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Hervé Ladsous à Bamako: les adieux d’un diplomate controversé

En visite de deux jours dans notre pays, au terme de son service auprès de l’Organisation des Nations Unies à la fin du mois en qualité de Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a fait samedi ses adieux aux autorités du pays. Un personnage controversé qui aura marqué les esprits dans notre pays tant par ses prises de position que par sa partialité sur certaines questions de l’histoire récente du pays.

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Tout est bien qui finit bien a-t-on coutume de dire. Après six bonnes années d’exercice en qualité de Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, le français Hervé Ladsous, quittera définitivement son poste à la fin de ce mois. Il va céder sa place à son compatriote Jean-Pierre Lacroix, dont la nomination par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pour une durée d’un an dans un premier temps.
Actuellement, Directeur des Nations Unies, des organisations internationales, des droits de l’homme et de la francophonie au ministère des Affaires étrangères de la France, et ce, depuis 2014, M. Lacroix, arrive à ce poste avec 25 années d’expérience politique et diplomatique, en qualité de ministre plénipotentiaire, notamment dans le domaine des organisations multilatérales et des activités et programmes des Nations Unies.
Il était auparavant Ambassadeur de France en Suède (2011), Chef du protocole de la France (2009-2010), Représentant permanent adjoint de la France auprès des Nations Unies à New York (2006-2009), Directeur adjoint de la Division des Nations Unies et des organisations internationales du ministère des Affaires étrangères (2002-2006), deuxième conseiller et Chef adjoint de mission à l’ambassade de France à Prague (1998-2002), premier secrétaire puis deuxième conseiller à l’ambassade de France à Washington (1995-1998), Conseiller au cabinet du Premier ministre (1993-1995) et Premier Secrétaire à la Mission permanente de la France auprès des Nations Unies à New York (1990-1993).
Jean-Pierre Lacroix prendra ses fonctions le 1er avril 2017.
En entendant, son prédécesseur, Hervé Ladsous, qu’il accompagnait d’ailleurs, était samedi dans notre capitale dans le cadre de sa visite de deux jours au Mali. Le très controversé diplomate français entendait faire ses adieux aux plus hautes autorités du pays au terme de son service auprès de l’Organisation des Nations Unies à la fin du mois. Ce séjour à pas de charge, a été l’occasion pour M. Ladsous, d’échanger avec le Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA, des membres du gouvernement, dont le ministre des Affaires étrangères, de la coopération internationale et de l’intégration africaine, Abdoulaye DIOP ; le ministre de la Sécurité et la protection civile, Général de Brigade Salif Traore ; le ministre de la Décentralisation, de la réforme de l’État et de l’Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf, ainsi que le Haut Représentant du Président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, Mahamadou Diagouraga.
Cet ultime déplacement au Mali du Chef du département des opérations de maintien de la paix s’effectue dans un contexte différent de celui de sa visite au Mali du 28 avril au 2 mai 2016. Nous sommes à cette époque à la veille du renouvellement du mandat de la MINUSMA (juin 2016) par le Conseil de Sécurité des Nations Unies.
En ce moment, celui qui ne ratait aucune occasion pour épingler notre pays et accusait ses responsables d’être à la base des lenteurs dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix, avait abordé avec le chef de l’État d’un nombre de projets qui s’inscrivaient dans le cadre de la continuité pour les Nations Unies à renforcer son accompagnement en faveur du Mali, notamment de continuer à investir dans les moyens de protection contre les attaques asymétriques, les bombes, les mines, des nouveaux moyens technologiques, des nouvelles unités spécialisées, la coopération dans les échanges d’informations et puis très important, la posture sur le terrain. Dix mois après, beaucoup d’eaux ont coulé sur le sable mouvant des régions du Nord.
Actuellement, des avancées notables sont réalisées dans la concrétisation de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, entre autres le démarrage de la mise en place des autorités intérimaires dans plusieurs localités du Mali, les patrouilles mixtes, la tenue prochaine de la conférence d’entente nationale, mais et surtout l’assurance des populations quant au retour de l’administration dans les localités du septentrion du Mali, la restauration de l’État de droit malien, dans toutes ses prérogatives, dans le contexte d’une recrudescence de l’action des forces négatives, le terrorisme, le djihadiste.
