La saison pluvieuse s’annonce très humide, avec des risques d’inondations cette année au Mali, selon les prévisions de Mali-Météo et de diverses organisations africaines spécialisées. Face aux alertes, les mairies élaborent des actions tendant à répondre efficacement aux pluies.
« Cette saison, on prévoit une saison vraiment humide. Elle va commencer tôt, avec une petite pose sèche, et prendra fin tardivement », alertait déjà en mai dernier le Directeur général de Mali-Météo, Djibrilla Maïga.
Selon les prévisions saisonnières 2022 de l’agence, on annonce de fortes pluies, surtout en juillet et août. « Au regard des quantités de pluies attendues, les risques d’inondations sont élevés », alerte Mali-Météo.
Des inquiétudes déjà évoquées lors du Forum 2022 des prévisions saisonnières des caractéristiques agro-hydro-climatiques de la saison des pluies pour les zones soudanienne et sahélienne (PRSEASS, 2022). Il était organisé par le Centre régional Agryhmet du Cilss (Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel), le Centre africain pour les applications de la météorologie au développement (Acmad) et les services nationaux de météorologie et d’hydrologie (SNMH), en partenariat avec l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et les organismes des grands bassins fluviaux.
Un communiqué publié à l’issue de la rencontre, tenue du 19 au 25 avril dernier à Abuja, annonce que dans la zone du Cilss, qui regroupe le Mali et 12 autres pays de la sous-région,« la saison pluvieuse humide au Sahel démarrera de façon précoce, voire dans les moyennes des années précédentes, et s’achèvera plutôt tardivement ou dans la moyenne. Selon les prévisions, les pluies seront abondantes, d’où un risque élevé d’inondations ».
Sinistres
Conscientes de ces avertissements, les mairies adoptent la stratégie du « Mieux vaut prévenir que guérir », en misant sur la sensibilisation. « Nous veillons à sensibiliser les populations, à chaque approche de l’hivernage, contre les risques d’inondations et de sinistres. Notamment dans les zones où il y a une forte probabilité de débordements. On explique aux riverains, notamment des berges du fleuve, de prendre des précautions en fonction des données météorologiques», explique Abidina Karembe, Chargé du personnel à la mairie de la Commune IV du District de Bamako. La sensibilisation est menée par une commission qui alerte les autorités en cas d’inondations. Elle est composée de membres de la Mairie, du Conseil national de la Jeunesse (CNJ), de représentants des CDQ (Comités de développement des quartiers) et de la Protection civile.
Outre donner des informations, ces commissions organisent des formations au sauvetage en cas de sinistre. « Elle forment les populations, notamment les jeunes, pour voir en cas de sinistres comment elles peuvent secourir les victimes », indique l’agent de la municipalité.
Malgré la prévention, dit-il, en cas de sinistres dû à des inondations, « les mairies viennent en aide aux victimes en leur donnant des vivres et les font déménager dans les écoles », en plus d’aménager les zones inondables en collaboration avec les ministères de l’Environnement et de la Sécurité intérieure et certains partenaires techniques et financiers.
« Les sinistrés sont indemnisés au hauteur de 500 000 à 700 000 francs CFA pour qu’ils puissent faire de petits commerces et quitter les berges des fleuves. Mais, après deux inondations, ils se disent souvent que l’hivernage est fini et reviennent dans les mêmes endroits », déplore M. Karambé de la Commune IV.
Selon lui, les municipalités sont aussi « confrontées à des difficultés dues à l’incivisme de la population. Parce que les gens déversent les eaux usées dans les caniveaux et que cela bouche les voies d’écoulements ».
Pour diminuer les risques, les autorités municipales misent sur le curage des caniveaux et des collecteurs dans les différentes Communes du District de Bamako pour prévenir les inondations. Débutée en mai dernier, cette stratégie ne semble pourtant pas régler le problème. Comme en témoignait ce lundi 18 juillet 2022 le Monument de l’Obélisque, situé en plein cœur du quartier chic de Bamako Hamdalaye ACI, où l’eau de pluie avait élu domicile.
Aly Asmane Ascofaré
Source : Journal du Mali