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Hommage : Le Tigre a toujours le dernier mot

Entre respect et méfiance ou crainte, Le Tigre ne laissait personne indifférent ! Toujours droit dans ses bottes, quels que soient les circonstances ou les menaces, il fut plus qu’un homme d’État. Il restera dans l’histoire du Mali contemporain comme «un homme droit, méthodique, et profondément discret». Oui, Soumeylou Boubèye Maïga (SBM) était de «ceux qui parlent peu, mais dont chaque geste, chaque regard, trace un sillage» et poser les balises pour que les générations futures ne se perdent jamais.

Véritable force de la nature, il avait cette étonnante capacité à rebondir chaque fois que ses ennemis pensaient avoir pris le dessus sur lui. Le Tigre n’est pas un phénix qui renaît toujours de ses cendres ! Mais, SBM surprenait toujours admirateurs et détracteurs par cette élasticité à rebondir à la fin de chaque aventure, de chaque expérience. Il incarnait et incarnera toujours cette puissante force éternellement invincible.

Sportif aguerri et intellectuel engagé, il incarnait à lui seul le long et difficile combat d’un peuple pour concrétiser l’une de ses profondes aspirations : la Démocratie ! Servir, s’oublier au profit de la patrie, n’a jamais été un vain mot pour lui. Et la raison d’Etat devait toujours s’imposer chez lui. L’excellence, l’efficacité, la compétence… étaient presque une obsession chez cet homme de devoir. Ce cadre compétent, ce «Grand commis» a constamment été animé de la même passion, de la même ardeur patriotique faisant de chaque acte posé un pas décisif de plus pour bâtir cette nation forte et juste à laquelle il a aspiré jusqu’à son dernier souffle.

«Le Tigre» Soumeylou Boubèye Maïga a suscité admiration, fascination, estime, respect, mais aussi méfiance, crainte et peur chez ceux qui espéraient toujours assister à sa chute, mais qui étaient contraints de devenir des spectateurs impuissants de son ascension vers des sommets inimaginables. Oui, malgré les coups bas et les peaux de banane ; malgré l’hypocrisie et la méchanceté gratuite, Le Tigre n’a jamais perdu sa vitalité pour rugir et bondir au-delà des limites fixées et espérées par ses détracteurs. Aussi tous les moyens ont-ils été autorisés pour «neutraliser» le redoutable félin de la scène politique malienne de l’ère démocratique. Y compris manipuler l’appareil judiciaire à la transparence et à l’équilibre duquel il croyait profondément comme à son propre destin ! Un destin qu’il a eu le courage de confier à la justice qui, hélas, n’a pas hésité à le trahir.

«Je suis convoqué demain à la Cour suprême. J’irai répondre, mais rassurez-vous, le dossier a été jugé et classé. J’ai toute la documentation. J’irai répondre, car je ne me reproche rien», avait-il en effet confié à des proches après avoir reçu sa convocation. A la surprise générale, SBM ne retrouvera plus la quiétude de sa demeure car il a été placé sous mandat. Et la suite est connue de toute la République, de tout l’Afrique, de toute l’humanité ! Patrice Lumumba, Modibo Kéita, Thomas Sankara, Mouammar Kadhafi, Kennedy… Etre trahis semble être un destin commun aux Grands hommes. Est-ce parce que, comme le disait (dans Valeurs) Mihail Ralea (philosophe, sociologue et diplomate roumain /1896-964), «la naïveté est la grâce des grands hommes» ? Certainement qu’ils finissent par croire que tout le monde à la même grandeur d’esprit et la même notion de la loyauté et de l’intégrité qu’eux ! Hélas !

Ils l’ont privé de sa liberté, mais il n’a jamais abdiqué dans ses convictions. On l’a condamné sans jugement à des geôles scélérates sans jamais réussir à abattre Le Tigre qui somnole en lui ! Le temps de se réjouir de sa mort a été de courte durée. Ceux qui ont applaudi dans l’ombre sont aujourd’hui encore rongés par leur haine qui risque aussi de les consumer jusqu’au dernier souffle. Et sa mémoire va les hanter jusque dans la tombe. Et ils vont se morfondre dans le regret du mal imposé à un homme parce que juste il était d’un destin exceptionnel !

Finalement, SBM était devenu si embarrassant qu’ils n’ont trouvé un autre moyen de se débarrasser de lui que de lui refuser des soins légitimes auxquels les condamnés ont droit, à plus forte raison un Grand serviteur de la République encore dans les liens de la présomption d’innocence. En République de Guinée, le Général Mamadi Doumbouya n’a pas hésité à gracier (par décret signé le 28 mars 2025) Moussa Dadis Camara (ex-président de la transition) pour raison de santé. Ce dernier avait pourtant été reconnu coupable de crimes contre l’humanité par le tribunal criminel de Dixinn qui l’avait condamné à 20 ans de prison le 31 juillet 2024.

Le tribunal l’avait jugé responsable des exactions commises par les forces de l’ordre lors de la répression sanglante de la manifestation contre sa candidature à la présidence le 28 mars 2010. Mais, le Général Doumbouya n’a pas hésité à le gracier pour des raisons de santé, donc humanitaires, comme pour prouver que son procès n’avait pas pour but de le brimer, le briser ou de l’humilier, mais répondait à une quête de justice, de vérité… Sous nos cieux, on a refusé des soins adéquats à un présumé innocent jusqu’à  ce que mort s’en suive !

Soumeylou a perdu le seul combat qu’aucun mortel n’a encore gagné. Mais, Le Tigre est plus que jamais vivant. Son nom continue à faire trembler ceux qui pensaient en avoir fini avec lui. Ceux par la faute de qui il est mort, faute de soins appropriés, ne pourront plus lui faire aucun mal car, après la mort, il n’y a plus rien à lui infliger. Ils doivent vivre avec leur haine, leur conscience surchargée et leur honte toute leur vie !

La mort de SBM continue de heurter aussi la conscience de ceux d’entre nous qui ont brillé par leur silence coupable, voire leur indifférence face à l’acharnement judiciaire dont la vraie motivation n’était qu’un secret de polichinelle.

Au finish, comme toujours, Le Tigre a le dernier mot !

Ils ont voulu l’enterrer en oubliant qu’il est une graine exceptionnelle à la germination facile. Ainsi, l’homme de conviction est parti, mais la référence reste, le modèle demeure comme repère pour guider les futures générations en témoignant de ce qu’est l’engagement patriotique. Invincible parce que l’homme ne s’avouait jamais vaincu quand il s’agissait de défendre la patrie ou ses fortes convictions, voire les valeurs.

Invincible ! Seule la mort pouvait venir à bout de sa force mentale, de sa force de caractère, de sa capacité de s’adapter pour ne jamais perdre le contrôle de son destin. Et même sa victoire est relative, car Soumeylou est plus que jamais immortalisé par son combat, ses valeurs, ses principes et ses convictions.

Le Tigre a toujours le dernier mot car, comme l’a écrit Euripide (l’un des trois grands tragédiens de l’Athènes classique), «le temps n’efface pas la trace des grands hommes» !

Moussa Bolly

Source : Le Matin

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