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« Il nous manque cruellement des salles de classes »

ENTRETIEN AVEC IBRAHIMA DIALLO, PROVISEUR DU LYCEE IBRAHIM LY

« Il nous manque cruellement des salles de classes »

La gestion de nos lycées publics est très souvent un véritable challenge. Entre effectifs pléthoriques, salles de classes insuffisantes, défis de sécurisation de l’espace… les responsables scolaires ont du pain sur la planche. C’est ce que nous a confié Ibrahima Diallo, le Proviseur du lycée Ibrahima Ly (LILY) de Banankabougou, dans cet entretien. 

Les Echos : Quelle est la situation actuelle de votre lycée ?

Ibrahima Diallo : Le lycée Ibrahima Ly est un établissement d’enseignement secondaire général qui a pour mission d’encadrer et préparer les candidats jusqu’à l’obtention du Baccalauréat. Le Lycée a été créé en 1994. De 1994 à nos jours, il compte 34 salles de classes, avec deux salles de laboratoires, une salle informatique, une bibliothèque et une infirmerie. Actuellement, nous avons 2234 élèves dont 1067 filles et 1167 garçons, et à peu près 250 professeurs.

Les Echos : Comment appréciez-vous le niveau scolaire actuel que tout le monde décrie au Mali ? Et quelles pistes pédagogiques proposez-vous pour l’améliorer ?

ID : La question du niveau est très relative. Généralement, on s’accroche trop à la maîtrise luisante du vocabulaire comme seul critère de mesure. Or, certains élèves peuvent être peu denses en français mais exceller dans les disciplines scientifiques. D’une manière générale, nous reconnaissons que le niveau de certains élèves est à revoir, avec une pédagogie à l’appui. Cette appréciation des niveaux des élèves a toujours été au cas par cas. Quand nous-mêmes étions apprenants avec d’autres, nos aînés disaient qu’on n’avait pas le niveau. A notre tour, aujourd’hui, nous tenons le même langage à nos cadets, ainsi de suite.

Les Echos : Quels sont les défis du moment ?

ID : Le principal défi est de maintenir le cap, de faire en sorte qu’il n’y ait pas de délestage au niveau des cours. Présentement, les cours sont stables dans l’ensemble. Le défi majeur est de pouvoir maintenir cette tranquillité des cours jusqu’aux examens.

Les Echos : Quelle est, dans l’ensemble, la situation de l’avancement des programmes dans les différentes matières ?

ID : Cette année, nous avons eu la chance de ne pas connaître de grève sévère. Si je ne m’abuse, les programmes ont avancé à hauteur de 80%. Nous pensons qu’à ce rythme, les programmes seront achevés à temps.

Les Echos : Quels sont vos rapports avec les partenaires et les syndicats au sein du lycée ?

ID : Nous avons de bons rapports avec les syndicalistes. Nous les associons à toutes les activités du lycée. Et permanemment, nous nous rencontrons pour échanger sur la vie de l’école. Ce qui prouve à suffisance que nos relations sont au beau fixe. Mais, notre partenariat avec les élèves évolue en dents de scie. Parce qu’avec les apprenants, c’est tout autre chose. On les gère selon les situations. Nous savons qu’avec l’euphorie de l’âge, la gestion des comportements est plus difficile. Mais dans l’ensemble, on peut parler de sérénité.

Les Echos : Quelles sont les difficultés les plus saillantes rencontrées au sein de votre lycée ?

ID : Nous avons des difficultés tels que l’effectif, le manque de salles de classe, et l’insécurité au sein du lycée. J’insiste sur deux problèmes majeurs : un, il nous manque cruellement des salles de classes ; deux, nous sommes dans le besoin voire la nécessité d’élever le mur de la cour du lycée. Sans l’élévation du mur du lycée, aucune sécurité n’est envisageable.

Les Echos : Quel appel avez-vous à lancer aux partenaires et aux parents d’élèves ?

ID : Mon appel va à l’endroit de mes premiers collaborateurs : qu’ils sachent que l’école n’est pas pour le Proviseur, mais qu’elle appartient à tous. Tout le monde est appelé un jour à être nommé aux postes de responsabilités. Je souhaite la collaboration apaisée avec les syndicats de tous bords. Je souhaite aussi une collaboration apaisée et sans complaisance avec les élèves et les parents d’élèves.  Les parents d’élèves sont des partenaires privilégiés avec qui il nous faut être en harmonie.

Autre souci, nous déplorons vivement les habitudes de certains groupes qui passent toute la journée à chanter et à danser aux alentours de la cour de l’école. Je lance un appel pressant à nos plus hautes autorités et aux autorités locales ainsi qu’aux personnes de bonne volonté afin que tout le monde nous aide à remédier à nos préoccupations poignantes : faire déguerpir ces jeunes (qui ne sont même pas des écoliers) des alentours du lycée, élever le mur d’enceinte, et prendre toutes les mesures adéquates pour sécuriser le lycée.

Interview réalisée par Mamadou Komina

Source: Les Échos Mali

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