En cette posture, il est apparu bien plus proche des préceptes du Seigneur que l’Imam qui apparait de plus en plus controversé, vaniteux et prétentieux, aux yeux de nos compatriotes. IBK a su parler aux maliens et il a dit ce que l’écrasante majorité (silencieuse ou non) attendait de lui. IBK a surtout su calmer la majorité des maliens, dont ses nombreux partisans, qui ont encore dans la gorge son opposition ferme ayant abouti à l’annulation de leur rassemblement samedi dernier. Cette manifestation annulée, à la demande du Président de la République, devrait prouver selon ses organisateurs, que le M 5 de l’Imam Dicko, bien que véhémente et trop bruyante, n’a aucune force et n’est en réalité que le seul à occuper le terrain de la propagande, donc le seul à être vu, le seul pour le moment à être entendu. Nombreux sont les jeunes en colère qui voulaient, à travers le meeting annulé, rééquilibrer les choses et mettre les autorités en garde contre toute velléité de vouloir toucher à leurs députés ou de remettre en cause leurs efforts laborieux lors des législatives dernières. Beaucoup rappellent, fort opportunément, que Dicko n’a aucune légitimité à parler de résultats d’élections auxquelles il a eu tout le loisir de participer, mais qu’il a choisi de fuir, lui, la CMAS et son gendre, Issa Kaou Djim, après moult hésitations, après un doute, à peine voilé, sur leur propre capacité et pire sans arguments valables pour un non-partant. Ainsi, ce que Dicko n’a pu obtenir en croisant le fer dans les urnes, il tente de l’obtenir par la rue, en ramassant pêle-mêle, problèmes sociaux, frustrations corporatistes et dépits politiciens, bref, tout ce qui tombe sous la main et qui puisse faire foule, et tapage.
Mais Dicko sait qu’il n’obtiendra rien dans la rue. D’abord parce qu’il ne peut agir que dans le strict cadre de la Constitution et de la Loi, au-delà, c’est la porte ouverte à toutes sortes de dérapages, et, fort probablement à ses dépens. Il sait aussi qu’aucun pouvoir ne prendra le risque de voir se déferler les millions d’électeurs des différents députés, qui, en tant que maliens voudraient bien qu’on les respecte et qu’on respecte leur vote. Car si leur présence à l’Assemblée Nationale est un reproche, il est moins adressé aux députés, qu’à la Cour Constitutionnelle qui avait le dernier mot, là où eux n’étaient que des compétiteurs pleins d’espoir et leurs électeurs, d’innocents citoyens exerçant leur devoir. C’est pourquoi d’ailleurs le président IBK, tout en refusant la manifestation de ses soutiens, a tenu à rassurer les militants des députés élus que l’Etat tient compte de tout, du bruit des uns et du silence des autres et, restera l’arbitre pour satisfaire tous les citoyens. Une analyse froide de la situation qui plane au-dessus des ardeurs et des avidités partisanes.
La manifestation de Dicko aussi inclusive qu’on veuille nous le faire croire ne saurait représenter les maliens. En décortiquant un peu, on se rend compte que ceux sont les mêmes acteurs, qui depuis toujours, ont cherché noise au sieur IBK. Aujourd’hui ils pensent détenir la forme la plus accomplie de regroupement efficace, un cocktail de religieux, de politiciens, de syndicats, d’associations, mais en réalité, c’est la nature même du regroupement qui suscite la méfiance chez nos concitoyens qui ne connaissent que trop bien les méandres des alliances politiques au bord du Djoliba. La faiblesse du M 5 c’est sa nature même, un melting-pot politico-social, disparate, impréparé, perdu entre l’euphorie de la foule et l’insuffisance de la méthode pour le résultat escompté.
Il n’y a donc que le dialogue qui soit envisageable. Dans un pays où même la majorité n’est ni contente, ni satisfaite, on ne peut donner tout à l’opposition. La poire des solutions aux problèmes maliens est donc toujours à diviser en deux voire plusieurs. Ce dialogue prônée par IBK à travers une main qui reste tendue selon les termes de son discours, peut concerner le partage du pouvoir à travers un gouvernement ouvert au mouvement soutenant Dicko et, qui s’attèlera à résoudre rapidement les problèmes de l’école, à revisiter les projets de découpage administratif, à se pencher sur la réinsertion des jeunes résistants au nord et au centre, lutter contre la corruption et à parler d’une seule voix aux partenaires de notre pays. Il n’y a pas d’alternatives constructives au dialogue offert par IBK, qui entend tous les cris, toutes les demandes, toutes les attente et qui doit leur donner à tous, une réponse sans que la solution vitale pour les uns, ne soit un problème mortel pour les autres.
L’innovation qui n’est pas passé inaperçu dans le discours présidentiel a été de mettre le Gouvernement face à ses responsabilités. Le président IBK a montré que les orientations c’est lui IBK, mais la bonne démarche, l’exécution concluante et la satisfaction des bénéficiaires est en grande partie la part de travail du Gouvernement. C’est donc clair pour ceux qui pensent qu’on peut devenir ministre et laisser le président en première ligne des attaques sur tel ou tel secteur, bénéficier des avantages, ne rien initier pour que ça marche et se dérober au moindre mouvement d’humeur. Est-ce la fin des ministres inactifs et improductifs ? L’avenir immédiat nous le dira.
Ali DIARRA