement, si de bonne foi, nous acceptons collectivement de conjuguer nos efforts, tous acteurs confondus, en ayant pour objectif le devenir d’un Mali stable et prospère.
Par Mohamed D. DIAWARA
Source: info-matin.