Arrêtés pour des délits du genre désertion ou violation des consignes, cinq militaires guinéens, dont l’ex-chef d’état-major des armées, le général Nouhou Thiam et le colonel Sadou Diallo, sont privés de liberté, sans jugement depuis juillet 2011, suite à la présumée attaque du domicile privé du président guinéen Alpha Condé. Ils doivent être jugés normalement par un tribunal militaire qui n’existe pas encore en Guinée d’où leur longue détention -trente mois- qui agace leur conseil.
Maître Mohamed Traoré, l’un des avocats de la défense des intérêts des prévenus, fait état de son impuissance à connaître le sort réservé à ses clients. « Aujourd’hui, il y a une atteinte grave à leur droit à être jugés dans un délai raisonnable. Nous lançons un appel à l’Etat, afin qu’il prenne ses responsabilités pour que ces officiers-là soient jugés et que chacun d’entre eux soit fixé sur son sort ! »
Le porte-parole de la justice guinéenne, interrogé par RFI, apporte des précisions sur le blocage de la procédure. « La loi a prouvé l’existence d’un tribunal militaire, explique Ibrahima Béavogui. Ce tribunal militaire n’est pas constitué, même si aujourd’hui la formation des juges militaires est terminée, mais il n’y a pas encore de décret pour nomination du président, par exemple du tribunal militaire, du procureur militaire, etc. »
Une détention illégale
La détention des militaires est longue et illégale, selon les défenseurs des droits de l’Homme. « Aujourd’hui on a arrêté ces gens auxquels on avait collé un certain nombre de délits. Quand cela n’a pas marché, on a réorienté vers la désertion et l’insubordination. Et maintenant on est en train de tergiverser sur la mise en place du tribunal militaire qui devrait les juger » s’indigne Abdoul Gadiri Diallo de l’OGDH, l’Organisation guinéenne des droits de l’homme.
rfi