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IMBROGLIO MILITAIRE AU NORD DU MALI Inventaire des forces de sécurité et groupes armés actifs sur le terrain

Les forces de sécurité maliennes avec leurs alliés de la Minusma et Barkhane doivent sécuriser un territoire sur lequel s’agitent une multitude de groupes armés qui ont noué des alliances entre eux, même si, parfois, il est difficile de suivre les ramifications de ses alliances pour qualifier objectivement ces groupes armés. Après des investigations de plusieurs semaines, nous tentons de faire l’inventaire des forces en présence sur le terrain.

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LES FORCES ARMEES LEGALES

Les Forces armées maliennes (Fama)

Après deux années de formation et d’appui dans le cadre du programme conduit par l’Eutm-Mali, les Forces armées du Mali (Fama), sont de nouveau visibles au niveau des localités du nord du pays qu’elles avaient abandonné entre les mains des envahisseurs de l’alliance narco djihadiste en 2012. Mais malgré leur montée en puissance, les Fama n’ont pas encore atteint le niveau d’efficacité souhaitable pour pouvoir se passer de l’appui des forces françaises et des casques bleus.

La débâcle de Kidal les 17 et 21 mai 2014, suite à la visite provocatrice de Moussa Mara, a fini de convaincre que l’Armée a besoin de temps et de moyens pour se reconstruire et être à hauteur des difficiles missions qui l’attendent.

 

Les casques bleus de la Minusma

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), créée par la résolution 2100 du Conseil de Sécurité de l’Onu le 25 avril 2013, compte 8 000 militaires et plus de 1 050 policiers de l’Onu et une vingtaine de français sont insérés au sein de son état-major.

Le mandat de la Minusma, qui n’intègre pas la «lutte contre le terrorisme» laissée à l’opération française Barkhane, fait que la population qui avait accueilli les casques bleus avec enthousiasme car les considérant comme les gages d’un retour rapide à la paix, a vite déchanté. La présence des véhicules onusiens dans la capitale, y compris dans les endroits de la dolce vita, alors que la mission devait sécuriser le Nord, a diffusé au sein la population un sentiment d’occupation et d’incompréhension. Lorsque, au nom du respect du cessez-le-feu, la Minusma a demandé le retrait du Gatia de Ménaka, reprise au Mnla le 27 avril 2015, des voix s’étaient élevées pour émettre des doutes sur la partialité de la Minusma dont le mandat, rappelons-le, se limite à l’appui du processus politique, la stabilisation du pays et l’application de la feuille de route pour la transition politique.

 

Les forces Barkhane

L’opération a pris la suite de l’opération Serval, qui visait à stopper l’offensive djihadiste menaçant Bamako, mettre fin à l’organisation industrielle du terrorisme qui s’était développée dans le Nord-Mali et transférer la mission de stabilisation du Mali aux partenaires maliens ainsi qu’à la Minusma.

La stratégie de la France vise à ce que les Etats de la zone acquièrent la capacité d’assurer leur sécurité de façon autonome, notamment en matière de lutte contre le djihadisme. Le mode opératoire est «l’asphyxie» des groupes armés en interceptant les flux logistiques, réduisant la liberté d’action des groupes armés djihadistes (Gad) et les privant de leurs moyens de combat.

Si l’opération française a permis de décapiter le commandement des Gad, certains djihadistes éminents continuent à évoluer et mener des attaques sur le territoire malien. Issus de puissantes familles Touareg – à l’instar d’Iyad Ag Ghali -, ils entretiennent des liens avec la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma), rendant leur élimination risquée pour la mise en place de l’accord d’Alger et la stabilité du Mali. Ce qui met la France en mauvaise posture parce qu’elle se voit taxée d’ambigüité et le rapprochement des forces françaises avec le Mnla dans le cadre de la lutte contre les narco djihadistes a été mal compris par les populations maliennes.

Pourtant, en attendant que les forces armées maliennes puissent atteindre le niveau opérationnel souhaité, Barkhane sera encore-là. Donc pour une mission de longue durée.

En face de ces forces de sécurité, il y a un fatras de groupes armés qui ont ensuite noué des alliances entre eux, selon leur mouvance.  Ce qui fait qu’on distingue trois grands groupes : progouvernemental ou proBamako, insurrectionnel et djihadiste.

 

LES GROUPES PROBAMAKO

Selon les experts, il y a différents mouvements de la plateforme pro-Bamako alliés à l’armée malienne. Ils  défendent l’intégrité territoriale du Mali et s’emploient à conserver leurs crédibilité et influence aux côtés des autorités. Leur chef est Hanoune Ould Ali. On y retrouve :

 La Coordination des mouvements et fronts patriotiques de résistance1 ou Cmfpr1 : opposé à la Cmfpr2 faisant partie de la Coordination des Mouvements de l’Azawad. Le groupe s’est rangé du côté du gouvernement pour préserver une certaine influence.

 Le Mouvement arabe de l’Azawad 2 (MAA2) : fondé à la suite d’une dissidence courant l’été 2014. L’Organisation du MAA ayant pour objectif de défendre les intérêts de la communauté arabe est contestée et une dissidence s’est créée. Plusieurs membres du MAA sont suspectés d’avoir des liens avec des combattants et lieutenants du Mujao.

 Le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) : dirigé par le Général Elhadj Ag Gamou et créé en mai 2014, à la suite de la défaite de l’armée malienne lors de la troisième bataille de Kidal.

