C’est du moins ce qu’a laissé entendre le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita hier jeudi 25 mai 2017 à Ségou lors de la 13è édition de la Journée du paysan, laquelle a consacré le lancement officiel de la campagne agricole 2017-2018. C’était en présence du ministre de l’Agriculture, Nango Dembélé ; du président de l’APCAM, Bakary Togola ; des représentants des Organisations paysannes ; des membres du gouvernement et les présidents des institutions de la République.
Organisée depuis 2003 par l’APCAM, la Journée du paysan est un cadre de dialogue direct entre le président de la République et les producteurs agricoles autour des préoccupations majeures de la mise en œuvre des politiques de développement du secteur agricole.
“Investir dans l’emploi jeunes en milieu rural”, est le thème de 2017. Comme d’habitude, cette journée a été précédée par l’organisation des journées préparatoires qui ont regroupé plus de 500 acteurs du monde rural. Les recommandations issues de ces journées prennent en compte les préoccupations majeures de tous les secteurs du monde rural. Ces recommandations ont été portées à la connaissance du président de la République qui s’est engagé de leur réserver une attention particulière, afin que le Mali puisse avoir une meilleure campagne agricole.
Parmi les recommandations de la 13è journée du paysan, on peut citer: la mise en place des Organisations formelles des jeunes ruraux; le renforcement des capacités des jeunes ruraux sur les techniques innovantes de production agricole; la création d’un fonds spécial dédié à l’emploi des jeunes ruraux; l’élaboration et la signature du décret déterminant la nature, le taux et le montant des taxes et ristournes nécessaires pour couvrir les dépenses et charges votées par l’APCAM et les chambres régionales d’Agriculture. Les producteurs agricoles exigent le développement du système de cage flottante sur tous les plans d’eau pour lutter contre l’utilisation des dragues. Ils ont souhaité que 2% du budget d’État alloué au secteur agricole soient mis à la disposition de l’APCAM et ont recommandé la reprise des institutions financières au profit des agriculteurs du nord du Mali.
Les représentants des agriculteurs, des éleveurs, des pêcheurs et pisciculteurs, des planteurs, des femmes et jeunes ruraux ainsi que le président de l’APCAM se sont succédés au pupitre pour saluer le président de la République et le gouvernement pour les efforts qu’ils déploient pour le développement du secteur agricole.
De l’avis du président de la République, toutes ces recommandations formulées sont pertinentes dans la mesure où elles évoquent des aspects dont ont besoin les agriculteurs pour une meilleure productivité agricole. Il a promis d’aider les agriculteurs à réussir ce pari car, dit-il, “aider les agriculteurs, c’est nous aider nous-mêmes puisqu’ils nous nourrissent tous”.
“Je ferai tout ce je peux pour aider les acteurs du monde rural. Je demande à Dieu de nous donner la force et les moyens de vous aider”, a-t-il affirmé.
Le président de la République se dit comblé et très fier des résultats de la précédente campagne agricole dont les objectifs ont été atteints à 95%. La subvention des intrants, des équipements agricoles et des engrais ont beaucoup contribué à l’atteinte de ces objectifs de la campagne agricole 2016-2017. Les meilleurs résultats obtenus dans différents secteurs et surtout du monde rural ont permis au Mali d’être le 3è économique de l’UEMOA, malgré la crise politico-sécuritaire que traverse le pays depuis 4 ans.
Pour la campagne qui démarre, il est fixé comme objectif, la production de 10 millions de tonnes de céréales (toutes catégories) et 750 000 tonnes de coton graine.
Pour l’atteinte de ces objectifs, IBK a promis de remettre 3000 repiqueuses de riz aux femmes rurales. Aussi, il a insisté sur la qualité des engrais qui seront distribués aux agriculteurs. “Je veux que les contrôles soient les plus célèbres possibles”, a lancé IBK à ceux qui sont chargés des marchés des engrais.
Pour le chef de l’Etat, le thème choisi cette année est interpellateur. Le chômage des jeunes, a-t-il souligné, fait partie des problèmes qui lui coupent le sommeil. “Quand je pense à ce problème, je ne peux pas fermer l’œil. Mon souhait est de trouver de l’emploi pour tous les Maliens pour qu’ils ne quittent plus le Mali pour aller chercher du travail ailleurs. Mon autre souhait est de voir les ressortissants d’autres pays venir chercher du travail au Mali”, a-t-il dit.
Notons que lors des journées préparatoires de la journée du paysan, le ministre de l’Agriculture, Dr. Nango Dembélé, a promis de créer 10 000 emplois jeunes dans sa sphère d’intervention sur les 200 000 emplois promis IBK durant son premier quinquennat.
Comment parler de l’immigration des jeunes, sans parler de l’accord de réadmission qui a défrayé, un moment, la chronique au Mali ? C’est pourquoi, il a saisi l’occasion pour rappeler qu’une réflexion profonde sera menée sur cet accord proposée par l’Union européenne. En attendant, le président de la République a également assuré qu’il ne posera aucun acte qui ira à l’encontre des Maliens de l’extérieur.
Au sujet de ses nombreux voyages à l’étranger, IBK a été on ne peut plus clair: “Je ne voyage pas pour le plaisir, mais je le fais pour le bien du Mali et des Maliens. Je voyage pour trouver de l’aide afin d’équiper notre armée”, a affirmé IBK qui qualifie ses détracteurs d’hypocrites et égoïstes. “Abandonnons l’hypocrisie et l’égoïsme et donnons nous la main pour faire face à l’essentiel qui est le développement de ce pays”, a-t-il lancé.
Dans un style de campagne électorale, le “kankélétigui”, a fait savoir aux acteurs du monde rural qu’il n’a d’autres priorités que le Mali. “Je ne suis pas fou du pouvoir, mais je suis fou du Mali. Ce qui compte pour moi, c’est le Mali. Dieu m’a confié le pouvoir de diriger le Mali et je ferai tout ce je peux faire pour le mettre sur la bonne voie”, a conclu IBK.
En marge de la Journée du paysan, IBK a également lancé la campagne de distribution gratuite des vivres aux populations vulnérables de l’ensemble des régions du Mali. Aussi, IBK a présidé, dans l’après-midi, le conseil des ministres au gouvernorat de Ségou. Une première au Mali!
Abou Berthé
La rédaction