Conseiller du secrétaire général du Mouvement national de libération de l’Azawad, Hama Ag Sid’Ahmed annonce au site d’informations Sputnik qu’il n’y a aucun contact officiel entre les militaires auteurs du coup d’État contre Ibrahim Boubacar KEITA et son mouvement. Si la période de transition politique devait perdurer, il estime que les Touaregs pourraient exiger l’instauration d’un système fédéral.
En renversant le Président Ibrahim Boubacar KEITA, le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), instance dirigée par le colonel Assimi GOITA, pourrait bloquer le processus de l’Accord pour la paix et la réconciliation ratifié en 2015 à Alger entre l’État malien et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui réunit les groupes issus de l’ex-rébellion touareg signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Hama Ag Sid’Ahmed est le conseiller spécial chargé des affaires politiques auprès du secrétaire général du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), principale organisation membre de la CMA. Dans une déclaration à Sputnik, il indique qu’à l’heure actuelle, n’y a aucun contact avec les auteurs du coup d’État du mardi 18 août. Pessimiste, il estime que le processus politique promis par les putschistes retardera la mise en œuvre de l’Accord pour la paix.
Pour Hama Ag Sid’Ahmed «il n’y a pas de contact officiel entre la CMA et les putschistes. Ils se sont engagés à respecter les accords d’Alger, mais je ne pense pas qu’ils puissent faire autrement. Cependant, nous savons que la transition politique retardera l’application du traité de paix passé entre les Touaregs et Bamako. D’après leur feuille de route, il y aura de nombreuses concertations ainsi que des conférences nationales pour l’élaboration d’une nouvelle Constitution. Il faudra au moins près de deux ans pour revenir à la légalité. D’ici là, il ne se passera rien».
Jours sombres
Ce responsable touareg, membre influent de la rébellion touareg depuis les années 1990, prédit des jours sombres pour Bamako. Selon lui, ce coup d’État risque de fragiliser le Mali, qui reste fortement dépendant de l’aide financière internationale.
Selon Hama Ag Sid’Ahmed, «le départ précipité d’Ibrahim Boubacar KEITA ne va rien arranger, nous craignons même que cela ne constitue une brèche vers plus d’instabilité. Toutes les subventions des partenaires extérieurs seront bloquées. Ce putsch était prévisible, il était en gestation depuis quelques mois. D’ailleurs, un autre coup d’État militaire avait été avorté il y a quatre mois».
L’avenir reste donc incertain pour Bamako. La direction du MNLA semble se préparer à toute éventualité. Il est encore trop tôt pour dire si les rebelles de l’Azawad participeront au processus politique de révision constitutionnelle que s’engagent à mettre en œuvre les militaires du CNSP.
Le conseiller spécial du secrétaire général du MNLA pour les affaires politiques, Hama Ag Sid’Ahmed avertit : «le pays est très divisé en ce moment et si la situation perdure, les Touaregs pourraient réclamer un système fédéral qui pourrait correspondre au Mali d’aujourd’hui». La communauté internationale a un rôle majeur à jouer en conservant l’aide au Mali, en soutenant les parties signataires de l’Accord d’Alger afin de maintenir le processus de réconciliation et en continuant à lutter activement contre le terrorisme.
Les tensions politiques à Bamako ne doivent pas faire oublier la crise sécuritaire qui sévit au nord et au Centre du pays. Hélas…
On se rappelle pourtant qu’avant-hier dans son communiqué N°11 la CMA (auquel appartient le MNLA) avait rappelé à l’opinion nationale et internationale son attachement à la construction d’une résolution globale de toutes les crises qui entravent la bonne marche du pays, et surtout la mise en œuvre intégrale et diligente de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger avec l’accompagnement de tous les partenaires internationaux.
Pour sa part, les militaires qui ont renversé le Président IBK avaient, dans leur première déclaration, affirmé leur volonté d’appliquer l’Accord et inviter les responsables de la CMA et de la Plateforme à les rejoindre pour la mise en œuvre efficiente de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
Source : INFO-MATIN