En franchissant la porte du salon, nous nous retrouvons nez à nez avec IBK. Confortablement assis à la table à manger, il s’apprêtait à plonger une cuillère en argent dans un gros plat de haricot, posé devant lui. Il nous regarde, sans bouger la cuillère. Nous le regardons, attendant de voir ce qu’il allait faire : manger le haricot, qu’il a toujours considéré comme la chose des Touré, ou le rejeter. Par peur de lire, à une du « palmipède déchaîné », un article intitulé « IBK déjeune avec du haricot sauté à l’ail » et des moqueries d’ATT, en route pour Bamako, il repousse, violement, le plat de haricot en ces termes : « qui a préparé cette chose des Touré dans ma maison ? Vous voulez me vendre à ATT ou merde ? », dit-il, nerveusement. Avant de nous faire signe de l’accompagner dans le petit salon, attenant à la salle à manger. C’est là qu’a lieu, pour la troisième fois, cette interview imaginaire. Ou presque. C’était, samedi dernier, aux environs de 12h30, à sa résidence privée de Sébénikoro.
Mr le président, vous avez toujours nié que vous adorez le haricot, au point d’en faire votre déjeuner favori. Mais aujourd’hui, on vous a pris la main dans le… plat.
N’allons pas vite en besogne. Ce que vous venez de voir n’est qu’une erreur de casting en cuisine. Je ne mange jamais de haricot, destiné à nos esclaves : les Touré. C’est « haram ». C’est mon cuisinier qui s’est trompé de plat. En voulant me rapporter mon déjeuner, il m’a rapporté ce que vous avez vu.
C’est notre présence qui vous a dissuadé, sinon vous vous apprêtiez à manger ce que vous appelez la « chose des Touré ».
Pas du tout ! Je voulais juste le goûter pour savoir quel goût il a. C’est tout. Ne me dis pas que tu as débarqué chez moi pour me poser des questions sur le haricot.
Mr le président, Emmanuel Macron, le président français, a annoncé, la semaine dernière, que « Kidal, c’est le Mali ; c’est l’Etat malien ». Vous a-t-il convaincu ?
La question n’est pas de savoir s’il m’a convaincu ou pas ; mais que cette annonce soit suivie d’acte concret. C’est ce que les Maliens attendent de lui et de moi. Pas autre chose.
Cette déclaration a provoqué la réaction du porte-parole de la CMA, qui a rétorqué que « le salut ne viendra ni de Ouaga, ni de Niamey, ni de Paris ».
Ces « gardiens de chèvres » peuvent raconter ce qu’ils veulent. Une chose est sûre : ils ont perdu toute crédibilité à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Même au sein de la communauté internationale, les leaders de la CMA sont considérés comme les alliés des groupes terroristes. A l’ONU, aussi. Ils sont rattrapés par les mensonges grotesques qu’ils ont répandus sur notre pays et son gouvernement sur les plateaux des chaînes de télévision françaises. Ils sont devenus la risée du monde.
Quand est-ce que Kidal retournera dans le giron malien ?
Rassurez-vous, ce n’est plus qu’une question de semaines. Kidal a toujours été malien. Et Kidal restera malien. Tous ceux qui refuseront de se faire à cette idée apprendront, à leurs dépens, le sol malien n’est ni à négocier, ni à vendre.
Donc, l’administration et l’armée seront à Kidal, parce que Kidal, c’est le Mali. Elles seront à Kidal, parce que les populations de la région réclament leur présence pour se soustraire du joug des « mercenaires libyens », dont elles sont les otages depuis sept ans.
Pourtant, les leaders de la CMA continuent de faire de la résistance comme de vieux Papy…
Ce n’est, ni plus, ni moins, qu’un baroud d’honneur. Après avoir roulé, des années durant, la communauté internationale dans la farine, ils ne peuvent pas lâcher prise du jour au lendemain aussi facilement. Sauf que, cette fois-ci, leur bluff a montré ses limites. La déclaration faite, la semaine dernière, sur Kidal en est la parfaite illustration. L’Etat malien sera bel et bien à Kidal, promesse du « Kankélintigui ».
Après leur changement de stratégie, les forces armées et de sécurité volent, désormais, de succès en succès, au point de semer le doute dans l’esprit des groupes djihadistes qui, dit-on, se cherchent.
C’est ce que nous attendions tous de nos forces de défense et de sécurité, après les mesures fortes que nous avions prises, de commun accord. Désormais, tout sera mis en œuvre pour que l’armée malienne soit dans les meilleures conditions de travail.
Il paraît que les djihadistes se rasent la barbe pour pouvoir passer inaperçus, preuve que la peur a changé de camp.
La peur a changé de camp depuis quelques semaines sur le terrain. L’armée a démantelé plusieurs camps de terroristes, neutralisé des centaines de djihadistes et saisis plusieurs stocks d’armes, de carburant et de provision. L’armée a privé les groupes djihadistes de leurs sources d’approvisionnement. Ce qui fait qu’aujourd’hui, ils se baladent comme des fous dans un cimetière.
Est-ce le même sort qui attend les leaders de la CMA, nourris et blanchis à l’hôtel ONOMO aux frais de la « Princesse » ?
Tôt ou tard, ils seront contraints de faire un choix : accepter que Kidal est malien, et dans ce cas que l’armée et l’administration malienne doivent y être présentes. Ou disparaître dans la nature, comme d’habitude. Les populations, qui sont tenues par les armes, n’ont jamais reconnu les leaders de la CMA comme leurs représentants.
C’est, d’ailleurs, pour cela qu’elles souhaitent le retour de l’administration malienne sur place, pour les protéger contre le diktat de ces mercenaires venus de nulle part. Nombre d’entre eux ne seraient pas maliens, ne parlent aucune de nos langues nationales.
Et s’ils veulent être reconnus comme tels, ils vont devoir le prouver.
Propos recueillis par Le Mollah Omar
Source: Journal Le Canard Déchainé
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