Le Mali est dans une situation d’impasse depuis des mois pour ne pas dire des années. De l’insécurité sur toute l’étendue du territoire national, le front social en ébullition, de la corruption, de l’injustice, … ce sont autant de maux qui pèsent sur le pays. Au lieu de trouver des vraies solutions à ces problèmes, on se livre à des guerres de personne. On a tendance à banaliser et personnaliser toutes les luttes, mêmes celles considérées comme les plus nobles. Immersion dans un pays ou la gouvernance rime folklore.
Pour les observateurs avertis, le moment est venu pour le peuple malien de songer réellement à la survie de la Patrie. Les gouvernants doivent comprendre qu’ils sont été choisis pour servir et non se servir et les gouvernés doivent savoir aussi qu’ils ont des droits, mais aussi des devoirs envers l’Etat. La priorité pour tout bon gouvernant, est d’amener son pays vers le progrès et son peuple vers le bonheur. Malgré les discours et les semblants de pratiques rassurant, les choses n’avancent pas trop pour espérer un avenir meilleur aux Maliens. Les gouvernants semblent s’occuper de tout, sauf l’essentiel. Dans sa stratégie de gérer les problèmes récurrents, ils se donnent à des méthodes peu orthodoxes.
Diviser pour régner
Les dernières années du premier quinquennat et le début du deuxième du régime IBK ont été émaillées par des luttes syndicales. Dans la plupart des cas, c’est l’Etat qui n’a pas honoré son engagement, d’où l’ébullition du front social. Au lieu de créer des vrais cadres de dialogue et trouver des vraies solutions pour éviter le chaos, le gouvernement s’adonne à la politique de division pour mieux régner !
Les exemples les plus récents étaient la grève de l’UNTM, des boulangers et pâtissiers, de l’organisation du meeting du Haut conseil islamique au Palais de la culture. Et à chaque fois, c’est des dizaines, voire centaines de millions de F CFA qui sont débloqués au profit d’une minorité pour réussir à casser les mouvements.
Accusé à tort ou à raison, on reproche à l’actuel chef du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maiga, d’être un maître d’orchestre dans ce domaine. Et qu’il se donne toujours les moyens pour y parvenir à son but. En tout cas, depuis son arrivée à la Primature, des fissures sont constatées dans presque tous les domaines et du coup, le front social ne faiblit plus.
De l’argent utilisé à mauvais escient
L’affaire de 50 millions de F CFA offerts au Haut conseil islamique du Mali comme “soutien” à l’organisation de son meeting, le 10 février dernier, confirme la dilapidation du denier public. L’argent utilisé pour soutenir des initiatives personnelles ou collectives voire pour semer la discorde au sein des syndicats ou autres groupements, peut servir à régler, minime soit-il, des points de multiples revendications pécuniaires que le gouvernement s’est engagé à honorer. Le cas des cheminots, en grève de faim depuis décembre 2018, pour non-paiement de plusieurs mois d’arriéré de salaire, en est un exemple illustratif. Au lieu de songer à honorer cette obligation du gouvernement, on se donne à des extravagances en offrant des millions pour soutenir des ” initiatives” sans résultat escompté. Par ces mauvaises utilisations du denier public, le pays ne ferait qu’assombrir.
Youssouf Coulibaly
Source: L’Indicateur du Renouveau