L’Inspection des services de sécurité et de protection civile œuvre pour la bonne gestion des ressources financières et matérielles. Ce faisant, elle contribue au rétablissement et au renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire
L’Essor : Le rétablissement et le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national font partie des missions de la Transition. Comment votre service entend apporter sa contribution pour relever ce défi ?
Inspecteur général Samba Keïta : Le premier axe du Plan d’action gouvernemental porte sur le rétablissement et le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national. En effet, la sécurité demeure la priorité des priorités pour notre pays, qui y joue sa survie en tant que Nation et en tant qu’état. Dans le cadre de ses attributions, l’Inspection des services de sécurité et de la protection civile apporte sa contribution pour relever ce défi sécuritaire par le contrôle du fonctionnement et de l’action des services de sécurité et de la protection civile et tout autre service ou organisme relevant du ministère en charge de la Sécurité et de la Protection civile.
L’inspection est chargée aussi de veiller à l’application et au respect des dispositions législatives et réglementaires relatives à la gestion financière, administrative et matérielle par les services de sécurité et de la protection civile. Elle a pour mission également d’assister les services et le personnel par des informations et des conseils et par voie de formation, en vue d’améliorer leurs méthodes de travail et leur efficacité.
L’Essor : Pour l’audit de la gestion des fonds alloués à certains secteurs dont celui de la sécurité, le Plan d’action du gouvernement prévoit le renforcement des services d’inspection des états-majors et ceux de l’inspection générale des Armées et services. Cette volonté est-elle conforme à l’esprit dans lequel votre service a été créé ?
Inspecteur général Samba Keïta : Cette volonté du gouvernement de Transition est conforme à l’esprit dans lequel notre service a été créé. En effet, l’Inspection des services de sécurité et de protection civile, comme la plupart des inspections ministérielles, est née à la suite des recommandations d’une étude de la Banque mondiale sur l’état de la corruption au Mali. Cette étude a été commanditée par l’ancien président de la République Alpha Oumar Konaré en 1998.
Plus tard, le gouvernementa adopté en 2005 le Plan d’action gouvernemental pour l’amélioration et la modernisation de la gestion des finances publiques (PAGAM/GFP) en vue d’achever, de consolider et d’approfondir la réforme du système de gestion des finances publiques. Ce plan s’inscrit dans la stratégie nationale de réduction de la pauvreté de même que dans le Programme de développement institutionnel (PDI) dont il est une sous-composante.
Suite aux résultats de l’évaluation de la première phase, les partenaires techniques et financiers ont recommandé la poursuite du Programme par l’élaboration de la deuxième phase (PAGAM/GFP II) qui intègre les principes de la Gestion axée sur les résultats (GAR).
Ce plan prévoit de renforcer les capacités des organes de contrôle administratif pour leur permettre de remplir leurs missions permanentes de contrôle et leurs responsabilités dans la mise en œuvre des actions du programme anti-corruption. Il vise trois objectifs spécifiques : assurer la cohérence et l’efficacité des structures de contrôle ; assurer la fiabilité des contrôles administratifs et renforcer spécifiquement les inspections sectorielles afin qu’elles puissent maitriser le contrôle de l’exécution des budgets-programmes.
L’Essor : Quelles sont les missions assignées à l’Inspection des services de sécurité et de la protection civile ?
Inspecteur général Samba Keïta : Il existe trois types de missions au sein de l’ISSPC : des inspections planifiées dans la programmation annuelle, des enquêtes administratives ponctuelles confiées par le ministre, des missions ponctuelles (reprise-remise sur le plan financier essentiellement), lors des changements de fonction des directeurs des services subordonnés.
Les inspecteurs de l’ISSPC sont outillés pour effectuer les missions de vérification ci-après : vérification de conformité ; vérification financière ; vérification de performance et vérification de gestion du matériel.
L’Essor : Que peut-on retenir en termes d’acquis ou de résultats ?
Inspecteur général Samba Keïta : En termes d’acquis et de résultats nous allons dire que les inspecteurs sont mieux outillés pour les missions à eux confiées ; le programme annuel de l’inspection est totalement exécuté ; toutes les missions inopinées recommandées sont exécutées ; les bonnes pratiques sont faites dans les services de sécurité et de protection civile ; une bonne gouvernance, une administration des services de sécurité adaptée et suffisamment orientée vers le développement est perceptible dans nos structures ; un changement de comportement a été remarqué dans l’exécution des tâches.
L’Essor : Peut-on savoir les grands défis que votre service doit relever ?
Inspecteur général Samba Keïta : Les défis du moment que l’ISSPC doit relever sont le renforcement de ses capacités opérationnelles par la mobilisation des ressources auprès des partenaires pour l’acquisition de matériel de transport ; de matériel de communication ; l’accompagnement dans les missions de contrôle. S’y ajoutent le renforcement en ressources humaines car sur 15 inspecteurs prévus il n’y a que 7 ; l’instauration d’une culture de bonne gouvernance dans les services de sécurité et de protection civile.
De plus, le budget attribué à l’ISSPC consacré aux missions est insuffisant. Mis en place semestriellement, les moyens financiers font l’objet de nombreuses coupes ou sont parfois reçus tardivement, conduisant à la suppression ou au report de certaines missions programmées. En outre, les moyens financiers nécessaires à toute mission prescrite sous le signe de l’urgence, à la demande du ministre, sont déduits du volume des frais de missions prévues au calendrier annuel. Il existe aujourd’hui un aléa permanent sur l’effectivité des budgets qui sont attribués, ce qui réduit la marge d’initiative.
Les textes de référence prévoient deux départements (Sécurité et Protection civile) au sein de l’ISSPC. Ces départements n’existent pas dans les faits car aucun Arrêté du ministre ne réglemente chaque département ; De plus, les inspecteurs ne sont pas répartis entre les deux départements.
Le cadre organique de l’ISSPC prévoit un effectif total de 32 personnels dont un inspecteur en chef, un adjoint, 15 inspecteurs. Ce texte précise en outre le niveau hiérarchique requis pour les différentes fonctions considérées. Les grades requis sont de niveau très élevé, réduisant ainsi les possibilités d’affectation de cadres plus jeunes dans cette structure.
Ce décret prévoit également un secrétariat de 5 personnes, un pool de 8 chauffeurs, un standardiste et un secrétaire. Bien que comportant un secrétariat, l’ISSPC ne dispose pas réellement d’une cellule interne de soutien, assurant les principales missions d’appui relevant d’une telle structure: suivi des statistiques, relevés des sanctions, inventaire des recommandations, enregistrement et suivi des plaintes etc.
Les effectifs théoriques de l’ISSPC, relativement importants – sous réserve d’être honorés– devraient lui permettre d’assurer ses missions dans des conditions satisfaisantes. En termes de moyens (véhicules, locaux, matériel informatique, etc…), force est de constater que ces derniers sont relativement réduits et ne permettraient pas d’assurer les missions prescrites si les effectifs prévus dans les textes étaient réalisés.
L’Essor : Quelles sont les perspectives de l’Inspection des services de sécurité et de la protection civile ?
Inspecteur général Samba Keïta : Celles-ci ont trait au renforcement des capacités opérationnelles de contrôle et d’inspection des services de sécurité et de la protection civile ; à l’acquisition de moyens adaptés et suffisants pour des missions d’inspection. Sans oublier le renforcement du cadre légal (relecture des textes relatifs à l’organisation, au fonctionnement et au cadre organique de l’ISSPC) ; le renforcement des ressources humaines de l’ISSPC et l’amélioration du budget alloué au fonctionnement de ce service.
Propos recueillis par
Massa SIDIBÉ