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Insécurité, manque d’initiative républicaine, carence d’autorité… Le Mali, grand malade de ses dirigeants

Il y a quelques temps, nous nous interrogions, sur ses mêmes colonnes, sur le fait de savoir si le Mali était le pays le plus difficile à gouverner de l’Afrique de l’ouest. Aujourd’hui, au vu de l’état du pays sur tous les plans, nous nous rendons compte combien nous fumes naïfs. Définitivement et incontestablement, le Mali est le pays avec le plus grand nombre de défis à relever, dont certains d’ordres existentiels. Mais, cela n’exonère en rien la responsabilité des gouvernants. Aujourd’hui, le Mali est un grand corps malade, une république bananière qui fait semblant d’œuvrer pour le bien de tous.

Chers lecteurs, souffrez de ne point trouver en ces lignes, aucune exagération. La gravité de la situation globale du pays est telle que plus rien n’incite à l’optimisme. Excepté, peut-être la providence divine. Paradoxale ! Car très souvent les Maliens ne trouvent autre coupable que le divin, des maux dont souffre leur pays.

Pendant que les soldats maliens peinent à faire face au péril sécuritaire, voilà qu’un général, chef de la Sécurité d’Etat, se permet de fêter en grandes pompes ses 50 ans en invitant en sa demeure une super star africaine. Où est le devoir d’exemplarité vis-à-vis de ses frères d’armes ? Où est le devoir de réserve qu’il doit faire preuve puisqu’étant à la tête d’une institution qui doit briller par sa discrétion ? Et surtout, où est la pudeur morale vis-à-vis des parents des victimes tombés sur le champ d’honneur. A coups sûrs, le cachet de ce Fally ainsi que sa prestation pouvait faire un certain bien à un camp militaire en matière d’équipements. Et alors que l’on s’attendait au limogeage de ce dernier pour ne serait-ce que donner l’exemple, eh bien, il est maintenu !

Egalement, que dire des politiques ?! Eux qui, publiquement, ne jurent que pour le bonheur du Mali, en réalité, ils ne roulent que pour leurs propres intérêts. Qui d’entre eux a pu proposer des solutions aux problèmes qui assaillent le Mali, depuis de longues années. Majorité et opposition, toutes les deux semblent reléguer au second plan l’insécurité, la conjoncture économique, l’insécurité, pour satisfaire leur égo. Le président IBK reçoit son « frère » Soumaila Cissé à Koulouba, cela fait la Une des journaux. Mais, pour quels résultats ?! Les politiques se livrent à une sorte de Kotèba, alors que le pays s’enfonce de plus en plus dans une nouvelle crise multidimensionnelle. Quand-est ce qu’ils comprendront que même cette mise en scène à laquelle ils se livrent est possible parce qu’uniquement le pays existe ? Sont-ils si aveuglés par leurs égos et leurs soifs du pouvoir qu’ils ne perçoivent pas autour d’eux que le pays a affecté dans ses fondements ?

L’épicentre de l’insécurité qui était au nord s’est déplacé au centre, et cette fois, ce n’est pas la faute aux terroristes. Au cours de la seule année 2018, 500 civils ont été tués lors d’affrontements inter communautaires, sans prendre en compte la toute dernière d’Ogossagou qui a fait plus de 160 victimes. Un nombre de victimes bien loin de celui enregistré lors de l’occupation terroriste du nord malien en 2012. Face à l’absence de l’Etat, des milices s’organisent pour défendre leurs communautés. La suspicion s’est installée dans la zone, et le moindre amalgame a comme résultat une tuerie de masse. Certes, la déliquescence de l’armée ne date pas d’aujourd’hui. De même, l’on ne peut équiper valablement une armée qui a été désarmée durant plus de 20 ans. Cependant, ne doit-on pas faire profil bas et surtout consacrer les maigres ressources de l’Etat qu’à l’essentiel ? Et d’ailleurs, d’où est ce que ce général fêtard  a obtenu tous ces millions pour sa Java? Eh bien, des caisses de l’Etat qu’on dit pas assez garnies !

Tous les Maliens sont interpellés, au-dedans comme au dehors, pour sauver le Mali. Mais de grâce, que les gouvernants, et de manière générale, les élites du pays, donnent l’exemple. Car, pour le moment, le peuple semble bien occupé à chercher son pain, et peu ont les ressorts moraux et intellectuels nécessaires pour demander, de la voix et du geste, la justice, la transparence et l’autorité étatique.

Ahmed M. Thiam

Source: Infosept

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