Le dernier remaniement ministériel  aura des lendemains difficiles chez les tisserands. Débarqué sans préavis, Bocary Tréta, la cheville ouvrière du parti, s’apprête-t-il à croiser le fer avec IBK le financier ? Le remous en tout cas occasionné par le départ de Tréta présage des jours difficiles à venir au RPM.

Qui l’eût cru. Bocary Tréta, le tout puissant secrétaire général du Rassemblement Pour le Mali(RPM) a été défénestré sans être avisé. Il l’a dit lui-même lors de la passation de service avec Kassoum Denon au ministère de l’Agriculture : « Je n’ai pas été informé de mon départ par le président de la République. C’est le premier ministre qui me l’a annoncé ».  Très regardant sur les bonnes manières, il faut dire qu’ici IBK a péché. Mais ce courroux présidentiel traduit une grande déchirure entre les deux hommes qui ont cheminé de longues années durant. « La lutte unie, la victoire divise », dit-on. A peine au pouvoir  qu’est mis à mal un compagnonnage  de plusieurs décennies, surtout de galère. Si Tréta affirme haut et fort  qu’il n’est pas remonté  contre IBK, il faut dire que l’ambiance qui règne au siège du parti depuis son éviction traduit le contraire. D’habitude vide sauf les jours de rencontre, le siège ne désemplit plus, car Tréta y a trouvé refuge. Les commentaires dans les couloirs ne rassurent pas du tout. Le soutien à Tréta face à IBK est palpable. Homme de terrain et cheville ouvrière, l’homme jouit d’un capital sympathie au sein de la formation. Mieux, tout le temps qu’il a siégé au sein du gouvernement, il n’a cessé de mener le combat pour la promotion des cadres du parti, souvent au détriment des compétences. Sa déformation soviétique lui fait  vouloir le parti au dessus du gouvernement.
IBK ne l’attendait pas de cette oreille. Le communiqué pondu par le RPM au lendemain de son éviction en dit long. Les Rpmistes prennent acte du choix du premier ministre pour continuer sa mission, félicite Tréta pour le travail  accompli et ne mentionnent nulle part le nom du président de la République. La guerre est déclarée. Le malaise aurait atteint l’hémicycle où selon un confrère, des députés RPM envisageraient une motion de censure contre le nouveau gouvernement. Car au delà du cas Tréta, les militants pointent du doigt les faveurs faites aux militants de la 25ème heure et le poids de plus en plus écrasant de la famille. Des remontrances loin d’être infondées. L’information faisant état d’un retour en force de Tréta après s’être occupé du parti pour affronter les communales et régionales a fondu comme beurre au soleil lors de la passation de service entre lui et Kassoum Dénon.
Si le bras de fer entre  IBK et Tréta était larvé, il faut dire qu’il est désormais ouvert ; chacun avec son camp. Les coups  les plus sales, et même en dessous de la ceinture,  risquent de pleuvoir dans les jours à venir. Une guerre de clan qui va certainement se poursuivre jusqu’au prochain congrès. Tréta n’ayant jamais caché son désir d’occuper la tête du parti, partira certainement s’il n’y parvenait pas. Déjà qu’on lui prête l’intention de créer son parti. Un RPM affaibli en prélude à la présidentielle de 2018, les alliés d’aujourd’hui n’hésiteront pas à s’en démarquer pour le renverser. L’histoire de leur départ de l’Adema après la désillusion d’IBK  se profilerait? Waid and see!
Mohamed DAGNOKO

Source: LE COMBAT