Le Mali serait en train de prendre en main son destin sécuritaire. C’est du moins ce que tend à démontrer une étude, celle de l’Institut de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), qui a enquêté sur l’évolution des dépenses militaires en Afrique subsaharienne. Le Mali est le pays africain qui enregistre le plus grand bond dans ses dépenses militaires : une augmentation de 275 millions de dollars depuis trois ans.
L’on ne peut qu’applaudir des deux mains une telle nouvelle. Surtout en ces temps d’austérité, où tout semble prioritaire. En proie à une insécurité chronique, mais aussi et surtout, au péril de l’extrémisme violent, une telle hausse des dépenses militaires (plus de 152%) ne peut être que salutaire pour les FAMa. Les résultats de cette étude, publiée en début du mois de novembre, ont très peu été commentés dans la presse locale.
Mais, en observateur averti de la gouvernance du Mali que nous sommes, nous tirons déjà la sonnette de la vigilance. Car, même s’il faut se réjouir d’un tel fait d’armes de nos autorités, rappelons juste que dans ce pays, les vieux démons ont la vie dure. Le passé de nos turpitudes n’est jamais très loin surtout lorsque des sommes pharaoniques d’argents circulent. Sous le mandat d’ATT, de 2002 à 2012, le budget de la défense avait connu une hausse exponentielle de 200% (près de 897 milliards de FCFA). Ce n’est donc pas la première fois que le Mali connait un tel bond en matière de défense. Et, lorsque l’on prend en compte les revers militaires subis durant la même période, l’on se demande bien où sont passés tous ces milliards. Sûrement pas dans l’armement de nos troupes.
Il est évident que le secteur de la défense du Mali mérite tous les égards eu égard à la monumentale tâche de sécurisation du pays. Mais, la transparence, clé de voute pour la réussite de tout projet de gouvernance, doit être le mot-maitre. Pour le moment, point d’inquiétude à avoir puisque la même étude du Sipri argue que les pays de l’Afrique subsaharienne font preuve d’un haut degré de transparence concernant l’argent qu’ils consacrent à leur défense. Une bonne nouvelle qui doit se concrétiser en de véritables résultats sur le terrain.
Et si la récente neutralisation du terroriste Amadou Kouffa et d’une dizaine de ses éléments en était déjà la directe résultante ?
En tous cas, cet effort de la guerre de la part de l’Etat malien doit se pérenniser et doit aller de pair avec la formation des ressources humaines composant les FAMa. Un bon réarmement moral et matériel de la grande muette malienne plus une formation digne de ce nom, voilà le cocktail explosif que doit concocté le pays pour sa survie.
Ahmed M. Thiam
Source: Infosept