 Le Mouvement populaire pour le salut de l’Azawad (Mpsa) : créé en août 2014, il est également une dissidence du Mouvement arabe de l’Azawad. Les responsables de ce groupe reconnaissent le drapeau malien et présentent leur mouvement comme un mouvement armé nationaliste, non comme un groupe armé tribal.

 LES GROUPES DITS INSURRECTIONNELS

La Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) : dirigée par Alghabass Ag Intalla, Bilal Ag Cherif et le chef des combattants est Mohamed Ag Najim. La Cma  regroupe cinq mouvements qui plaident pour une autonomie des régions de l’Azawad, Tombouctou, Gao et Kidal (Nord). La relation entre la Cma et les groupes djihadistes, notamment Aqmi et Ansar Eddine, est devenue conflictuelle depuis début 2014, avec un ciblage des membres de la Cma lors d’attaques djihadistes. En effet, en janvier 2014, une unité du Mnla arrête quatre membres d’Ansar Eddine, provoquant la colère d’Iyad Ag Ghali. Son groupe Ansar Eddine a, depuis, conduit des attaques et enlèvements contre des membres du Mnla.

 Le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) : fondé en 2012. Le secrétaire général du groupe est Bilal Ag Cherif et son vice-président est Mahamadou Djéri Maïga. Il a progressivement perdu du terrain au profit d’autres groupes.

 Le Mouvement arabe de l’Azawad1 (Maa1) : lancé à la fin de 2012, plutôt proche du Mnla.

 Le Haut conseil pour l’unicité de l’Azawad (Hcua) : un mouvement touareg qui voit le jour en mai 2013 avec comme chef militaire : Cheick Ag Haoussa,;

La Coalition du peuple pour l’Azawad (Cpa) : née mi-mars 2014.

 La Coordination des mouvements et fronts patriotiques de résistance2 (Cmfpr2) : issue d’une division de la Cmfpr réactivée au printemps 2012 sur les bases d’anciens groupes des années 1990. Elle se divise ainsi en deux groupes : La Cmfpr2 adhère en 2013 à la Cma et la  Cmfpr1 est dans la plateforme proBamaako.

 LES GROUPES DJIHADISTES IDENTIFIES

 Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) : L’organisation algérienne de l’émir Abdelmalek Droukdel traverse une crise qui la modifie profondément. A la fois décimée par les opérations militaires et désertée par de nombreux éléments préférant rejoindre l’Etat islamique, elle ne compte plus que 11 des 30 émirs fondateurs du Gspc. De plus, les militants de nationalité malienne représenteraient désormais 70% de ses effectifs, les Algériens n’étant plus que le deuxième contingent, avant les Mauritaniens et les Nigériens.

Malgré un affaiblissement de ses forces vives, le groupe a mené via son bras armé Al Mourabitoune, plusieurs attaques spectaculaires depuis 2015. Le ralliement du groupe de Belmokhtar (Al Mourabitounes) a en effet permis à Aqmi de mener des opérations d’ampleur dans le but de réaffirmer sa suprématie sur le Sahel.

 Les Al Mourabitounes

Ce groupe est né, en 2013, de la fusion des Signataires par le Sang de Mokhtar Berlmokhtar et du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest. Les deux chefs du groupe ont montré des inclinations différentes : Abou Walid Sahraoui, ancien porte-parole du Mujao, a prêté allégeance à l’Etat Islamique en mai 2015 au nom des Mourabitounes, ce qui a été démenti par Belmokhtar immédiatement après, réaffirmant son allégeance au chef d’Al Qaïda. Depuis son retour au sein d’Aqmi, le 5 décembre 2015, Belmokhtar s’affirme comme le grand chef de guerre dans la région et étend ses actions de plus en plus vers le sud.

 Ansar Eddine

Toujours actif au Mali, le groupe est dirigé par Iyad Ag Ghali, ancienne figure de la rébellion Touareg et narcotrafiquant dont la famille vit en Algérie. Ansar Eddine, exclu des négociations à Alger entre le pouvoir central et la rébellion Touareg, est le principal obstacle à la mise en oeuvre de l’accord de paix. S’il est historiquement implanté dans la région de Kidal, il a essaimé sur le territoire malien avec notamment l’ouverture d’une franchise au Sud et des liens avec le Front de Libération du Macina au centre du Mali. Cette dissémination démultiplie la menace posée par Ansar Eddine et les groupes qui y sont liés.

 

Katiba Khalid Ibn Walid – Ansar Eddine Sud

Le groupe rassemblerait d’anciens membres de la police islamique de Tombouctou, dispersés après le déclenchement de l’opération Serval. Il rassemble environ trente combattants très mobiles, motorisés, et équipés d’armes légères. Leur chef est Souleymane Keïta, considéré comme un proche d’Iyad Ag Ghali. Il a été arrêté, tout récemment, par la Direction Générale de la Sécurité d’Etat du Mali.

 Front de libération du Macina (FLM)

Le groupe armé djihadiste est basé dans la région du Macina, autour de Mopti, et a été formé par des milices d’autodéfense peule qui se sont radicalisées sous l’influence notable d’Amadou Koufa, prédicateur radical. Ce dernier appelle à faire de Mopti la capitale d’un nouveau califat et fait référence à l’empire Peul du Macina, un empire théocratique fondé au XIXè siècle situé sur une partie du Mali actuel, de Tombouctou au nord à Ségou et dont la capitale fût Hamdallaye. Le FLM aspire au rétablissement de cet empire et est affilié à Ansar Eddine, lui-même affilié à Aqmi. Déclaré mort à plusieurs reprises, Amadou Koufa, apparaît insaisissable.

A.D.

 

Source: sphynx

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