Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath s’est rendu célèbre par son activisme il y a un peu plus d’un an. Par sa verve, il a pu acquérir une popularité certaine auprès de milliers de maliens.
Pour la jeunesse citadine des laissés pour compte, il était un messie. Les principaux animateurs de la vie politique et même les notabilités religieuses n’ont rien compris de ce phénomène Ras Bath et ont adopté plutôt un profil bas face aux dénonciations de leurs présumés comportements. A chacune de ses émissions radiophoniques, comme disent les chasseurs, « il faisait mouche ». Ses émissions étaient d’autant populaires que Ras Bath dévoilait avec des preuves à l’appui certaines malversations de personnalités.
En tout cas, personne ne se permettait de le contredire de peur d’être sous les feux des critiques, des invectives de l’enfant terrible de la société civile. Son interpellation par la justice et le succès du grand mouvement mobilisateur « Antè a bana » ont été des facteurs déterminants à lui donner une aura, à faire de lui un héros pour de milliers de jeunes.
La création d’une structure, le Collectif pour la Défense de la République (CDR), avec pour objectif principal, l’alternance 2018, avait donné plus de crédibilité à son mouvement.
L’opposition politique ne pouvait évidemment pas ignorer les leaders de ce mouvement de jeunes dont la capacité de mobilisation a été patente. C’est donc tout naturellement qu’elle leur fera des yeux doux. Et comme un gros crocodile qui fait le mort en attendant sa proie, elle qui était traitée de tous les noms de diables, a attendu le bon moment pour bondir sur la proie CDR et surtout sur son leader charismatique Ras Bath, au grand dam de la plupart de ses admirateurs.
Que lui a-t-on proposé ou donné pour qu’il trouve que les hommes qu’il vilipendait et qui ; selon ses dires, avait contribué autant que les tenants du pouvoir à détruire le Mali, soient devenus tout d’un coup des hommes intègres et compétents ; sur lesquels on peut compter pour redresser le Mali ?
Pour la plupart de ses ex-admirateurs, c’est la déception. Ils se sentent instrumentalisés. Ils pensaient qu’ils se battaient pour la défense de la république et non pour une formation politique quelconque, encore moins pour un individu. Certains se sont laissés au découragement et au dégoût de la chose politique ; d’autres ont dénoncé et créé un CDR bis, excluant leur ex-idole.
Du côté de l’opposition, on jubile sous cape ; le piège a fonctionné. Et quid du côté des tenants du pouvoir ? Là, on revient à la sérénité : celui qui troublait leurs nuits n’a plus de mordants.
Comme le président Barack Obama, ” Nous pensons que si la société civile est forte, l’on a un gouvernement qui est plus responsable, et qui bénéficie des idées et des vues de plusieurs types de citoyens”. Cela ne s’est-il pas vérifié même au Mali sous le président ATT en 2009 et sous IBK, l’année dernière ? Devant la grande mobilisation de la société civile, tous deux ont été contraints de surseoir à leur projet.
Quelques soient les arguments qu’il avancera, on pourrait désormais utiliser cette citation du chanteur français de variétés, Serge Gainsbourg, pour qualifier l’activiste Ras Bath: « Le masque tombe, l’homme reste, et le héros s’évanouit ».
…sans rancune
Wamseru A. Asama
Source: Delta News