Certains empochent jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros sur le dos de réfugiés qui tentent la traversée de la Méditerranée à la recherche d’une vie meilleure.
Exécutants d’organisations criminelles ou escrocs de bas étage exploitant la misère humaine… Entre Afrique, Moyen-Orient et Europe, les passeurs de toutes nationalités sont au centre de la crise des migrants.
Dans la soute ou sur le pont du bateau
En témoigne la tragédie de samedi : près de 50 migrants ont été retrouvés morts asphyxiés dans la cale d’un bateau surchargé au large de la Libye. D’après les migrants arrivés en Italie, les passeurs entassent dans la cale les migrants ayant payé le moins cher, en général originaires d’Afrique subsaharienne. Souvent, ils font usage de violences pendant la traversée pour les empêcher de sortir de la soute. Les survivants du naufrage ayant fait plus de 200 morts le 5 août avaient ainsi parlé de coups de couteau, de ceinture…
Des prix à la tête du client
« Les Syriens sont considérés comme plus riches que les migrants africains de Libye », explique Joël Millan, de l’Organisation internationale pour les migrations basée à Genève. Pour les Africains, le prix peut descendre à 500 dollars, pour les Syriens, les prix varient de 1 500 à 8 000 dollars. « Pour fixer le prix, les trafiquants regardent leurs vêtements, leurs bijoux, d’où ils viennent et quel était leur métier », explique le spécialiste. En Libye ou sur la route des Balkans (Turquie, Macédoine, Albanie, Serbie), les filières sont organisées y compris pour trouver trains et camions. Et il semble que les opérations « Mare Nostrum » et « Triton » n’aient rien résolu de manière durable.
Pas de profil type
Certains passeurs, en Turquie, en Afrique ou même en Europe sont des précaires. Des chômeurs français ont ainsi rejoint des réseaux de passeurs à Calais pour aider des migrants à rallier l’Angleterre. Une activité qu’ils pensaient temporaire et qui devient permanente par nécessité ou sous pression des réseaux. Selon Eve Shashahani, de l’Acat, « certains passeurs prennent des risques et sauvent des vies. Ce sont eux-mêmes des migrants résignés. Certains moyennant finances, fournissent des faux papiers souvent avec la complicité d’autorités locales corrompues, à des personnes qui peuvent ainsi prendre l’avion et fuir le danger ».
Devant la justice
S’ils échappent fréquemment à la justice, certains passeurs se font prendre. Vendredi, deux passeurs ont comparu devant le tribunal de Nice après avoir transporté à la frontière franco-italienne 23 migrants entassés dans un fourgon. Ils avaient fait payer 200 euros le transport de Vintimille (Italie) à Paris. Le même jour, cinq ont été écroués à Boulogne-sur-Mer pour avoir organisé des trajets en camion depuis l’Albanie jusqu’en Grande-Bretagne pour 255 migrants. Le voyage coûtait jusqu’à 9 800 €.
source : ledauphine