Le nouveau canal permettra d’accroître significativement le trafic, donnant ainsi un coup de fouet vigoureux à l’économie égyptienne
Pharaonique. C’est le moins que l’on puisse dire du 2è canal de Suez. L’imposant ouvrage est désormais opérationnel. Il a été inauguré jeudi au cours d’une cérémonie grandiose. Le Premier ministre Modibo Keïta représentait le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta à cette cérémonie.
Le canal percé dans le désert du Sinaï est long de 37 km. Le premier, lui, fait 2 km de moins. Sa profondeur a été portée à 66 pieds sur toute sa longueur. Cela devrait permettre le passage de géants des mers. Pour réaliser cet exploit, les égyptiens ont eu recours aux services des deux tiers des dragueurs du monde et ont travaillé 24 heures par jours et 7 jours sur 7. Ces travaux permettent de réduire de moitié le temps de traversée du canal de Suez qui passe de 22 heures à onze seulement.
Le 2è canal permettra d’accroître significativement le trafic, donnant ainsi un coup de fouet vigoureux à l’économie égyptienne.
Initialement prévus pour 3 ans, les travaux herculéens n’ont pris que 12 mois, jour pour jour. Plus de 32 000 ouvriers ont travaillé sur le chantier. Le président égyptien Abdel Fatah El-Sissi, hissé au sommet de l’Etat égyptien après une parenthèse de révolution populaire confisquée par la suite par les islamistes, n’a pas caché son émotion devant des centaines d’invités dont des chefs d’Etat africains, des princes ou monarques du Golf. Le président français François Hollande a fait une présence remarquée. La presse avait accouru du monde entier donnant à cette cérémonie une dimension planétaire.
La berline qui transportait le Premier ministre Modibo Keita avala la distance (120 km) qui sépare la mégalopole du Caire du village de Ismaïlia où a lieu la cérémonie. Un bateau décoré aux couleurs du pays assurait la traversée sous la surveillance de navettes et d’avions militaires. Ici, la sécurité est prise très au sérieux avec la menace djihadiste.
Si la civilisation égyptienne est symbolisée par des ouvrages surdimensionnés, la cérémonie du jeudi n’a pas échappé à la règle.  Sur les deux rives du joyau, se dressent des stèles géantes de Pharaons. A perte de vue, le canal fend le désert du Sinaï pour se fondre dans la mer rouge.
Les invités à la cérémonie ont eu droit à une spectaculaire démonstration de l’aviation égyptienne notamment avec « les Rafales », sous le regard de François Hollande. Une chorale de jeunes filles entonnait l’hymne du pays de la plus belle manière. Pendant ce temps, le premier navire passe dans un décor époustouflant. De quoi accentuer l’amour des Egyptiens pour leur pays, amour manifesté à travers des cris de joie et des applaudissements à tout rompre. Sur place, à l’ouest du canal, le président El-Sissi a offert un diner à ses hôtes avant de les diriger vers un théâtre où joue un superbe opéra.
Le Premier ministre Modibo Keïta et les deux ministres qui l’accompagnaient ont été, il va de soi impressionnés. Devant le génie créateur et l’envergure de l’œuvre accomplie, le chef du gouvernement s’est dit émerveillé par ce qu’il a vu au Caire. Parlant du nouveau canal, Modibo Keita a salué l’engagement et le patriotisme du peuple égyptien qui a financé à 80 % le coût des travaux. Seulement 20% de l’équivalent des 4 800 milliards de Fcfa sont venus de l’extérieur.
« Plus de 150 ans après, l’Egypte renoue avec la tradition en construisant l’extension de ce canal en un an. Vous comprenez l’extraordinaire bond accompli par ce pays. Voilà un exemple d’engagement patriotique», a confié Modibo Keita qui pense qu’un tel niveau de comportement est possible chez nous.
Pour lui, le fleuve Niger doit être pour nous ce que le Nil représente pour l’Egypte. Et d’assurer que le président de la République attache du prix au dragage du cours d’eau qui est vital pour notre pays. Afin d’en faire « le cordon nourricier comme le Nil en Egypte ».
Le Caire et Bamako ont très tôt tissé des liens de coopération étroits. Ainsi, depuis plus d’un demi siècle, aux premières heures de notre Indépendance », l’Egypte de Naser nouait de relations fraternelles avec le Mali de Modibo Keita. « Avant, c’était un combat commun contre le sous-développement. Aujourd’hui, c’est un combat commun contre le terrorisme » analyse le Premier ministre qui juge nécessaire « de resserrer les liens ».
Parlant du terrorisme, l’autre grand fléau du moment, le chef du gouvernement a souligné qu’il n’a plus de frontières  et que « le peuple égyptien, dans un élan solidaire prend la mesure d’un tel défi ». Il ajouté qu’il a pu mesurer la qualité des relations qui existent entre le président Ibrahim Boubacar Keïta et son homologue Al-Sissi. « Nous enregistrons cela comme une suite de ce qui s’est passé dans les années 60 quand les présidents Nasser et Modibo Keita fondèrent le Mouvement des Non-alignés », a-t-il ajouté. Le Premier ministre estime que cette vieille coopération connaît un nouveau départ et que notre pays peut bel et bien s’inspirer de « l’exemple égyptien » pour réaliser des travaux d’envergure.
Avant de quitter le Caire, il a rencontré à son hôtel, les représentants de nos compatriotes installés en Egypte. C’était en présence du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de l’Intégration africaine, Abdoulaye Diop et son collègue de l’Environnement et du Développement durable, Mohamed Ag Erlaf, et de l’ambassadeur du Mali le au Caire, Mamadou Diakité.
Au cours de cette rencontre, Modibo Keïta a longuement expliqué à nos compatriotes, les défis majeurs auxquels le pays fait face, notamment la gestion de la situation sécuritaire. Il a ensuite invité nos ressortissants à se conformer aux lois en vigueur dans le pays d’accueil. Les représentants des 300 étudiants maliens ont notamment évoqué la situation d’étudiants dont la bourse d’étude est suspendue par l’Etat. A ce sujet, le Premier ministre a clairement indiqué que l’accès à la bourse obéit à des règles précises.
A. M. CISSE
Envoyé spécial

source : L’ Essor