« Respecter et faire respecter la Constitution et la loi« qui est parmi la quintessence d’une prestation de serment n’a pas été entendu le mercredi 4 septembre 2013 dans la salle Jelibaba Sissoko du Centre international de conférence de Bamako où IBK prêtait serment. Simple oubli (ce qui est très grave) ou un mépris envers la loi fondamentale de la République ?
Le fait est pratiquement passé inaperçu n’eut été la vigilance et le bon réflexe du professeur Mamadou Samaké qui a adressé une lettre au président de la Cour suprême dans ce sens. A la cérémonie de prestation de serment du nouveau président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Kéita, tout a été entendu sauf cette partie de la formule : « je jure de respecter et de faire respecter la Constitution et la loi ». Le fait est d’une gravité extrême qu’IBK avait la formule consacrée devant ses yeux. A-t-il sauté la partie, ce qui pose la problématique de sa vision, ou c’est parce que ça ne figurait même pas sur le document à lui remis par les services compétents en la matière. Dans tous les cas, ce n’est déjà pas une bonne image pour notre pays et le professeur de Droit public et de sciences politiques à l’Université de Bamako, Mamadou Samaké, par ailleurs membre du directoire de l’observatoire des droits humains et de la paix, a bel et bien raison dans sa lettre adressée au président de la Cour suprême du Mali, quand il trouve cette omission suffisamment grave pour être corrigée. Autrement dit, le président IBK, selon l’entendement de ce spécialiste du droit, doit prêter de nouveau serment, devant la juridiction suprême, comme en leur temps Barack Obama aux Etats Unis et Mathieu Kérékou au Benin l’avaient fait, quand il a été établi qu’ils avaient commis une erreur, en lisant le texte de leur prestation de serment.
Comment dans sa prestation de serment, IBK peut-il se permettre de venir dire devant Dieu et les hommes : « Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute civilité le régime républicain. De remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national. Je m’engage solennellement et sur l’honneur à mettre tout en œuvre pour la réalisation de l’unité africaine », sans mentionner la constitution ? Pour le gouverne de notre nouveau président ce serment est inséré dans l’article 37 de la Constitution et est libellé comme suit : « Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute civilité le régime républicain, de respecter et de faire respecter la Constitution et la loi. De remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national. Je m’engage solennellement et sur l’honneur à mettre tout en œuvre pour la réalisation de l’unité africaine « .
Si c’est un oubli, en ce moment IBK doit être amené à prêter encore serment le 19 septembre prochain lors de la cérémonie d’investiture au Stade du 26 mars devant tout le monde. Mais si ce n’est pas le cas, alors les Maliens doivent sanctionner leur président dès à présent et cela déjà dans les urnes lors des législatives. Qui peut être à l’origine de ce premier scandale de la République ? Qui a rédigé la formule pour IBK ?
Certes, on le voit à travers le continent des chefs d’Etat qui jurent de respecter et de faire respecter la Constitution et la loi, mais qui sont les premiers à fouler au pied cette même Constitution, cette même loi, mais quand chez nous, on ne jure même pas sur ça devant son peuple ! Or, le respect de la Constitution est en soit une garantie de la stabilité d’un pays car, on ne le dira jamais assez, les tripatouillages des Constitutions ont été à l’origine de beaucoup de guerre fratricides en Afrique.
Abdoulaye Diakité
Source: L’Indicateur du Renouveau