Voilà pourquoi au cours de son entretien, le samedi, le locataire de Koulouba, M. Ladsous a rendu un vibrant hommage au Chef de l’État pour ses efforts sans relâche visant à assurer une paix et une stabilité durables au Mali, avant de faire un tour d’horizon sur l’état d’avancement du processus de paix.
Aussi ses rencontres avec les ministres ont-elles permis d’échanger sur le processus de paix et les défis à relever, notamment dans le domaine sécuritaire. M. Ladsous a tenu à remercier les responsables maliens pour leur coopération constructive et soutenue à la MINUSMA dans le cadre de l’accomplissement de son mandat.
Si Hervé Ladsous fut comme les uns un ami engagé et fidèle pour la paix, la réconciliation et le développement du Mali, il aura été, selon d’autres, ce personnage qui a marqué les esprits tant par ses prises positions qui heurtaient le sentiment national.
L’on se souviendra d’un message hors contexte du secrétaire général de l’ONU lu par M. Hervé Ladsous, chef des opérations de maintien de la paix lors de la cérémonie solennelle de signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation à Bamako en mai 2015.
En effet, dans un message tiré du pur style paternaliste, le SG de l’ONU estime, pour ne pas enjoindre au Mali, 4 choses indéfendables et inacceptables : poursuivre la négociation en dépit de la signature avec les rebelles (sur leurs exigences séparatistes ?) ; respecter le cessez-le-feu dont il impute la violation à toutes les « parties » avec interdiction ferme au Mali de profiter de l’accord pour s’attaquer à ceux qui ne l’ont pas encore signé ; laisser à la CMA le temps et le plaisir de décider de signer l’Accord ; et enfin, et pour ce faire, penser à aménager quelques souplesses et flexibilités dans la mise en œuvre de l’Accord pour manager les caprices de ceux qui refusent de signer.
Il était du devoir du président du Mali, au nom du Mali et de la dignité de son peuple, de donner suite à ces exigences des Nations unies pour ne pas les entériner devant la Nation et le Monde réunis, ce vendredi au CICB. Aussi, laissant son discours, plein de gratitude et de reconnaissance, à côté, le président IBK, rompu dans le grand art oratoire, a laissé parler son cœur, de Malien, pour parler, au nom des Maliens, et dire à l’ONU les quatre vérités du Mali.
« (…) Le peuple malien et le Mali méritent plus d’égard et de respect. Nous ne sommes pas des gueux ! Jamais le peuple malien n’avait manqué à ses engagements ni commis une entorse dans les relations internationales. Nous sommes un pays tolérant, mais pas lâche, le Mali ne demande que son dû, ni plus ni moins… ».
Une intervention historique qui lave l’honneur souillé de la Nation et restaure la dignité du peuple malien.
Mais très vite, cet épisode triste dans les relations entre notre pays avec la Minusma s’est vite refermé avec cette autre sortie du président IBK lors du lancement de la journée du paysan à Samanko.
« Je ne voudrais pas que nous nous trompions, que personne ne s’y méprenne, le rôle de la Minusma est un rôle important, un rôle difficile, un rôle délicat. Certains pensent que la Minusma est là pour lutter contre les rebelles, non ! Telle n’est pas sa mission, telle n’est pas son mandat. Elle est là pour nous aider à stabiliser et à réconcilier le pays. C’est donc une mission difficile.
… Dans l’histoire des Nations Unies, je ne connais aucun théâtre sur lequel, les forces des Nations Unies, les Casques bleus ont perdu autant d’hommes et ont subi autant d’agressions. Vous avez vu ces bombes placées, ces pièges d’un autre âge pour des hommes qui sont venus pour aider à la paix dans notre pays, ils ont été victimes. Donc, ne nous trompons pas, la Minusma n’est pas l’ennemie du Mali, elle n’est pas l’ennemie du Mali. Il faut qu’on le comprenne et que nous aidions ces fils d’Afrique, d’Europe et du monde entier venus pour nous aider.
… Nous nous inclinons avec piété sur sa mémoire et nous souhaitons vraiment que ces violences, à l’endroit des hommes de la paix, puissent cesser. Je le dis encore une fois, n’écoutez pas les gens qui pourraient vous dire, ce sont ceux-là nos ennemis, ce n’est pas vrai, ils sont là pour nous aider à avoir la paix entre nous ici, à nous réconcilier et c’est leurs devoirs, c’est leur mission et ils s’en acquittent du mieux qu’ils peuvent ».

Par Mohamed D. DIAWARA

 

Source: info-matin

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