L’annonce des législatives a donné lieu à un choc des ambitions. Plusieurs cadres ne veulent pas lâcher prise bien qu’éloignés de leur base. Une situation qui remue le cocotier à l’EPM qui pourrait bien tomber à la longue.
La dernière démission est celle du député Abiddine Koumaré de Ségou. Un énième départ qui s’ajoute à la pléiade de démissions enregistrées depuis plus d’un mois.
La pomme de discorde
Avant l’élu de Ségou, c’était l’épisode de Bougouni qui avait alimenté la chronique, avec notamment la sortie de Zoumana N’Tji Doumbia poussé de la CDS, le parti de Mamadou Blaise Sangaré. Ses aspirations à un second mandat l’ont en effet conduit à croiser le fer avec le président de sa famille politique, qui est aussi candidat à la députation à Bougouni. En plus d’un échec aux communales, le député Doumbia a refusé de prendre le parti. Autant d’arguments qui ont motivé le Mogotigui à se passer de lui.
Le syndrome a également atteint la majorité présidentielle à Kolokani où le député Ousmane Kouyaté s’est retrouvé dans une situation similaire. Pressenti à l’ASMA puis à l’URD, l’élu membre de la Haute Cour de Justice s’en prend à une main-mise de hauts responsables du parti qui tirent les ficelles depuis le BPN pour le faire couler.
Même scénario à San où le député Lamine Théra est entré en dissidence fronde pour n’avoir pas été retenu. Il part sous une autre bannière puisqu’il claqué la porte du RPM où ses anciens colistiers ne lui en veulent pas moins pour son effacement à la présidentielle.
Le son de cloche n’est pas différent en Commune 4 où les 2 députés sortants ont été déposés à l’issue des primaires. Idem à Bafoulabé où les députés sortants évincés de la liste propre du RPM ont choisi de voler de leurs propres ailes, tandis qu’à Gao la conférence élective est venue exacerber une division latente depuis les régionales avortées.
La série montre en définitive à quel point la tendance est à la sanction des parlementaires déconnectés de leur base. Nombre d’entre eux traînent en effet un bilan désastreux qui ne plaide pas en leur faveur, ne serait-ce que pour les mauvaises restitutions des différentes sessions de la législature. S’y ajoute le caractère bling-bling de plusieurs élus nationaux milite en leur défaveur, mais certains savaient par ailleurs depuis 2013 qu’ils devaient passer la main.
Quoi qu’il en soit, la mauvaise passe du parti présidentiel nuance manifestement sa position et son statut d’allié stratégique dans la course pour les sièges parlementaires. Nombre de partenaires peuvent s’interroger en effet sur l’opportunité de choisir comme allié principal une formation dont les résultats peuvent été fortement affectés par les dissensions politiques.
Idrissa Keita
Majorité en éclats ?
En clair, les alliances politiques on prit un coup avec la nouvelle redistribution des cartes inhérentes aux problèmes internes du parti présidentiel. La mise en marge de la majorité des partis ayant mouillé pour le second mandat d’IBK – lors du remaniement ministériel – n’était pas pour arranger les choses. La formation de l’équipe ministérielle avait en effet laissé sur le quai nombre de figures de l’EPM pour qui l’Assemblée nationale était une session de rattrapage.
La course aux sièges parlementaire a ainsi mis à rude épreuve la cohésion d’une majorité présidentielle qui a du mal à se retrouver dans nombre de localités où les listes communales coincent. Beaucoup ne pourront plus aller en liste propre sous peine de voir la famille présidentielle se réduire en morceaux. S’y ajoute qu’en plusieurs endroits, le duo RPM/ADEMA a raison des autres composantes de l’alliance. C’est le cas en Commune 4 où le choix de la fille de Dioncouda Traoré a provoqué le départ du fils de Kalifa Sanogo du Pasj.
Le syndrome s’est d’ailleurs répandu plusieurs conférences de cadres et sections à travers le pays car beaucoup de candidats retenus à titre provisoire devront quitter si jamais un allié se manifeste. L’ampleur est telle qu’une commission ad hoc est en vue pour trancher les différents litiges çà et là recensés et éviter une division dans les rangs de la majorité.
Mais s’il y a péril en la demeure c’est aussi parce que les grosses pointures rechignent à renoncer à leurs prétentions politiques pour laisser les petits émerger, même en guise de consolation. L’absence de gouvernail est passée par là.
Idrissa Keita
Témoin